«...IAM», le plus récent album d'IAM – Bible urbaine

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«…IAM», le plus récent album d’IAM

«…IAM», le plus récent album d’IAM

Ainsi se termine l'épopée des rappeurs marseillais?

Publié le 6 décembre 2013 par Romi Quirion

Crédit photo : Def Jam

Moins de sept mois après Arts Martiens et un passage remarqué aux FrancoFolies de Montréal en juin dernier, voilà que la troupe de Marseille récidive, et ce, pour une ultime fois. Le groupe revient déjà avec un nouvel opus annoncé comme étant le tout dernier: …IAM. Les vétérans du rap français, qui persistent depuis 25 ans, vont-ils définitivement déposer leur micro ou est-ce seulement la fin du contrat avec Def Jam?

Enregistré entre Paris, Marseille et New York, …IAM comporte seize nouveaux titres où l’on retrouve la plume acerbe et efficace du groupe. Plus brut et plus viscéral que le précédent, ce nouvel album est le prolongement d’Arts Martiens. Ce sont des surplus du même enregistrement puisque le groupe avait composé quarante-trois titres pour leur album de retour, pour n’en choisir que dix-sept au final.

Le collectif a une longévité inédite dans le monde du rap. Il a été créé en 1989 à Marseille et s’est révélé deux ans plus tard, avec l’album …De la planète Mars. En 1993, l’album Ombre est lumière leur permet d’accroître un peu plus leur popularité, notamment grâce à la chanson «Je Danse Le Mia», qui deviendra un énorme succès. Mais la référence du hip-hop qui a marqué l’histoire du rap des années 90, le chef-d’œuvre qu’il faut posséder est L’École du micro d’argent (1997). Le public a d’ailleurs été très réceptif à ce dernier puisqu’il s’est vendu à plus de 1,6 millions d’exemplaires et demeure à ce jour, l’album de rap français ayant eu le plus de succès dans l’hexagone. S’ensuivent trois autres albums: Revoir un printemps (2003), Saison 5 (2007), et Arts martiens (2013).

Rien de nouveau sous le soleil, les paroles d’IAM sont toujours aussi rigoureuses et percutantes. Ils s’intéressent à des thèmes qui leurs sont chers comme la drogue, l’argent, les préjugés sociaux, raciaux et restent fidèles aux valeurs du hip-hop. Dans le plus récent opus, on aborde la souffrance du quotidien, des moqueries qui peuvent mal tournées sur «Peines profondes», les clichés sur les gens des cités et des banlieues avec «Ouais c’est ça» et les débats sur la violence dans la culture des quartiers avec «CQFD». Les cinq membres du clan reviennent également sur leur formation, leur rap, avec «Renaissance», «Médailles» et «Si j’avais 20 ans». Cette dernière laisse transparaître une certaine nostalgique, puisqu’elle permet aux parrains assagis du rap français de constater que s’ils étaient plus jeunes, ils feraient les choses différemment, mais définitivement ils n’ont pas de regrets.

Les pièces qui se démarquent: «Ouais c’est ça», avec ses scratchs entraînants, puis «Fuck le refrain», où les membres étalent leur technique musicale avec un groove hors de commun. Dj Kheops, avec ses instrumentaux toujours aussi soignés, nous touche particulière sur «Peines profondes» qui possède une mélodie poignante qui s’intègre bien avec la plume cinglante des rappeurs.

On pourrait émettre une critique sur l’échantillonnage du saxophone redondant qui est agaçant sur «Poudre de brique rouge». Quelques chansons superflues telles qu’ «Artificielle» (très similaire à la pièce «Elle donne son corps avant son nom» sur l’album L’École du Micro d’Argent) et «Musik», une pièce soul mielleuse mettant en vedette le chanteur Said.

Cela reste de l’excellent rap conscient, d’une qualité exemplaire… Une carrière sans faux pas pour les samouraïs de la rime qui nous prouve que les anciens du rap en France ont encore des choses à dire. Cet adieu, s’il en est un, nous laisse tout de même sur une note positive avec la pièce «Renaissance». On garde alors espoir d’un nouveau projet pour les parrains du rap français.

*Dans la même veine qu’IAM: 1995, OrelSan et Baxter Dexter.

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