«Holy Fire» du groupe rock-pop britannique Foals – Bible urbaine

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«Holy Fire» du groupe rock-pop britannique Foals

«Holy Fire» du groupe rock-pop britannique Foals

L'élégance musicale

Publié le 12 février 2013 par Jim Chartrand

Crédit photo : Warner Music

Foals, l'un des groupes rock-pop indie chouchou des mélomanes, est de retour avec Holy Fire, un nouvel opus prêt à nous émerveiller les oreilles de beauté.

Le groupe britannique a débuté sa carrière avec Antidotes, un disque présentant un rock aux limites punk qui surprenait par son énergie progressive qui laissait ses pièces évoluer vers des territoires toujours des plus inattendus. Poursuivant dans cette idée de surprise, c’est avec un son plus mature, un brin plus conventionnel, mais à la musicalité foncièrement plus élégante et soignée, que le groupe est revenu avec un second album, Total Life Forever, opus extrêmement léché qui agrandissait de façon notable leurs horizons. Près de trois ans plus tard, ils reprennent un peu là où ils nous avaient laissés avec un disque qui s’amuse bien avec la synthèse de leurs explorations, tout en ne négligeant pas de se faire plaisir dans une variété musicale toujours aussi présente.

Habitués des intermèdes instrumentaux, Foals a cette fois-ci inversé la tradition en démarrant leur nouvel album d’une magnifique introduction qui s’amuse à jouer sur leurs différentes progressions musicales. La pièce, intitulée sobrement «Prelude», débute donc dans un calme aux abords paisibles, mais qui dérive rapidement pour rejoindre les rangs d’un rock bien rythmé en percussions, représentatif de l’énergie inattendue et bien que débordante que le groupe ne manque jamais de nous rappeler. Une pièce d’ouverture qu’on voudrait conseiller comme raison unique de se procurer l’album, alors qu’au contraire les bons coups ne font que se multiplier par la suite.

Si «Inhaler», leur premier single, a tout ce qu’il faut d’audace pour être à la fois planante et imprévisible afin de rassembler autant les fans de la première heure que les nouveaux venus, c’est la chanson suivante, «My Number», qui risque d’inviter considérablement au déhanchement. Au même titre qu’«Everytime», voilà des chansons qui rappellent les moments les plus accrocheurs de Total Life Forever à «Olympic Airways», en passant par «Miami» ou «Cassius».

Dans un désir d’aller toujours plus loin, tout en rehaussant constamment leurs pièces de sonorités significatives qu’on reconnaîtrait n’importe où, notamment par le biais de ce qu’ils parviennent à faire avec leurs guitares, Foals explore une musicalité plus tribale sur «Bad Habit». Mêlé à ce son nouveau, la tendance orientale qu’on trouvait sur «This Orient», de l’album précédent, s’ajoute également à «Out of the Woods», alors qu’ils explorent sur «Moon» un calme plat, sans mélancolie, qu’ils n’avaient jusqu’alors jamais démontré. Toutefois, malgré une «Providence» qui rappelle l’éclatement en mode intensif que la pièce cachée «Hummer» livrait sur leur premier disque, et une «Stepson» qui agit un peu à titre de douce berceuse, c’est la romantique et vibrante «Milk and Black Spiders» qui gagne à tout coup. Elle pousse sans conteste encore plus loin ce qu’ils avaient si bien réussi avec «Big Big Love (Fig.2)», un côté orchestral en prime. Après tout, comment résister à un refrain qui clame à répétition: «’cause I’ve been around two times and found that you’re the only thing I need»?

Si la voix brisée de Yannis Philippakis nous gagne donc à chacune des chansons, il y a malgré tout quelque chose de plus dans cet album, une grandeur qu’on ne se rappelait pas avoir entendu auparavant chez Foals. La complicité des cinq membres du groupe a beau atteindre à nouveau un joli firmament, il y a une force dans les arrangements et les collaborations qui brise le sentiment d’intimité qui se faisait sentir, accordant pour la première fois à leur musique une impression d’immensité qui évoque clairement l’ambition inégalée de «Spanish Sahara», à défaut de trouver ici une pièce-phare du même acabit. Comme quoi on a un peu mis de côté le désir de déconstruire les formes des chansons pour s’attarder à la dimension et la profondeur musicale de ces dernières.

Une chose est donc claire, maintenant bien établi, le groupe Foals plonge avec certitude dans la cours des grands. Avec un album aussi solide entre les mains, une magnifique pochette comme on nous y a habitué en extra, bien épaulé de leurs tout autant excellents essais antérieurs, voilà un groupe qui se renouvelle, se surpasse et se magnifie à chaque instant. Une élégance britannique qui n’a certainement pas peur d’oser, et ce, toujours pour le meilleur de nos oreilles. Comment s’en passer?

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