«Little Dark Age» de MGMT – Bible urbaine

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«Little Dark Age» de MGMT

«Little Dark Age» de MGMT

Le début d'un temps nouveau

Publié le 21 février 2018 par Édouard Guay

Crédit photo : Columbia Records

La traversée du désert fût longue et périlleuse pour Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser, les musiciens derrière MGMT. Après avoir enflammé les pistes de danse (et les palmarès) il y a onze ans, avec «Time to Pretend», «Kids» et «Electric Feel», issues de l’album Oracular Spectacular, les deux comparses ont entamé une longue série d’expérimentations, plus ou moins fructueuses, qui ont pris bien des fans de la première heure au dépourvu…

On ne peut pas dire que le duo, originaire du Connecticut, manque de courage: il aurait très bien pu se réfugier dans le confort et surfer sur la même vague ad vitam ad aeternam. Or, on le sait maintenant, la formation n’est pas intéressée à collectionner les succès populaires. Et se mettre en danger semble être en quelque sorte son maître mot.

La pop psychédélique des débuts a ainsi rapidement pris une tournure plus expérimentale sur le malaimé (mais excellent) Congratulations, et parfois même apocalyptique… Mais jouer ainsi avec le feu a ses conséquences, et le succès du groupe s’est mis à péricliter lors de la sortie de son troisième album homonyme en 2013. Inégal, aux pièces confuses et éparses, l’album n’a aucunement aidé MGMT à tomber dans les grâces des fans, dont plusieurs avaient commencé à baisser les bras.

Ainsi, ce Little Dark Age, sorti après cinq ans d’attente, prend des allures d’album de la dernière chance pour la formation, qui parvient ici à rassembler le meilleur des deux mondes à l’aide de pièces accessibles et avec juste ce qu’il faut d’expérimentations. Mais n’allez pas croire que MGMT a fait du copier-coller pour autant!

Dès les premières notes de «She Works Out Too Much», nous sommes happés par un univers orchestral, où les cuivres et les sonorités funk et jazzy sont une agréable surprise! La pop synthé de la pièce-titre et le psychédélisme à la sauce orientale de «When You Die» annoncent un album agréable, intéressant et, surtout, franchement amusant à écouter. Les amateurs de new wave des années 1980 se repasseront en boucle la formidable «Me and Michael»… Idem pour l’instrumentale «Days That Go Away».

Les paroles, noires et ténébreuses, côtoient des textures sonores lumineuses et diversifiées. VanWyngarden est en grande forme vocale et est ici formidablement servi par les productions plus abouties et travaillées que sur les précédents efforts de sa formation. Il évoque plusieurs maux propres à notre génération, dont la déconnexion sociale que représentent la technologie et plus particulièrement nos téléphones intelligents… L’album se conclut sur la rêveuse «Hand It Over» et cette maxime, propre à MGMT: «If we lose our touch, it won’t means much». 

Malgré quelques moments plus superflus (notamment les oubliables «One Thing Left to Try» et «When You’re Small»), MGMT signe un album avec une bonne durée de vie, son premier depuis Oracular Spectacular. Parvenant à mélanger habilement le meilleur de toutes les expérimentations accumulées dans leur besace depuis leurs débuts, Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser viennent d’atteindre leur âge d’or musical avec Little Dark Age, un retour plus que bienvenu qui est de très bonne augure pour la suite des choses, et qu’il sera intéressant de voir transposé sur scène, notamment le 17 mars prochain au MTELUS.

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