«Anthems for Doomed Youth» du groupe The Libertines – Bible urbaine

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«Anthems for Doomed Youth» du groupe The Libertines

«Anthems for Doomed Youth» du groupe The Libertines

Le navire ne coule plus

Publié le 7 octobre 2015 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : Virgin EMI

Il y a un an, il paraissait inconcevable de penser que les Libertines pourraient un jour livrer un album avec de nouvelles compositions. Après plus d’une décennie de cures de désintoxication, d’arrestations, de relations houleuses et de «scandales» dans les tabloïds britanniques, Pete Doherty et Carl Barât reviennent de loin. De très loin. D’autant plus que leur dernier album date de plus de onze ans. Ça aussi, c’est très loin. Et même quand le groupe a annoncé son retour à la toute fin de 2014, il était permis, et même complètement justifié de se demander si le projet allait être mené à terme. Neuf mois plus tard et les Libertines donnent enfin naissance à leur troisième petit: Anthems for Doomed Youth.

Mettons tout de suite une chose au clair: la vie de Pete et Carl ne roule plus à 200 km/h, et ça paraît musicalement. D’ailleurs, le groupe a choisi de ne pas se tourner vers l’ex-Clash Mick Jones pour la réalisation, lui qui avait majestueusement capté le groupe dans toute sa gloire bordélique auparavant, où chaque chanson créait l’effet d’un accident de voiture (voir le sensationnel Up the Bracket à ce sujet).

Le réalisateur sélectionné est plutôt Jake Gosling, reconnu pour son travail avec des artistes tels One Direction, Lady Gaga et Ed Sheeran. Vous avez bien lu. Il s’agit d’un choix judicieux quand on y pense: une production propre pour refléter des idées maintenant plus claires. Et même si leur charme brouillon à tendance autodestructeur est presque complètement disparu, les gars des Libertines sont toujours capables de pondre des chansons qui nous accrochent. Ainsi, «Barbarians» et «Gunga Din» amorcent l’album de solide façon, alternant les rythmes reggae et les guitares punk où il est impossible de ne pas penser à leurs héros The Clash.

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Les paroles reviennent évidemment sur les grands tumultes des dix dernières années. Mais Pete et Carl sont deux fins renards, alors ils en traitent en mélangeant brillantes références artistiques et humour sarcastique typiquement britannique. Et si les deux auteurs possèdent un bagage culturel assez riche pour citer poètes et auteurs de siècles passés (Rudyard Kipling, Wilfred Owen ou George Orwell), ils sont aussi capables d’arriver avec leurs propres phrases coup-de-poing. Ainsi, lorsque Doherty exprime sa surprise de constater que son cœur batte encore après ces années infernales sur l’excellente «Heart Of the Matter», l’effet est saisissant. Même chose quand Barat, luttant constamment contre la dépression, voit son thérapeute lui dire que «Pound for pound/Blow for blow/You’re the most messed-up mother-fucker I know» sur «Belly Of the Beast».

Alors alléluia! Les Libertines ont réussi leur retour! Évidemment, leur nouvelle sagesse fait en sorte qu’ils écrivent quelques ballades de trop, mais avec le poids des années on peut leur pardonner. Puis de toute façon, leur retour à la forme doit se faire une étape à la fois.

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