«Les albums sacrés»: les 30 ans de l'album The Stone Roses et du mouvement Madchester – Bible urbaine

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«Les albums sacrés»: les 30 ans de l’album The Stone Roses et du mouvement Madchester

«Les albums sacrés»: les 30 ans de l’album The Stone Roses et du mouvement Madchester

Une période complètement folle de l'histoire anglaise

Publié le 5 juin 2019 par Édouard Guay

Crédit photo : Silvertone Records

Il y a de ces premiers albums qui sont tellement parfaits que ses créateurs passent leur vie à surfer sur la même vague! The Stone Roses, premier album homonyme, est probablement un des exemples les plus éloquents de ce phénomène. Enregistré aux côtés du producteur John Leckie (Radiohead, Muse, My Morning Jacket), l'album s’est écoulé à plus de quatre millions d’exemplaires depuis sa sortie en mai 1989.

On ne sait pas trop quelle mouche créative a bien pu piquer le groupe anglais il y a 30 ans pour pondre une œuvre aussi maîtrisée du premier coup. Mais Dieu sait à quel point elle a fait mouche! Il faut dire que l’époque durant laquelle il est sorti a joué un rôle important.

Madchester: le mouvement-genèse des Stone Roses

En effet, 1989 est en quelque sorte l’année où Manchester est devenue folle (au sens figuré, bien sûr!) La ville anglaise était en pleine période d’effervescence musicale et culturelle, qu’on a qualifiée, plus tard, comme étant le mouvement Madchester. Et l’album The Stone Roses en né en plein cœur de cette mouvance.

Ce courant musical se voulait un doigt d’honneur majeur à la pauvreté et à la misère qui régnaient dans la ville anglaise. Et on a voulu clore la décennie 1980… en dansant! Pour ce faire, on a mélangé l’acid house, le disco et le rock alternatif avec juste ce qu’il faut de psychédélisme pour créer un nouveau genre complètement unique et singulier.

C’était l’époque des ecstasys, des boîtes de nuit et de la musique endiablée. Du même coup, on venait de créer un nouveau chapitre pour succéder à Joy Division ou encore à The Smiths.

Encore aujourd’hui, le quatuor, mené par Ian Brown, est le porte-étendard absolu de cette époque mémorable pour bon nombre d’Anglais. On peut aussi dire que le groupe est mort en même temps que le courant.

Une chanson, en particulier, issue de l’album, représente à la perfection cette période faste pour la pop de Grande-Bretagne.

Fool’s Gold, le morceau qui allait tout changer

D’une durée de près de 10 minutes, et joliment ponctué d’une rythmique funk groovy, le morceau «Fool’s Gold» est un véritable classique qui a permis aux Stone Roses d’atteindre le top 10 britannique pour la première fois de leur courte existence. Ian Brown a d’ailleurs affirmé que la chanson a pris naissance alors que le groupe écoutait James Brown en studio.

Véritable bombe rythmique, «Fool’s Gold» est définitivement la composition la plus mythique et la plus achevée des Stone Roses. C’est probablement ce morceau (en plus des concerts frénétiques du groupe) qui a propulsé les ventes de The Stone Roses. Et force est de constater que le groove de la pièce n’a pas pris une seule ride de nos jours.

Un album longuement mûri

Je disais précédemment que l’on ne savait pas trop quelle mouche avait piqué The Stone Roses pour composer leur (seul) album marquant. Eh bien, une chose est pourtant certaine: leur détermination a joué un rôle important dans la naissance de cet album. En effet, dès le début des années 1980, la formation roulait déjà sa bosse de peine et de misère. À ce moment-là, le quatuor mancunien se cherchait beaucoup, n’ayant pas d’identité musicale claire et peinant à se faire connaître.

C’est en 1985 que sort enfin leur premier single. À l’époque, la bande planche sur un album punk, mais le projet avorte (comme beaucoup de projets du groupe à l’époque). Deux ans plus tard, The Stone Roses sortait «Elephant Stone», un morceau rock et dansant produit par Peter Hook de New Order.

De tels morceaux ont forcément commencé à germer dans l’esprit du groupe à force d’explorer. Et quel résultat! Parmi les grands moments de cet album mythique, pensons au début du superbe morceau d’ouverture «I Wanna Be Adored», tout en douceur et en progression, gracieuseté du bassiste Gary «Mani» Moundfield (également du groupe Primal Scream).

Que dire de la contagieuse «Waterfall» et de sa finale, menée par le guitariste John Squire (cruellement mésestimé)? Cette même finale conduit l’auditeur au morceau suivant, «Don’t Stop», qui est une version à l’envers de «Waterfall» et qui donne, en plus, une bonne touche de psychédélisme à l’opus. Le joli morceau «Elizabeth My Dear» reprend quant à lui la mélodie du mythique morceau anglais «Scarborough Fair».

Un succès éphémère

Comme beaucoup de groupes au premier album plus que parfait, The Stone Roses n’a jamais pu recréer le succès de cette oeuvre impérissable. La formation a certes sorti un deuxième album en 1994 (après cinq ans d’attente en raison d’un conflit avec leur label), mais celui-ci a reçu un accueil plutôt tiède. The Stone Roses s’est par la suite séparé avant d’effectuer un retour sur scène en 2013. Et malgré les deux nouveaux morceaux qu’ils ont sortis pour marquer ce grand retour, aucun nouvel album ne s’est concrétisé depuis.

Tant pis! Le mouvement Madchester, aussi court fût-il, a influencé bon nombre d’artistes (Primal Scream ou Oasis pour ne nommer que ceux-ci) et sera assurément gravé dans nos mémoires à jamais. Il y a de ces succès qu’on ne saura jamais reproduire, et c’est bien parfait comme ça!

Surveillez la prochaine chronique «Les albums sacrés» à compter du mois de juillet prochain! En attendant, consultez nos chroniques précédentes au labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.

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