«Church in These Streets» de Jeezy – Bible urbaine

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«Church in These Streets» de Jeezy

«Church in These Streets» de Jeezy

L'évangile selon un Jeezy jovial et en verve

Publié le 4 janvier 2016 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : Def Jam et www.allhiphop.files.wordpress.com

Il y a une décennie, un featuring de Jeezy suffisait fréquemment à transformer une chanson à la base fort anodine en un hit assuré; on pense par exemple à «Grew Up a Screw Up» de Ludacris (2006) ou «Love in This Club» de Usher (2008). Les choses ont un peu changé depuis.

Après le succès indiscutable de The Recession (2008), il est entré dans une phase de mi-carrière sous pilote automatique et a enchaîné deux albums assez moyens: Hustlerz Ambition en 2011, et Seen it All en 2014. On avait donc un peu perdu espoir, mais tout n’est pas perdu, car Church in these Streets marque un net retour du Jeezy jovial et en verve qu’on a appris à aimer.

Le natif d’Atlanta respire la grande forme sur les dix-neuf (!) titres et se la joue preacher urbain qui veut ramener ses homies un peu thugs sur le droit chemin. Sur «Holy Water», il compare les bouteilles d’alcool qu’il se procure dans un club à de l’eau bénite, et la soirée devient une messe: «Big smoke clouds looking like I’m in heaven / Came to bring the good word you can call me the reverend».

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The Recession traitait de la crise économique, Let’s get it: Thug Motivation 101 (2005) parlait principalement du commerce de stupéfiants (Jeezy vendait du crack dès 11 ans), et Church in These Streets a aussi un thème principal, qui est celui d’encourager les habitants du ghetto à se sortir de leur situation précaire en travaillant fort. Jeezy a toujours été un bienfaiteur pour les quartiers pauvres de sa ville, notamment avec la fondation Street Dreamz, et il le proclame sur Gold Bottles: «I spent a mil on my hood, I’m like fuck a Bugatti / But when you get your first mil they think you Illuminati».

Il y des chansons qui évoquent clairement la belle époque du dirty south – Hell You Talkin’ Bout, produite par London on the Track, sonne comme du vieux Plies – et d’autres qui auraient pu se trouver sur son premier album, Come Shop Wit Me (2003), avec leurs hooks de clavier Casio (Lost Souls) ou leur saxophone tristounet (Just Win).

L’ensemble est cohérent et très réussi; toujours aussi lent et lourd, ce qui est parfait pour aller avec le flow assumé de Jeezy. N’oublions pas les hooks mémorables – comme sur «New Clothes» et «Forgive Me» – qui sont un peu sa marque de commerce et qui font de cet album un grand cru.

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