«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire d’«Antichrist Superstar» de Marilyn Manson – Bible urbaine

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«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire d’«Antichrist Superstar» de Marilyn Manson

«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire d’«Antichrist Superstar» de Marilyn Manson

Plus grand que Satan et Justin Bieber?

Publié le 28 juillet 2016 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Interscope

Figure emblématique du shock rock, l’artiste a révolutionné le concept des vedettes rock. Son esthétisme glauque ultra léché, sa musique bruyante et, surtout, ses commentaires sur le monde tel qu’il le perçoit font de lui l’homme que les parents (et la droite américaine) aiment détester. Des incitatifs qui ont impressionné les jeunes qui exploraient le contre-courant. Pour eux, Marilyn Manson était l'un des leurs.

Je parlerai essentiellement du chanteur, car il est le seul membre qui n’ait jamais quitté le groupe, et comme celui-ci est fortement centré sur sa personnalité… Mais on ne peut passer sous silence l’apport de Twiggy Ramirez, qui fut l’un des grands acteurs de cette période marquante pour le groupe. En effet, il contribua à la musique et au son de la formation, originaire de la Floride, en composant la majorité des mélodies et en jouant la guitare et la basse sur Antichrist Superstar. Il demeure aussi un grand favori des fans.

Qui est Brian Warner, mieux connu sous le célèbre pseudonyme Marilyn Manson? Un enfant timide qui voulait devenir journaliste musical! Son parcours de musicien fut grandement inspiré par des artistes tels que KISS, David Bowie, Alice Cooper et, bien sûr, Nine Inch Nails. En fait, c’est Trent Reznor qui a réalisé les trois premiers opus de la formation, c’est-à-dire Portrait of an American Family (1994), le EP Smells Like Children (1995) ainsi qu’Antichrist Superstar. Comme vous le savez, il y a eu une dispute épique entre les deux hommes et, après une brève réconciliation, ils ont mis fin à leur collaboration de façon définitive.

Ce qui est dommage, car ils travaillaient très bien ensemble. Cependant, cela a donné l’occasion à Manson d’explorer de nouveaux territoires dont le glam rock, comme en témoigne Mechanical Animals. Mais revenons à Antichrist Superstar: je pense que Marilyn Manson et ses acolytes avaient, en 1996, acquis une certaine confiance en leur talent, mais aussi un meilleur sens de qui ils étaient, et de ce qu’ils voulaient accomplir.

Cela prit la forme d’un album concept et devint le premier tome d’une trilogie autobiographique (complétée par Mechanical Animals (1998) et Holy Wood (In the Shadow of the Valley of Death) (2000). Par ailleurs, le titre est également un clin d’œil au musical Jesus Christ Superstar (Andrew Lloyd Webber). Les paroles sont lugubres, le son est en raison de ses échantillons et ses rythmes propres à la musique industrielle, tandis que les partitions de guitare et batterie sont très pesantes, très heavy metal. Le chanteur est super charismatique, un genre d’anti-héros maléfique. Tellement qu’il parvient à nous faire oublier sa voix, qui n’est pas très bonne…

De plus, Marilyn Manson est un grand amateur de culture populaire et de télévision; il s’en inspire afin d’alimenter sa réflexion et nous présente son analyse (à la Nietzche, spécialement à cette époque) sous forme de chansons teintées de pessimisme. Il y exprime sa haine et ses doutes. Anarchiste, il demande aussi à ses admirateurs de penser pour eux-mêmes. De plus, il offre ses prédictions apocalyptiques, qui se sont plus ou moins réalisées.

Le premier titre de l’offrande est «Irresponsible Hate Anthem», qui contient la parole suivante: «I wasn’t born with enough middle fingers». Cette phrase donne le ton; Manson est avant tout un artiste individualiste; il fera ce qui lui plaît, tant pis pour les autres. «Wormboy» est un peu plus brute, moins polie que le reste de l’album, on dirait même une référence à ses deux premières parutions.

«Tourniquet», qui est l’une de mes pièces préférées, est déprimante sans être sirupeuse, avec un élément d’agression suffisamment fort pour ne pas devenir une ballade. Mais c’est la façon dont Manson dépeint, de manière franchement percutante, le dégoût envers soi-même et le fatalisme qui rend cette chanson aussi mémorable. Cependant, il y a bel et bien une ballade sur cet opus: «Man That You Fear», qui est plutôt surprenante. Il y a également des extraits qui sont franchement rock, comme la pièce homonyme, ou encore »Angel With the Scabbed Wings».

«The Beautiful People» est LE succès de ce disque. Il y a quelque chose de vraiment puissant dans cette chanson, une rage à laquelle il est facile de s’identifier. Même vingt ans après sa sortie, cette pièce rassembleuse provoque toujours la même frénésie. Les planchers de danse deviennent, instantanément bondés de gens, peu importe les vêtements qu’ils portent.

Visuellement, la formation a toujours eu des vidéoclips fantastiques, subversifs et perturbants à la fois. Manson a le sens de l’esthétisme et a une idée bien définie de l’image qu’il veut présenter de lui-même. En ce qui a trait aux titres «The Beautiful People» et «Tourniquet», tous deux réalisés par la très talentueuse photographe Floria Sigismondi, ils ont vraiment marqué l’imaginaire de la génération MTV, incluant MusiquePlus et Much Music, et ils ont bien vieillis; c’est toujours un délice que de les revoir.

Même si vous n’êtes pas des inconditionnels de Marilyn Manson, vous ne pouvez ne pas ignorer son impact dans le monde de la musique, mais aussi dans la culture pop, voire l’actualité. Difficile de ne pas admirer un libre-penseur qui encourage la liberté d’expression et, dans une certaine mesure, le droit d’être différent, et ce, même si tout est calculé de sa part.

Surveillez la prochaine chronique le 11 août 2016.

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