«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire d’«Ænima» de Tool – Bible urbaine

MusiqueLes albums sacrés

«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire d’«Ænima» de Tool

«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire d’«Ænima» de Tool

La véritable obscurité, opaque et imagée

Publié le 25 février 2016 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Zoo and Volcano Records

Après un EP remarqué et un premier album studio officiel éclatant, intitulé Undertow (1993), le quatuor s’établit comme l’un des groupes incontournables, comme l'une des voix dissidentes dans l’univers du métal. Pour les extraits «Prison Sex» et «Sober», Tool avait présenté des vidéos ayant un esthétisme particulièrement sombre, voire d’une noirceur explicite et implicite. C’est ce que l’on voit et entend, mais également ce que l’on devine. Cette introduction était parfaite. Les mélomanes attendaient donc impatiemment une deuxième offrande...

Formé à Los Angeles en 1990, le groupe comprend le chanteur Maynard James Keenan, le batteur Danny Carey, deux ex-membres de Green Jellÿ, le guitariste Adam Jones et le bassiste Paul D’Amour. Toutefois, pendant l’enregistrement d’Ænima, ce dernier quitta la formation et fut remplacé par Justin Chancellor. Ensemble, ils parviennent à créer un son singulier, beaucoup plus progressif que ce que les métalleux ont l’habitude d’entendre.

Il faut dire que les gars de Tool sont d’excellents musiciens. Jones est l’un des guitaristes les plus estimés de la communauté métal, se classant même à la deuxième position, après le regretté Dimebag, du palmarès de Loudwire. Pour sa part, le batteur est aussi reconnu pour son talent prodigieux; il possède des techniques inspirés par le jazz et se sert autant de ses mains que de ses pieds.

Keenan chante avec une présence hors du commun. Il sait utiliser ses émotions, tout en faisant preuve d’une certaine pudeur. Cette impression de noirceur, quasi inconfortable, est accentuée par le style d’écriture poétique et nébuleuse du vocaliste.

La formation a su maintenir ce cap tout au long de sa carrière. Lorsqu’elle offrît Ænima, trois ans plus tard, les mélomanes ont remarqué une certaine évolution, bien que l’ADN du groupe soit toujours présent. En effet, le rythme y est plus lent et les structures de chansons sont plus complexes, mais les pièces sont aussi accrocheuses que celles d’Undertow. Si l’on fait abstraction des interludes, toutes les chansons sont exquises et solides; je vous mets au défi de ne pas tomber en transe lorsque vous écoutez Tool!

tool-portrait-albums-sacrés-bible-urbaine

J’aurais bien du mal à définir le son de Tool… Le groupe est vraiment unique en son genre, la structure des chansons est mélodique, lourde et puissante, mais toujours posée. Oui, la formation de Los Angeles dégage un aura métal, mais le rythme ne l’est pas, car les solos de guitare sont davantage progressifs, et le jeu de batterie est soutenu sans être agressif. De plus, Keenan possède une voix sombre mais pas du tout gutturale, à l’instar des groupes de type métal plus traditionnel.

De plus, l’univers de Tool est réellement glauque. Cette obscurité nous apparaît bien réelle, authentique. En comparaison avec les groupes de l’époque, ce n’est pas décadent à la Marilyn Manson, pesant à la Metallica ou saturé à la Nine Inch Nails. En gros, leur empreinte musicale est originale, organique et sans équivalent.

Cette dimension parallèle, Tool l’a précieusement entretenue. Le groupe donne peu d’entrevues, les membres n’apparaissent pas dans les vidéos (qui sont réalisés par le guitariste) et le chanteur n’aime pas avoir un projecteur braqué sur lui lorsqu’il est sur scène, car il ne veut pas qu’il y ait d’interférences entre les émotions qui sont à l’origine de ses chansons et leur interprétation.

Les deux offrandes subséquentes (l’excellent Lateralus – 2001 et l’obscur 10,000 Days -2006) sont également des succès, autant appréciées par les critiques que les fans, bien qu’elles ne se soient pas vendues en aussi grand nombre. Keenan est également le chanteur d’A Perfect Circle, que plusieurs admirateurs de Tool ont aussi affectionné. Par ailleurs, la formation offrira un concert au Centre Bell de Montréal le 10 juillet prochain.

La prochaine chronique à surveiller le 10 mars prochain: l’album «Raising Hell» de Run DMC, qui célèbre ses 30 ans. Consultez toutes nos chroniques précédentes au labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.

Nos recommandations :

Critiques d'albums Savages-Adore-Life-critique-album-review-Bible-urbaine

«Adore Life» de Savages

Vos commentaires

Revenir au début