«Mon voyage en Amérique» de Kim Yaroshevskaya aux Éditions du Boréal – Bible urbaine

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«Mon voyage en Amérique» de Kim Yaroshevskaya aux Éditions du Boréal

«Mon voyage en Amérique» de Kim Yaroshevskaya aux Éditions du Boréal

La créatrice de Fanfreluche se raconte

Publié le 28 mars 2018 par David Bigonnesse

Crédit photo : Les Éditions du Boréal

Les personnages. Nul doute que Kim Yaroshevskaya maîtrise parfaitement l’art de raconter leurs pérégrinations. Dans Mon voyage en Amérique, livre publié aux Éditions du Boréal, le protagoniste qui est mis en scène, c’est elle. Enfance dans le communisme, traversée de l’Atlantique, vie dans le monde des arts, le parcours de l’artiste se révèle fascinant et passionnant. Rien de moins.

Même si les éléments biographiques constituent la pierre angulaire de ce livre, il ne s’agit pas d’une autobiographie classique, d’une autobiographie tout court en fait. Esthétiquement, Mon voyage en Amérique épouse le style d’un petit album, avec ses illustrations (photographies, extraits de lettres et images diverses) qui parsèment ses pages. Le tout renferme des paragraphes bien aérés dans l’espace de la page et laisse place à l’imaginaire du lecteur qui constate la multiplication des images qui se dessinent dans son esprit.

Avec des références et des explications ici et là, Kim Yaroshevskaya réussit à portraiturer la Russie à l’époque de l’URSS de Staline. On réalise à quel point cette société imposait un carcan à ses citoyens dès la naissance; épouser l’idéologie communiste n’était pas un choix.

En même temps, on constate que la culture s’avère d’une importance capitale dans son pays, mais aussi dans sa vie, et ce, dès le berceau. La «grande bibliothèque» de son père, dont elle parle à quelques reprises et qui l’a marquée, en est un magnifique exemple.

Par ailleurs, elle illustre la réalité immigrante d’une manière très humaine. Quitter des gens que l’on aime, en l’occurrence sa grand-mère paternelle, le pays qui est le nôtre, traverser l’océan à un aussi jeune âge (10 ans), vivre dans l’incertitude constante (le passage devant les autorités canadiennes), etc. C’est effectivement tout un voyage, chargé d’émotions extrêmes! L’excitation que procure la découverte et l’immense tristesse de laisser bien des choses derrière soi s’entremêlent.

Oui, bien sûr, Kim Yaroshevskaya est l’interprète de Fanfreluche et de Grand-Mère dans Passe-Partout, mais on découvre l’étendue de sa pratique artistique, de conteuse à comédienne. Elle a, de plus, participé à l’émergence de champs artistiques québécois tels que le développement du théâtre jeunesse. Elle, qui était pourtant destinée à la danse classique, s’est exprimée à travers d’autres types de compositions.

Lorsque l’artiste d’origine russe nous décrit son implication dans la conception des épisodes de l’émission Fanfreluche à Radio-Canada, on ne peut qu’être fasciné par son processus créatif. Elle qui écrivait les textes de sa poupée vivante trouvait des idées fantastiques pour faire disparaître les écueils qui surgissaient en cours de production. C’est l’envers du décor à notre plus grand bonheur.

Sa plume délicate, précise, déclenche véritablement tout un univers. Ce n’est pas un hasard si ce talent d’évocation se retrouve chez une créatrice qui est surtout reconnue pour son acuité à raconter et imager des histoires. La sienne ne pouvait y échapper…

Mon voyage en Amérique, Kim Yaroshevskaya, Les Éditions du Boréal, 144 pages, 2017, 24,95 $.

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