«La petite anecdote de…»: Super Plage et les mystères des droits d'auteur – Bible urbaine

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«La petite anecdote de…»: Super Plage et les mystères des droits d’auteur

«La petite anecdote de…»: Super Plage et les mystères des droits d’auteur

Quand la ligne est très mince entre le plagiat... et l'hommage!

Publié le 7 décembre 2020 par Vincent Gauthier

Crédit photo : Véronique Wilfort

Chaque semaine, Bible urbaine demande à des artistes de tous horizons de raconter une anecdote ludique, touchante ou simplement évocatrice sur un thème inspiré par son œuvre. Cette fois, c’est au tour du musicien et réalisateur Jules Henry, alias Super Plage, de se prêter au jeu! Après avoir charmé le Québec avec son premier album homonyme, le compositeur pop-électro a dévoilé son deuxième album, Super Plage II, le 6 novembre dernier. Pour l'occasion, il nous a raconté une histoire drôle mais stressante sur la création de sa pièce «Chanson #8», qui lui a finalement permis de rencontrer son agente... et une légende de la musique country québécoise!

L’histoire qui suit concerne la pièce «Chanson #8», qui figure sur mon premier album. J’étais bien loin de me douter que je la raconterais à qui que ce soit au moment de l’enregistrer.

Cette chanson a été composée pendant l’hiver 2019, alors que je n’avais toujours rien fait paraître sous le pseudonyme Super Plage. À la base, j’avais créé la musique pour la donner à mon amie Maryze, qui ne l’avait finalement pas retenue pour son album.

En travaillant durant de longues heures sur la piste, j’ai commencé à entendre les paroles de la chanson «J’ai un amour qui ne veut pas mourir» de Renée Martel sur ce beat, et puisque je n’avais pas vraiment l’intention de la sortir, j’ai continué à me la chantonner comme ça, parce que j’étais alors persuadé que quelqu’un d’autre y poserait des paroles «plus sérieuses» et que ce n’était que temporaire.

Finalement, la chanson n’avait plus vraiment de vocation. J’ai donc décidé d’au moins enregistrer les paroles que j’avais «écrites» pour voir ce que ça donnerait, quitte à ne rien faire avec. En fin de compte, j’ai bien aimé le résultat et j’ai eu envie de la mettre sur mon album.

Jusqu’à présent, je n’avais pas vraiment eu beaucoup de visibilité avec mes projets, et pas énormément de contacts non plus, alors un constat m’est venu à l’esprit: je n’avais clairement pas le droit de plagier les paroles de Renée Martel.

Mais je voyais quatre bonnes raisons de ne pas faire de démarches en ce sens:

  • Je n’étais pas vraiment certain qu’elle était encore en vie;
  • Je ne voyais pas par où commencer pour essayer de rejoindre les personnes concernées;
  • J’étais certain que son entourage et elle-même ne l’entendraient jamais;
  • Pour moi, c’était une chanson tellement connue que la mienne serait plus vue comme une référence à la culture populaire qu’une réelle tentative de voler un texte pour me l’approprier.

Environ deux mois plus tard, j’ai été mis en contact avec Laurence Lebel (qui allait devenir ma future gérante) par notre ami commun Sylvain Chartier. Elle n’avait jamais entendu parler du projet, et elle m’écrivait pour voir si je pouvais faire le remix de la chanson «Freak Out» de Kinkead.

Après avoir échangé quelques messages formels par courriel, elle m’a écrit un bon matin après avoir écouté mon album, et ce, à grands coups de caps locks: «ALLô, TA «CHANSON #8», C’EST MA MÈRE QUI L’A ÉCRITE».

J’ai commencé à avoir très chaud et à me dire «Ouin, j’aurais peut-être dû demander l’autorisation, ça sent la poursuite pour plagiat».

J’ai donc maladroitement déblatéré mes plus belles excuses afin de faire assez pitié pour que ça ne finisse pas en cour. À mon grand soulagement, Laurence était plutôt heureuse de voir que les paroles de sa mère m’avaient inspiré et elle n’avait aucune intention de me traîner en justice.

Du même coup, elle m’a demandé si quelqu’un s’occupait de ma gérance (la réponse était évidemment négative, puisque la plupart des gérants d’artiste ne m’auraient pas laissé faire ça au départ).

J’ai donc maintenant une gérante.

Renée Martel a entendu la chanson et en a été flattée.

Et j’ai pu garder tous les «MILLIONS» que j’ai fait avec.

Morale de cette histoire: vous pouvez plagier mes paroles, je ne suis pas mieux que vous.

Vous pouvez écouter le nouvel album de Super Plage sur Spotify ci-dessous.  Et pour lire d’autres petites anecdotes,  rendez-vous ici.

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