«Dans la peau de...» Roman Zavada – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Roman Zavada

«Dans la peau de…» Roman Zavada

Hypnotiser par les couleurs et le mouvement par l’intermédiaire de la musique

Publié le 11 mars 2016 par Alexandre Provencher

Crédit photo : Anouk Lessard (portrait) et Sylvain Humbert (aurores boréales)

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur de se glisser dans sa peau, l’espace d’un instant. Cette semaine, nous avons interviewé le pianiste Roman Zavada, qui a ce pouvoir d'hypnotiser l'auditeur et le spectateur par le pouvoir des couleurs, des mouvements et de la musique.

1. Vous accompagnez, depuis plusieurs années, les trames de films muets tout en vous livrant à des séances d’improvisation. Maintenant que le bruit est omniprésent dans notre société, quels sont les commentaires des spectateurs, en 2016, quand ils visionnent un film muet avec, comme simple musique, une improvisation au piano?

«Des jeunes aux plus âgés, tout le monde est complètement surpris de voir à quel point ces films de l’époque peuvent être appréciés de nos jours. Muets et en noir et blanc, nous avons perdu cette habitude. Après un certain temps, le public plonge dans l’histoire et dans l’action du film en oubliant que ce sont des films des années 20, et surtout en oubliant que je suis là! Ce n’est qu’à la fin que l’auditoire réalise que j’ai assuré la trame sonore durant toute la durée de la projection. Ça semble ingrat, mais lorsqu’on m’oublie, cela veut dire que ma trame a été réussie! Sans musique en direct, les gens décrocheraient assez rapidement. Lorsque ce sont des comédies, il y a une réaction spontanée dans la foule. Avec les éclats de rire et les applaudissements après un punch réussi, cela change la dynamique dans mon jeu et la symbiose s’installe entre ma performance et le public.»

2. Vous êtes un pianiste hors pair. Par ailleurs, vous connaissez cet instrument comme nul autre. Comment qualifierez-vous votre relation avec votre instrument?

«Le piano est pour moi en quelque sorte ma langue maternelle. C’est depuis l’âge de 4 ans que je compose autour des touches d’ivoire. C’est à la fois mon moyen d’expression et mon confident. Lorsque je suis au piano, je pars et je voyage. Je ne réfléchis plus. Je fais le vide, les doigts se promènent tout seuls. Je me laisse aller dans mon inspiration la plus pure. Je crois qu’avant même d’être pianiste, je suis créateur. J’ai ce besoin inné en moi depuis toujours de créer de façon autodidacte et spontanée.»

3. D’où est né votre projet d’établir un dialogue entre les aurores boréales et le piano, comme vous réussissez à si bien le faire dans Résonances boréales?

«Le projet est né en tournée aux Îles-de-la-Madeleine pour des représentations de cinéma muet. Comme cela faisait plusieurs années que j’improvisais sur les films, j’avais ce besoin de revenir aux sources en temps que compositeur et je me suis dit: «Pourquoi pas me rendre dans le Grand Nord pour créer de nouvelles pièces inspirées par le pouls nordique et ses aurores boréales»! Une idée complètement folle que personne n‘a prise au sérieux! Cette idée a mijoté en moi durant deux ans et, sur un coup de tête, en 2013, je suis parti à l’aventure avec mon ami photographe Sylvain Hubert. J’ai trouvé un vieux piano droit abandonné dans un entrepôt de Yellowknife. Ce dernier a été déménagé sur le Bouclier canadien. Pendant deux semaines, j’ai enregistré tout le matériel créé au piano, qui a servi, par la suite, comme base de référence. À partir de ces enregistrements, j’ai terminé les compositions chez moi et enregistré en studio deux ans plus tard l’album Résonances boréales.»

4. Dans le cadre du festival Montréal en Lumière, vous présentez un concert des plus intéressants à la SAT. Vous y proposez une expérience immersive entre votre musique et des vidéos d’aurores boréales. Comment réagissent les spectateurs devant cette immersion sonore et visuelle?

«Nous sommes retournés aux Territoires du Nord-Ouest en 2015 pour filmer les aurores boréales en temps réel afin de recréer, à la Satosphère, le contexte dans lequel j’étais en 2013. Le public est donc invité à s’allonger sur les coussins pour se laisser emporter par les aurores boréales et les compositions de l’album que j’interprète sur place. C’est vraiment une dynamique hors du commun autant pour moi que l’auditoire. Tout le monde est fasciné par ce phénomène de la nature et se laisse hypnotiser par les couleurs et le mouvement par l’intermédiaire de la musique. C’est une expérience assez émouvante et poétique. Les gens sortent du dôme très apaisé! Surtout en plein cœur du centre-ville de Montréal où nous ne prenons plus le temps de prendre le temps dans notre vie quotidienne mouvementée!»

5. Maintenant que vous avez démystifié les aurores boréales, qu’allez-vous explorer? L’espace?

«Pour les prochaines années, le but est de pousser Résonances boréales à l’international, mais aussi d’adapter le projet pour les salles de spectacles conventionnelles. Entre-temps, je continue toujours à accompagner les films muets. C’est une belle façon pour moi de me faire découvrir et présenter par la même occasion Résonances boréales à un nouveau public. Pour ce qui est de la création, j’ai déjà des idées, mais je me retiens un peu! Chose certaine, j’ai toujours été fasciné et attiré par les endroits éloignés et ce n’est pas les idées qui me manquent! Pour la suite, on verra ce que la route de la tournée me révélera!»

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Par Sylvain Humbert

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