«Le Meilleur de l’art» d’Andy Pankhurst et Lucinda Hawksley aux éditions Hurtubise – Bible urbaine

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«Le Meilleur de l’art» d’Andy Pankhurst et Lucinda Hawksley aux éditions Hurtubise

«Le Meilleur de l’art» d’Andy Pankhurst et Lucinda Hawksley aux éditions Hurtubise

Découvrir ou redécouvrir à travers une autre loupe analytique

Publié le 27 octobre 2014 par David Bigonnesse

Crédit photo : Hurtubise

Comment la femme représentée dans cette toile exprime-t-elle un tel érotisme? Pourquoi le mouvement dans ce tableau réussit-il à capter le regard du spectateur? Que symbolise cet effet de répétition de l’objet au cœur de l’œuvre? Ces questions, aussi simples ou aussi poussées soient-elles, surgissent dans la tête de tous les regardeurs devant une création visuelle. Il y a de multiples interprétations que l’on peut faire d’un chef-d’œuvre, mais Le Meilleur de l’art d’Andy Pankhurst et Lucinda Hawksley propose un zoom sur 80 chefs-d’œuvre choisis. Expliquer pour mieux fasciner quoi.

Subjectifs ils sont, bien sûr, ces 80 chefs-d’œuvre retenus par les auteurs de cette édition en langue française de l’ouvrage publié chez Hurtubise. Les férus d’art crouleront sous les images mentales de sculptures et peintures que l’on aurait pu ajouter lorsqu’ils tourneront les pages du Meilleur de l’art. N’empêche, l’analyse, en fait les textes rédigés dans un style simple sans être simpliste, valent la peine d’être explorés. Le lecteur néophyte apprend des choses autant que l’amateur d’art visuel.

L’idée centrale de ce livre, c’est-à-dire voir des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art à travers des thématiques bien particulières, s’avère fort intéressante. Dix catégories sont déclinées: l’expression, la beauté, le récit, le drame, l’érotisme, le réalisme, la forme, le mouvement, la déformation ainsi que le symbolisme. Bien entendu, les œuvres présentées pourraient en outre se retrouver dans une autre catégorie, selon un autre point de vue.

Ce qui donne, à titre d’exemples, l’explication de l’«instant» d’Impression, soleil levant (1872) de Claude Monet à travers le prisme de la beauté, l’inévitable «rang social» dans Mr. et Mrs. Andrews (v. 1750) de Thomas Gainsborough dans la catégorie du récit ou le caractère «primitif» des Demoiselles d’Avignon (1907) du célèbre Pablo Picasso dans une perspective de déformation.

Chaque œuvre est présentée de la même manière, soit la page de gauche contenant l’image de la création, et à droite, le titre et l’auteur de celle-ci en plus des encadrés d’information sur le processus de création, le sens de ce qui s’y trouve, son lien avec le thème choisit, une citation toujours éclairante de l’artiste, d’un critique, historien ou autre figure importante gravitant autour de l’univers de l’artiste. À la fin de l’ouvrage, on fait un mini portrait de tous les artistes dont les œuvres ont été expliquées à travers les pages, en plus d’une chronologie.

Grâce au travail des auteurs Andy Pankhurst et Lucinda Hawksley, on découvre que la beauté d’un personnage féminin s’exerce même lorsque celui-ci a trois vertèbres de trop, en référence à La Grande Odalisque (1814) de Jean Auguste Dominique Ingres. La réalité dans l’art n’est pas nécessairement la réalité que l’on croit ou que l’on veut. La vision du créateur prime, mais l’incarnation de la beauté s’y trouve tout de même. Dans un autre ordre d’idées, le travail de perspective de La Sainte Trinité (1425-1427) fascine le lecteur plongé dans la toile. Le réalisme est frappant. «C’est l’une des plus belles images de la Renaissance – aucune forme dans l’espace d’un réalisme si probant n’a été faite depuis l’Antiquité», indiquent les auteurs dans la présentation de la peinture de Masaccio.

Par ailleurs, l’ouvrage est réalisé dans un format intéressant et pratique avec une mise en page aérée; les détails des images sont bien rendus dans le livre. Il est en outre intéressant de voir certaines créations moins connues du public. Autoportrait à l’âge de 13 ans d’Albrecht Dürer (1484), Le Rêve de la femme du pêcheur (1814) d’Hokusai et Étude d’un tronc d’orme (v. 1821) de John Constable en font partie. La Joconde (1503-1506) de Léonard de Vinci, La Création d’Adam (1508-1512) de Michel-Ange ainsi que Le Cri (1893) d’Edvard Munch, pour ne nommer que celles-ci, résonnent davantage dans les repères visuels de la collectivité.

Petit élément à soulever, le lecteur aurait pu avoir une légende expliquant les diverses indications visuelles qui nous éclairent sur l’œuvre. À titre d’exemple, le petit + en bas de la page semble nous proposer d’autres titres d’œuvres qui s’apparentent à celle analysée (certaines sont présentées d’ailleurs dans le livre). On comprend qu’il y a des similitudes formelles ou thématiques entre les deux trois autres œuvres nommées, mais quels sont les véritables liens? Inspiration? Référence? En tapant le titre de l’œuvre dans un moteur de recherche, on saisit les liens en voyant les images de la sculpture ou de la toile. Peut-être est-ce justement une façon d’aiguiser notre curiosité.

Au final, un ouvrage général, mais spécifique à la fois sur l’art, qui fouille juste assez pour mettre en lumière les zones méconnues d’une œuvre sous un angle défini. On ne refuse jamais d’enrichir notre banque de références créées dans le domaine des arts visuels, puisqu’il s’agit d’une occasion assez rare dans notre quotidien…

«Le Meilleur de l’art» d’Andy Pankhurst et Lucinda Hawksley, Éditions Hurtubise, 2014, 224 pages, 19,95 $.

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