«Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo» de Dany Laferrière – Bible urbaine

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«Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo» de Dany Laferrière

«Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo» de Dany Laferrière

Carnet pour toi qui me ressemble

Publié le 18 janvier 2016 par Sara Thibault

Crédit photo : Mémoire d'encrier

L'oeuvre littéraire de Dany Laferrière se compose déjà d'une vingtaine d'ouvrages. Avec Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo, l'auteur signe son premier titre depuis son entrée à la très prestigieuse Académie française.

Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo commence par une rencontre, alors que Dany Laferrière croise sur la rue St-Denis un jeune Camerounais fraîchement arrivé en sol québécois. Il reconnaît immédiatement en lui l’Haïtien de 23 ans qui avait dû quitter son pays natal quarante ans plus tôt. Ce plus récent roman apparaît donc comme un dialogue entre l’écrivain de 60 ans installé depuis des années au Québec et l’homme qu’il était lors de son arrivée en 1976. Ceux qui auront lu Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer reconnaîtront le territoire cher à l’auteur, celui du Carré St-Louis, de la rue St-Denis et du petit café du Plateau Mont-Royal où il écrit.

Tout en conservant le regard aiguisé qu’on lui connaît, Dany Laferrière présente un livre qui s’impose comme une déclaration d’amour au Québec, un miroir offert aux Québécois qui peinent à apprécier leur propre culture. En adoptant la forme d’un «guide pratique au nouvel arrivant», l’auteur contourne intelligemment le danger de proposer une critique de la culture québécoise qui aurait pu être mal reçue. Cela ne veut pas dire pour autant que Laferrière cherche à flatter les Québécois dans le sens du poil, bien au contraire! Il reste critique de certains traits de cette société pour laquelle il ressent maintenant un grand sentiment d’appartenance.

Afin d’expliquer à Mongo les codes de sa nouvelle société d’accueil, Laferrière fait appel à un mélange des genres, alors que les dialogues avec le jeune camerounais alternent avec des notes prises dans un cahier noir, des extraits de chroniques radiophoniques et des souvenirs. Le livre se termine même avec un «Petit lexique à l’usage du nouveau venu» et un «Petit traité du discours amoureux québécois». Même si les thématiques abordées dans ces deux parties recoupent certaines de celles que l’on retrouve dans le corps du livre, l’auteur arrive à les traiter dans un style complètement différent toujours marqué par son humour raffiné.

Comme à son habitude, l’auteur multiplie les références littéraires, notamment à Jorge Luis Borges, qui constitue un de ses auteurs favoris. La structure de Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo emprunte d’ailleurs à celle de L’autre de l’écrivain argentin. L’amour de Laferrière pour la littérature est encore une fois communicatif et témoigne de la richesse de ses connaissances encyclopédiques. Finir un livre de Dany Laferrière me fait aujourd’hui encore le même effet: celui d’avoir l’irrépressible envie d’aller à la bibliothèque découvrir l’œuvre de nouveaux auteurs.

Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo de Dany Laferrière, Mémoire d’encrier, 320 pages, 29,95 $.

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