L’album homonyme de Dead Cross avec Dave Lombardo et Mike Patton – Bible urbaine

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L’album homonyme de Dead Cross avec Dave Lombardo et Mike Patton

L’album homonyme de Dead Cross avec Dave Lombardo et Mike Patton

À la croisée de la torture auditive et de l’énergie salvatrice

Publié le 8 août 2017 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Ipecac Recordings

L’histoire de la formation du groupe est intéressante. Dave Lombardo, l’ancien batteur de Slayer, suite à l’attentat du Bataclan de 2015, a éprouvé le besoin d’exprimer la rage qu’il ressentait. Il invite le chanteur Gabe Serbian, le guitariste Mike Crain et le bassiste Justin Pearson, tous de Retox (Serbian ne fait plus partie du groupe). En mars 2016, Serbian quitte la formation. Dead Cross recrute Mike Patton, ce dernier réécrit les paroles et refait toutes les pistes vocales. Il ne reste plus aucune trace du passage de Serbian.

Encore une fois pour Patton, il est seul lorsque vient le moment d’écrire les mots et d’enregistrer sa voix. Une situation que le chanteur aux mille et une voix a vécue avec Faith No More pour l’opus The Real Thing (1989). Ce qui peut apparaître pour une planification défaillante semble être, en fait, une occasion qui permet au chanteur de se surpasser, créant ainsi des textes et des façons de chanter plus libres et plus originaux.

Ce disque est ultra agressif, très abrasif et peut, à la première écoute, déstabiliser l’auditeur. Compte tenu du fait que Lombardo et Patton sont membres de Fantômas, on aurait s’attendre à ce que Dead Cross présente des similarités. Ce n’est pas le cas. Et malgré tout le potentiel que l’on connaît des musiciens qui font partie de ce groupe, le résultat est étonnant; la musique n’est pas mélodique ou expérimentale, comme celle de Mr. Bungle ou de Tomahawk, mais beaucoup plus hardcore. Le son est riche, dense et complexe.

En ce sens, ce projet de Mike Patton est beaucoup plus intéressant que Nevermen. Leur disque homonyme est bon, mais ne se démarque pas par la folie qui caractérise le chanteur de Faith No More. Dead Cross est définitivement moins accessible, mais beaucoup plus intéressant et drôlement plus agressif.

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Patton crie jusqu’à frôler le point où il casse sa voix. Il ne chante pas de façon à mettre son incroyable registre en valeur. Lombardo martèle avec constance et une rapidité qui défie presque la physique. Les riffs de Crain sont acérés et parfois décadents, nous rappelant le style des formations hardcore des années 80. Le jeu de basse de Pearson passe inaperçu cependant. «Seizure And Desist» et «Idiopathic» sont brutales et très entraînantes. «Divine Filth» est un assaut sonore particulièrement engageant tandis que certaines des envolées de Patton sur «Grave Slave» sont irritantes.

Il y a également des moments forts. Par exemple, la guitare sur «The Future Has Been Cancelled», qui est tonitruante à souhait. «Gag Reflex» semble être un mélange entre Faith No More et le punk des années 90; le résultat sonne quelque peu daté. Par contre, le ton sarcastique de «Church of the Motherfuckers» est spécialement délicieux. Malheureusement, la reprise de «Bela Lugosi’s Dead» de Bauhaus est décevante, le petit côté hanté et gothique si parfaitement exquis de la chanson originale n’a pas survécu au traitement Dead Cross.

Fait intéressant, Dave Lombardo a affirmé à Noisey que cet album est le plus heavy qu’il n’ait jamais enregistré. Sachant qu’il était le batteur sur le classique Reign in Blood (1986), l’un des meilleurs disques thrash qui soit, c’est très révélateur. Et il a raison: leur offrande homonyme est intense, rapide et violente. L’auditeur devra écouter le disque à quelques reprises pour s’habituer à ce son décapant.

Par ailleurs, cet album est parfait si vous désirez faire compétition aux voisins bruyants.

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