«Minuscule» d’Andrew Kaufman: faites attention aux cambrioleurs! – Bible urbaine

Littérature

«Minuscule» d’Andrew Kaufman: faites attention aux cambrioleurs!

«Minuscule» d’Andrew Kaufman: faites attention aux cambrioleurs!

Publié le 2 octobre 2012 par Éric Dumais

Quelle serait votre réaction si, comme Gregor Samsa dans La métamorphose de Kafka, vous vous retrouviez transformé non pas en cancrelat mais en bonhomme de neige? Et si vous vous mettiez à rétrécir d’une douzaine de millimètres chaque nuit, exactement comme dans la comédie désopilante Honey, I Shrunk the Kids, que feriez-vous exactement? Plongez au cœur de l’existence de treize personnages tout aussi farfelus les uns que les autres dans le conte pour adultes Minuscule d’Andrew Kaufman.

Né à Wingham, en Ontario, l’auteur torontois Andrew Kaufman a créé, avec Minuscule, une fable originale et magnifiquement illustrée au sein de laquelle treize personnages voient leur vie chamboulée en ce 21 février à la succursale 117 de la British Bank of North America.

Le cambrioleur, qui arborait un excentrique chapeau violet, a fait son entrée dans la banque torontoise sans crier gare et solidement armé d’un pistolet. Attirant l’attention générale par la brusquerie d’un coup de feu tiré aveuglément au plafond, l’intrus a rapidement prononcé son vœu: «… je n’exigerai qu’une seule chose de chacun de vous: l’objet présentement en votre possession qui a la plus grande valeur sentimentale.» C’est donc à tour de rôle que clients et employés se sont exécutés en se délestant de l’objet qui comptait le plus pour eux. Mais, hélas!, ce n’était pas tout: «En sortant d’ici, je vais emporter 51 % de votre âme avec moi. Cela va se traduire par d’étranges conséquences dans vos vies.»

Et, en effet, les effets de l’ensorcellement n’ont pas tardé à se faire remarquer: Timothy Blaker, âgé de 27 ans et chauffeur d’autobus, s’est fait voler son cœur (littéralement!) par Nancy Templeman, sa petite amie qui avait refusé, il y a quelque temps, sa demande en mariage. Jenna Jacob, pour sa part, se réveille le même jour du cambriolage avec une sensation d’engourdissement dans le corps. Voilà qu’elle s’est transformée, pendant la nuit, en… bonbon! Sa peau est faite de sucre blanc, ses cheveux sont en réglisse et ses yeux faits de caramel. Et ainsi de suite. Et tous à tour de rôle. Que va-t-il arriver à chacun d’eux? Et que signifiaient les étranges paroles prononcées par cet hurluberlu à la banque?

Minuscule est une fable fantastique un brin humoristique qui puise son originalité dans sa ressemblance avec certains classiques de notre enfance. L’univers kaufmanien, où les hommes se transforment en bonhomme de neige et les tatouages en lion sauvage, ressemble de près au film Jumanji (1995) de Joe Johnston et au conte Alice de l’autre côté du miroir de Lewis Carol. Si l’un des bémols du récit est d’accorder une place trop accessoire aux multiples personnages de la fable, il va s’en dire que l’idée d’attribuer le rôle du narrateur au mari de l’une des femmes présentes lors du cambriolage est une idée de génie. Le narrateur, qui n’a entendu que des ouï-dire, patauge dans le mystère, un peu comme nous, d’ailleurs, et il n’a aucune idée du dénouement de l’histoire. Alors que sa femme réduit à vue d’œil, celui-ci perdure à nous raconter, par le biais de courts récits enchâssés, le malheur des autres, toujours avec un style farfelu et coloré.

À l’instar de Billy Halleck dans le thriller La peau sur les os de Stephen King, les personnages de Minuscules arriveront-ils à anoblir les effets de l’ensorcellement et à sauver leurs âmes?

Pour le savoir, procurez-vous la fable Minuscule aux éditions Alto, disponible en librairie dès le 6 novembre 2012.

Appréciation: ****

Crédit photo: Éditions Alto

Écrit par: Éric Dumais

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