«Hot Dreams» de Timber Timbre – Bible urbaine

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«Hot Dreams» de Timber Timbre

«Hot Dreams» de Timber Timbre

Mélanger érotisme et horreur

Publié le 1 avril 2014 par Marie Gagnon

Crédit photo : Arts & Crafts

Sexy et glauque sont des adjectifs qu'on utilise rarement pour décrire un même album. Pourtant, ces deux mots conviennent parfaitement à Hot Dreams, le cinquième album de Timber Timbre, qui nous entraîne dans un parcours à la fois beau, romantique, inquiétant et macabre.

Dès les premières notes de «Beat the Drum Slowly», Timber Timbre installe une ambiance obscure, lourde, voire typique. Les percussions saccadées, la guitare lente et la voix profonde de Taylor Kirk s’entremêlent pour se transformer bientôt en une espèce de marche militaire, limite funèbre. L’auditeur peut alors croire qu’il aura droit à un opus encore plus noir que son prédécesseur, Creep On Creepin’on.

La deuxième chanson, «Hot Dreams» vient immédiatement casser cette ambiance. Elle est autant langoureuse que l’est son vidéoclip, dans lequel on voit une danseuse nue à l’œuvre. L’ambiance générale est rêveuse et douce. Puis la piste se termine sur une magnifique gradation, accompagnée d’un saxophone qui n’a d’autre effet que de nous encourager à nous trémousser. C’est sans doute l’une des meilleures chansons de Timber Timbre, tout album confondu.

A-t-on le droit à un changement de ton? Est-ce que Timber Timbre préfère se la jouer plus dans le slow où l’on peut danser collés? Tout force à croire que non, puisque la chanson éponyme est un véritable ovni sur cet album.

Seule la pièce «This Low Commotion», qui rappelle beaucoup «Lonesome Hunter», reste l’une des plus réussies de l’opus précédent et revient à cette ambiance feutrée et érotique. Rappelant une valse à quatre temps, la chanson séduit par ses violons exagérés et ses paroles désespérées: «Baby, you turn me on / Then you turn on me / But this low commotion / Is going down».

Dans tous les autres morceaux, on demeure dans le style typique de Timber Timbre, lequel peut rappeler les explorations plus sombres d’Arcade Fire durant la période Neon Bible. Le seul ajout notable est la guitare country, très western spaghetti en fait, qu’on retrouve entre autres sur «Bring Me Simple Men» et «Grand Canyon». Dans cette dernière, Kirk raconte les longs voyages qu’il a vécus lors des tournées, et on a l’impression de prendre la route avec eux en regardant les paysages défiler.

Et c’est la grande force de Timber Timbre, celle de nous forcer à associer leur musique à des images fortes. Ça leur réussit à tous les coups.

Dans la pièce «Run From Me», on s’imagine une femme courant pour échapper à son amant dangereux. On se sent immédiatement dans une ambiance de film d’horreur, plus inquiétante encore à cause du calme du chanteur, lequel est en pleine maîtrise de ses moyens, et de la voix féminine, laquelle semble beaucoup moins assurée!, qui l’accompagne. La chanson se termine sur une autre montée maîtrisée où s’entremêlent voix, violons, guitares et percussions dans un crescendo impressionnant.

On sent que le groupe a atteint une parfaite maîtrise de son style et qu’il s’amuse à jouer avec ses propres codes. On se retrouve à l’apogée du genre.

Mais on aurait aimé que la formation nous emporte ailleurs. Avec des musiciens aussi polyvalents et talentueux, on espérait un changement de cap qui nous aurait surpris et marqués. Dans l’ensemble, Hot Dreams reste plutôt dans la continuité des albums précédents.

Bien qu’on apprécie toujours les expérimentations du groupe, on commence à espérer qu’ils sortiront de leur carcan et que bientôt ils nous entraîneront ailleurs, loin de la noirceur.

Timber Timbre sera en spectacle le 19 septembre 2014 au Métropolis de Montréal. Les billets se vendent 36,55 $ avec les frais. Vous pouvez vous les procurer sur le site de Ticket Master au www.ticketmaster.ca/timber-timbre.

 

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