«Millénium 4 - Ce qui ne me tue pas» de David Lagercrantz – Bible urbaine

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«Millénium 4 – Ce qui ne me tue pas» de David Lagercrantz

«Millénium 4 – Ce qui ne me tue pas» de David Lagercrantz

Fallait-il suivre les traces de Stieg Larsson?

Publié le 25 septembre 2015 par Éric Dumais

Crédit photo : Actes Sud

La pression qu’a dû vivre l’auteur et journaliste suédois David Lagercrantz le 27 août dernier, jour de la sortie mondiale d’un des livres les plus attendus de la rentrée culturelle, devait être équivalente à celle de René Lévesque le jour du référendum en 1980. Celui qui a eu le défi de suivre les traces du défunt Stieg Larsson, créateur de la désormais célèbre saga Millénium, a réalisé l’impossible en mettant le point final à un tome 4 que plusieurs fanatiques n’auraient jamais espéré lire, et que d’autres, moins fébriles, renieront avec détermination et obstination. La question qui tue reste toutefois: fallait-il suivre les traces de Stieg Larsson?

«C’était impossible de résister. Depuis le livre sur Zlatan Ibrahimovic, je n’ai cessé de recevoir des propositions, mais aucune ne m’avait vraiment accroché. On a évoqué l’idée, et une fois le choc initial passé, je n’ai plus eu qu’une hâte: m’y mettre. Je ne me souviens pas avoir été aussi à fond, et je dois ajouter, terrifié», avoue Lagercrantz, 52 ans, dans une entrevue accordée à son éditeur, Actes Sud.

Et il y avait de quoi: vendues à plus de 80 millions d’exemplaires, les aventures de Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander ont attiré les curieux des quatre coins du globe, et la saga autour de la business «Millénium», laquelle a particulièrement dégoûté la veuve de l’auteur, décédé en 2004, n’a pas particulièrement aidé le présent écrivain dans sa décision. Mais il a fini par accepter, et force est d’admettre qu’il a certes livré la marchandise.

«Ce qui ne me tue pas rend plus fort» – Nietzsche

Rien ne va plus pour la revue Millénium; les temps sont durs pour la presse d’investigation, et l’un des piliers dans ce domaine, Mikael Blomkvist, se voit fustigé et traité d’has been par ses détracteurs dans les plus grands quotidiens suédois. Mais voilà qu’un évènement tragique va secouer les services de renseignement des États-Unis et, du même coup, ressembler à ce scoop du siècle tant espéré qui pourraient permettre à Erica Berger et son équipe d’enfin faire bonne figure: le professeur Frans Balder, un éminent chercheur spécialisé dans le domaine de l’intelligence artificielle, lequel avait des informations sensibles à révéler, a été sauvagement assassiné dans sa demeure devant les yeux terrifiés de son fils autiste, avant même d’avoir pu ouvrir la bouche.

Qu’avait-il donc à confier à Blomkvist le soir fatidique où il est décédé? Qui sont ces assaillants, qui ont pris soin de confisquer son ordinateur portable ce soir-là? Et pourquoi ce dernier, dans la Silicon Valley, avait-il été en contact avec Lisbeth Salander?

Larsson s’était attiré les louanges pour son style d’écriture accrocheur, la psychologie étoffée de ses personnages, et l’amalgame intelligent d’histoires parallèles servant à dynamiser son suspense et à faire mourir d’angoisse ses lecteurs. David Lagercrantz, dont la plume a trempé dans le journalisme et le récit biographique, n’offrait aucune promesse de réussite, mais il a pourtant excellé à faire de ce tome 4 un page turner qui force son lecteur à le dévorer d’un bout à l’autre.

Il est évident que l’auteur n’a pas réussi à reproduire au mot près tout l’art du suspense mis sur papier par Larsson dans ces trois tomes; il est plus évident encore que les personnages, par moments, semblent manquer de substance, de personnalité, mais Salander n’est-elle pas la hackeuse dont l’âme est la plus torturée et froide sur Terre? Difficile, donc, de la rendre plus humaine qu’elle ne l’est réellement.

Il reste que Millénium 4 – Ce qui ne me tue pas est une suite qui a permis à la maison d’édition suédoise, alors au bord du gouffre de la faillite, de reprendre du service, et que ce nouveau roman n’a pas fait l’unanimité dans la famille du défunt. Certes, il y a des dommages moraux et pécuniaires autour de cette suite, mais au-delà de cela, les amateurs de polars sauront y trouver leur plaisir jusqu’à la toute dernière page, même si l’histoire multiplie de nombreuses descriptions inutiles et certaines péripéties qui peuvent tremper dans la prévisibilité par moments.

Quant à savoir s’il y aura un tome 5 à paraître, rien n’est impossible, surtout s’il y a de l’argent en jeu!

Le «Millenium Tour» pour les passionnés

Par ailleurs, saviez-vous que le «Millenium Tour» d’une durée de heures existe réellement? Pour ceux qui souhaitent avoir une idée de voyage culturel au départ de Montréal, il vous est possible de parcourir l’île de Södermalm, de passer par Bellmansgatan, les bars et cafés énumérés par Larsson, et bien sûr l’appartement de Lisbeth Salander. Plus d’info ici au www.visitsweden.com/millenium.

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