«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de «Maxinquaye» de Tricky – Bible urbaine

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«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de «Maxinquaye» de Tricky

«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de «Maxinquaye» de Tricky

Comment redéfinir son époque

Publié le 26 novembre 2015 par Isabelle Lareau

Crédit photo : www.facebook.com/TrickyOfficial et Sophie Davenport

Difficile de croire que le trip-hop a percé sur les marchés nord-américain et européen il y a (déjà) plus de vingt ans! Les groupes tels que Sneaker Pimps, Portishead et Massive Attack étaient, durant les années 90, les fiers représentants d’un courant émergent et, cela dit très original, de musique planante bien que langoureuse, en raison de ses racines acid jazz et house, mais également pour ses influences (et échantillonnages) hip-hop.

L’un des grands précurseurs du trip-hop est sans contredit le chanteur Tricky. Bien que son premier album Maxinquaye (1995) lui ait permis de sécuriser sa notoriété, il était déjà connu auprès des mélomanes puisqu’il était l’un des membres fondateurs de Massive Attack. Cependant, il quitta le groupe peu après la sortie de l’album Protection (1994). Il avait également participé au premier disque du groupe, intitulé Blue Lines (1991).

Mais revenons à notre sujet; le sombre et mélodique Tricky! Né à Bristol, Adrian Thaws est confronté à une enfance difficile. En effet, son père quitta sa mère avant que celui-ci naisse et, tristement, alors qu’il était âgé seulement de quatre ans, sa mère Maxine se suicida. C’est sa grand-mère maternelle qui s’occupera de lui par la suite. D’ailleurs, il a nommé son premier album studio officiel Maxinquaye en hommage à sa mère disparue.

Le nom d’artiste de Thaws est inspiré du surnom qu’on lui avait attribué lorsqu’il était plus jeune, «Tricky Kid», alors qu’il fréquentait les gangs de rue. Vers la fin de son adolescence, il créa le groupe rap The Wild Bunch qui est, en fait, la première incarnation de Massive Attack.

Tricky quitta la formation anglaise en 1994, mais il avait déjà commencé à travailler sur de nouvelles chansons. Il rencontre, à la même époque et tout à fait par hasard, la chanteuse Martina Topley-Bird. En effet, l’adolescente de quinze ans traînait, avec ses amis, près de l’appartement de Tricky lorsque celui-ci l’entendit chanter. Il fut conquis par sa voix mystérieuse et enveloppante (ils furent également un couple pendant quelques années).

L’artiste demande également l’aide d’un coréalisateur, Mark Saunders. Celui-ci a notamment collaboré à Wish et Mixed Up de The Cure. Ensemble, la magie opère et plusieurs chansons incroyables voient le jour. On pense à «Hell Is Round the Corner», avec des échantillons de «Glory Box» (Portishead), ou encore à «Overcome», qui est en fait la version de Tricky de la chanson «Karmacoma» (de son ancien groupe Massive Attack, parue sur Protection).

La reprise de «Black Steel In The Hour Of Chaos» de Public Enemy, renommée «Black Steel», est tout simplement formidable. Cette chanson, politique et contestataire, a profité d’une superbe réinvention; le mélange de rythmes plus jazzés et sulfureux ainsi que les voix de Tricky et de Topley-Bird créent un morceau tout simplement mémorable.

Avec ce disque, Tricky démontre son immense talent ainsi que son originalité, mais aussi il contribue à définir son époque. Il permet également au trip-hop de passer du statut de tendance à celui de mouvement, prouvant que ce style, bien que le musicien n’aime pas ce nom, avait la profondeur artistique nécessaire pour s’imposer comme un courant incontournable de la musique anglaise.

Son style musical est un audacieux mélange de hip-hop, de reggae, de dub et d’échantillonnages aux sonorités industrielles. De plus, le son de Tricky est riche, chaleureux et revêt un certain je-ne-sais-quoi qui a une franche attitude rock.

Par ailleurs, l’aura énigmatique de l’artiste était amplifiée par ses apparences dans ses vidéos; mine sérieuse, l’air égaré, portrait flou malgré les plans serrés de son visage. Cependant, c’est sa façon de chanter si singulière, laquelle est un amalgame de chuchotements et de fredonnements, qui marquera l’imaginaire des fans.

Cet album a définitivement bien vieilli, il sonne, même aujourd’hui, très moderne. Il est parfait pour s’évader, bien affalé sur un divan, ce qui est, je crois, la meilleure manière d’écouter cet opus! Cependant, il contient suffisamment de rythmes groovy pour jouer dans un club, si vous êtes chanceux et que vous avez un bon DJ!

La prochaine chronique à surveiller le 3 décembre prochain: l’album «Rubber Soul» de The Beatles. Consultez toutes nos chroniques précédentes au labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.

L'événement en photos

Par www.facebook.com/TrickyOfficial et Sophie Davenport

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