«Ne renonçons à rien» du collectif Faut qu'on se parle chez Lux Éditeur – Bible urbaine

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«Ne renonçons à rien» du collectif Faut qu’on se parle chez Lux Éditeur

«Ne renonçons à rien» du collectif Faut qu’on se parle chez Lux Éditeur

Une pierre apportée à l'édifice

Publié le 22 mars 2017 par Audrey Neveu

Crédit photo : Lux Éditeur

Ils ont parcouru le Québec pendant trois mois, à rencontrer des centaines de citoyens lors d'assemblées de cuisine, afin de repenser le monde. Ne renonçons à rien est le fruit de leur exercice citoyen et le titre est évocateur de ce que le collectif «Faut qu'on se parle» recommande. Ne pas baisser les bras face au cynisme, à l'individualisme et au néolibéralisme.

Publié chez Lux Éditeur, ce petit bilan de 200 pages se lit d’une traite, écrit dans un langage fluide. Pendant les deux tiers du livre, on s’applique à décrire la triste réalité auxquels sont confrontés les Québécois partout dans la province, une réalité que tous croient à tort vivre seuls. On se sent tous victimes, mais sans réaliser qu’on est tous dans le même bateau.

Certains citoyens se réveillent toutefois et après s’être vidé le cœur lors de ces assemblées de cuisine, ils ont commencé à proposer des idées pour façonner une société plus humaine. C’est un peu dommage de lire ces récits tristes, désolants, qui nous semblent avoir été racontés mille fois. Ce sentiment de déjà vu témoigne beaucoup plus du fait que cette triste réalité nous est tous familière que d’un parti pris des instigateurs de la démarche.

On propose notamment de refinancer l’école, d’en faire un véritable lieu de transmission de l’histoire, de favoriser les entreprises collectives, d’instaurer un mécanisme de révocation des élus, de permettre les budgets participatifs, d’instaurer des tables de négociations «peuple à peuple» avec les autochtones, de repenser la rémunération des médecins, de réorganiser les villes et les villages pour pouvoir vivre à pied.

Certaines propositions, à défaut d’être originales, sont rafraîchissantes, comme réserver une partie des budgets municipaux à des projets pris en charge par les citoyens. D’autres sont larges et vagues, comme favoriser l’accès à l’emploi des immigrants et des minorités ethnoculturelles. «Résoudre ces difficultés ne nécessite aucune grande commission ou étude savante supplémentaire, tout juste un peu de volonté politique», écrivent les auteurs.

Certains trouveront certainement que les solutions préconisées sont désarmantes de simplicité et ne sauraient régler un problème aussi complexe que le racisme systémique.

L’élément qui ressort de Ne renonçons à rien, c’est qu’on aurait pu l’écrire à l’avance. La plupart des neuf instigateurs du projet, Jean-Martin Aussant, Claire Bolduc, Véronique Côté, Maïtée Labrecque-Saganash, Aurélie Lanctôt, Karel Mayrand, Gabriel Nadeau-Dubois, Will Prosper et Alain Vadeboncoeur, étaient déjà bien connus pour leurs idées «de gauche». Eux-mêmes sont conscients qu’ils ont peut-être attiré des citoyens qui leur ressemblent, mais rien que de redonner le goût du débat démocratique et du rêve a cependant beaucoup de mérite.

Le collectif a décidé de publier en ligne toutes les propositions qu’il a reçues au cours de sa tournée, soit près de 5 500, puisqu’elles ne tiendraient pas toutes en un livre. Une démarche de transparence qui contraste avec celle des décideurs publics.

Les attentes étaient très grandes pour cette tournée citoyenne. Impossible de changer le monde en 200 pages cependant. À défaut d’être pleins d’optimisme à la fin de cette lecture, les auteurs semblent nous dire que si l’on ne saisit que l’une des solutions proposées et qu’on s’applique à la mettre en œuvre, ce sera déjà ça de gagné.

Ne renonçons à rien ne construira pas la meilleure société dont on rêve, mais c’est une pierre apportée à l’édifice.

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