«Les albums sacrés»: le 50e anniversaire d’«Are You Experienced?» de The Jimi Hendrix Experience – Bible urbaine

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«Les albums sacrés»: le 50e anniversaire d’«Are You Experienced?» de The Jimi Hendrix Experience

«Les albums sacrés»: le 50e anniversaire d’«Are You Experienced?» de The Jimi Hendrix Experience

Le début de l'expérience

Publié le 13 juillet 2017 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : Gered Mankowitz

Lorsque l’on écrit sur un musicien aussi mythique que Jimi Hendrix, il y a nécessairement hésitation, car les hyperboles et les exagérations semblent venir aisément. Ainsi, on se pose des questions à savoir si un artiste peut être associé à tant des louanges ou à tant de vénérations. Avec Hendrix, la réponse à ces interrogations est oui sans aucun doute. Il y a cinquante ans, le super-prodige de la guitare faisait son entrée en scène avec son groupe (The Jimi Hendrix Experience) en faisant paraître un tout premier album exceptionnel: Are You Experienced? L’impression que laisseront ses chansons et ses performances scéniques sera instantanée. Une légion d’imitateurs tenteront de l’imiter, mais jamais il ne sera égalé.

Bien que David Bowie arrivera quelque cinq ans plus tard avec son Ziggy Stardust, le premier extra-terrestre de l’histoire de la musique rock est probablement Jimi Hendrix. Pourquoi? Parce que son style, sa technique, ses prouesses et sa présence ne semblent avoir rien du commun des mortels. Autrement dit, le guitariste, originaire de Seattle, joue dans sa propre stratosphère. À chaque endroit où il passe jouer en spectacle, telle une tornade, il ravage tout sur son passage. Ce n’est donc qu’une question de temps avant que le groupe signe un contrat de disque.

Le plus gros défi était probablement de garder les chansons d’Hendrix dans des formats de musique pop, condensant les improvisations fréquentes du guitariste en environ quatre minutes. À ce niveau, il faut souligner le travail impeccable de réalisation de Chas Chandler, qui avait la difficile tâche d’à la fois contrôler et de laisser-aller un tel magicien de la guitare. Le résultat est spectaculaire: chaque morceau frappe comme l’éclair et possède une énergie incendiaire.

Jimi_Hendrix_by_Gered_Mankowitz

Les hostilités sont lancées avec «Purple Haze», qui fait trembler les colonnes du temple de la musique pop avec son riff de guitare monstrueux. Comme plusieurs des chansons de Jimi Hendrix, les paroles sont inspirées de ses rêves, ou fort possiblement de ses trips d’acide. Ici, l’auteur, selon ses dires, s’imagine marchant au fond de l’océan. Sur «Love Or Confusion», l’effet des psychotropes est évident: «Is that the stars in the sky / Or is it rain falling down / Will it burn me if I touch the sun / So big so round». Hendrix représentera probablement l’ère psychédélique mieux que quiconque, sa musique atteignant des sommets que personne ne peut espérer atteindre.

Chaque pièce possède aussi un côté mystique crucial pour les vedettes rock de l’époque. Le premier extrait, «Hey Joe», a quelque chose de transcendant et même d’exotique. Musicalement, les pièces d’Hendrix fusionnent plusieurs styles et influences, du blues au soul en passant par le rock psychédélique et le jazz. D’ailleurs, Miles Davis reconnaîtra l’influence monumentale de Jimi Hendrix sur son passage au jazz-rock de l’album Bitches Brew (1970). La façon dont Hendrix amalgame virtuellement sans difficulté tous ces genres est déconcertante.

Are You Experienced? ne contient pas que des chansons «bombastiques», Jimi Hendrix ayant la versatilité d’écrire des pièces plus douces et atmosphériques. «May This Be Love» est une délicate pièce parsemée d’effets sonores créés à la guitare qui nous séduit subtilement. «The Wind Cries Mary», avec son rythme sensuel et lancinant, fait état d’une relation brisée et met de l’avant une ambiance plus triste et endeuillée. Ailleurs, «I Don’t Live Today» est quasi-révélatrice du destin tragique qu’allait connaître l’artiste surdoué: «Will I live tomorrow?/Well I just can’t say/Will I live tomorrow?/Well I just can’t say».

Les quatre dernières chansons de l’album son exceptionnelles. Tout d’abord, «Fire», autre pièce sortie en single, est brûlante d’intensité et fera partie des chansons les plus populaires d’Hendrix au cours de sa courte carrière. «Third Stone From the Sun» est une longue pièce à la fois planante,  expérimentale et improvisée qui s’incruste en nous de sublime façon. La chanson est pratiquement une fusion jazz et rock à la sauce Jimi Hendrix et aura son influence sur la musique rock progressive qui suivra quelques années plus tard.

«Foxy Lady» n’a plus vraiment besoin de présentation. Encore une fois, Hendrix y paraît quasi surnaturel. D’ailleurs, la présence scénique incomparable de Jimi Hendrix ajoutera indubitablement à son mythe. Ses chansons et ses prouesses sur scène ayant quelque chose de divines, sensuelles et sexuelles. À l’été 1967 lors du festival Monterey, Hendrix fera un coup de génie, alors qu’il allumera sa guitare lors d’une prestation sauvage de «Wild Thing», semant la consternation dans la foule. La chanson titre termine le disque de façon hyper assurée, comme si son protagoniste savait qu’il venait de livrer un des albums les plus importants et essentiels de l’histoire de la musique rock.

Et Hendrix laissera sa trace. On l’associera à toute cette protestation contre la guerre du Vietnam (Hendrix étant lui-même un ancien militaire) des années soixante. On sera fasciné par ses prestations, tellement qu’il deviendra un véritable rassembleur dans plusieurs mégafestivals, dont Monterey mais aussi le célèbre Woodstock. Malheureusement, sa vie sera de courte durée et il fera partie du triste club des 27 ans avec les Morrison, Joplin, Cobain, etc. Il aura le temps de livrer des œuvres percutantes (Axis: Bold as Love et Electric Ladyland sont aussi des chefs d’œuvre) avant de s’éteindre.

Faites-vous plaisir et écoutez ces classiques, car la musique rock n’a probablement jamais été aussi excitante que lorsque Jimi Hendrix faisait chauffer sa guitare.

Surveillez la prochaine chronique «Les albums sacrés» le 27 juillet 2017. Consultez toutes nos chroniques précédentes au labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.

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