«Les albums sacrés»: «The Colour and the Shape» des Foo Fighters – Bible urbaine

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«Les albums sacrés»: «The Colour and the Shape» des Foo Fighters

«Les albums sacrés»: «The Colour and the Shape» des Foo Fighters

Sortir de l'ombre

Publié le 25 juin 2015 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : thealbumlist.com

Tout le monde aime Dave Grohl. Dans ma courte liste de rockstars avec qui je voudrais aller prendre une bière, il doit se placer parmi les premiers noms. Quand il n’est pas occupé à défendre l’intégrité et la pureté du rock 'n' roll contre des mégaproductions comme American Idol, il se contente de revenir finir un spectacle après s’être sérieusement bousillé la jambe. Pourtant, il fut un temps où Grohl avait encore tout à prouver: pas facile de faire suite au tourbillon qu’a été Nirvana dans la première moitié des années 1990. Le deuxième album de son groupe les Foo Fighters, The Colour and the Shape, est probablement l’œuvre la plus significative dans la carrière de Grohl.

Un retour en arrière s’impose: suite à la mort subite de Kurt Cobain en 1994, Dave Grohl se retrouve sans groupe et un peu perdu. Bien que les offres pour accompagner d’autres artistes s’alignent (dont une venant de Tom Petty), l’ancien batteur de Nirvana décide de suivre son instinct et d’enregistrer douze chansons à la vitesse de l’éclair. C’est que le besoin de s’exprimer est très grand. Tellement grand qu’il joue lui-même de tous les instruments sur ce projet, qu’il nomme Foo Fighters. Il fait paraître l’album, se monte un groupe et part en tournée. Grohl obtient un certain succès et aura une chance de donner suite à cette expérience, ce qui n’est pas le cas de l’autre ex-Nirvana, Krist Novoselic (quelqu’un se souvient de Sweet 75? Moi non plus).

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Dave Grohl saisira cette deuxième chance de main de maître. Tout d’abord, il doit se donner un son plus musclé que le punk-pop-grunge-timide de son premier disque. Pour ce faire, il engage le réalisateur Gil Norton, qui a longuement travaillé avec les Pixies, l’un de ses groupes préférés. D’ailleurs, la pochette fait drôlement penser à la facture visuelle du légendaire groupe indie. Grohl désire frapper fort et s’éloigner de ce qu’il a fait auparavant (sans toutefois le renier). Le résultat? Un rock puissant et honnête qui a le potentiel de faire lever de grandes foules.

L’intensité derrière l’album n’est pas un hasard, car Grohl vivait des trucs difficiles à l’époque. En effet, sa conjointe de quatre ans décide de le quitter et son groupe, plutôt instable, menace sans cesse de faire de même. Il va donc puiser loin pour l’écriture des pièces de son nouvel album, sachant très bien qu’il est sur le bord du gouffre, tant professionnellement que personnellement. Vous voulez des preuves? Essayez «Monkey Wrench», preuve que l’amour peut brusquement disparaître. Ou «Everlong», preuve qu’il peut magnifiquement renaître.

«Everlong» deviendra l’hymne dans l’œuvre des Foo Fighters. On y sent un Dave Grohl, véritablement à la croisée des chemins, reprendre vie subitement. La chanson est exceptionnelle et Grohl sait probablement qu’il n’écrira jamais son égal. D’ailleurs, il suffit de visionner un extrait en concert pour constater sa portée émotive. Et si «Everlong» est la chanson la plus extraordinaire du groupe, «My Hero» est sans doute la plus emblématique de ce que deviendra le chanteur: «There goes my hero / Watch him as he goes / There goes my hero / He’s ordinary». Voilà Dave Grohl en quelques lignes, l’incarnation parfaite du héros de tous les jours qui travaillent dur. Un peu comme Bruce Springsteen dans les années 1970 et 1980.

Il est assez incroyable de constater comment le batteur d’un groupe aussi dévastateur et autodestructeur que Nirvana peut devenir un rocker relativement terre-à-terre sans perdre aucune crédibilité. The Colour and the Shape a grandement contribué à façonner cette image des Foo Fighters. Se défoncer chez Kurt Cobain ? Non merci, je vais à un barbecue chez Dave Grohl.

Dave Grohl et sa bande seront au Festival d’été de Québec le samedi 11 juillet.

La prochaine chronique à surveiller le 16 juillet prochain: l’album «Brothers» des Black Keys. Consultez toutes nos chroniques précédentes au labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.

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