Le collectif «Des nouvelles de Ta Mère» – Bible urbaine

Littérature

Le collectif «Des nouvelles de Ta Mère»

Le collectif «Des nouvelles de Ta Mère»

Ici le délire est presque partout

Publié le 17 novembre 2015 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : Les Éditions de Ta Mère

Tout amateur de littérature québécoise émergente devrait avoir dans sa bibliothèque au moins une parution des Éditions de Ta Mère, un regroupement de jeunes personnes audacieuses offrant de la littérature «qui ne sent pas toujours la rose». Ils sont très actifs dans le milieu, chapeautent des auteurs exceptionnels de la relève, et leur ligne éditoriale, autant que leurs choix graphiques, sont uniques dans notre paysage littéraire pourtant très riche.

Ils lancent parfois des ouvrages collectifs, et celui qui nous intéresse aujourd’hui, Des nouvelles de ta Mère, rassemble des textes absurdes, souvent humoristiques, écrits par divers collaborateurs sans thématique commune. Le format «carte blanche» déboule parfois sur un manque de cohésion, mais ici le délire est presque partout, et on tombe par moments dans le très éclaté.

On a droit, entre autres, à une tirade très drôle sur les selfie sticks; le récit d’un coup de foudre entre une jeune femme et un homard; une discussion féministe sur Taylor Swift et son œuvre; une bande dessinée sur la nouvelle carrière d’Éric Lapointe; et un «texte caché» qui recense les «jeux de boisson» favoris de la rédaction.

Il y a trois contributions qui, selon moi, sortent du lot. Deux ex attentat de Daniel Grenier raconte de façon dramatique et très maîtrisée l’impact d’une attaque terroriste qui a lieu immédiatement après un crime passionnel. Ça sert à quoi de faire le jihad si personne le voit est une courte pièce de théâtre de Jean-Philippe Baril Guérard, qui souligne à sa façon l’absurdité du djihadisme, en proposant un dialogue savoureux entre deux aspirants terroristes.

Et finalement, Le festival a-t-il eu lieu – Journal de bord gonzo de Simon Laperrière nous propose un regard mordant et trash sur les péripéties festivalières du narrateur, qui assiste (ou pas) au Festival de Cannes de façon parallèle, outrageuse, intoxiquée, en étant complètement désintéressé par ce qui s’y passe, son seul but étant la consommation d’alcool et de stupéfiants et, pourquoi pas, quelques séances de copulation qu’il oubliera immédiatement. Pour réussir un texte gonzo, il faut le bon ton et les bonnes idées, et Laperrière tombe pile.

Les 141 petites pages que dure ce recueil s’envolent en un clin d’œil et, au final, c’est presque trop court. Il faut saluer la qualité de la sélection et avouer qu’on en aurait pris un peu plus. En examinant la liste des livres déjà publiés chez Ta Mère, on se surprend à vouloir en apprendre plus et à visiter aléatoirement ce catalogue qui semble, ma foi, proprement extraordinaire.

Tenez-vous au courant de leurs projets en suivant leur page Facebook ou en visitant leur site web.

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début