«Partir avant» de Rosie Valland – Bible urbaine

MusiqueCritiques d'albums

«Partir avant» de Rosie Valland

«Partir avant» de Rosie Valland

Réussir sa séparation

Publié le 18 septembre 2015 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Jean-Philippe Sansfaçon et Sansfaçon (Photographies & Vidéos)

C’est à la suite d’un chagrin d’amour que la finaliste folk-pop au Festival international de la chanson de Granby en 2012 et participante aux Francouvertes 2015, Rosie Valland, a composé les neuf ballades folk intimistes de son tout premier opus, Partir avant. On ne sait pas ce qu’il est advenu de son ancien amoureux, celui qui lui a inspiré des textes sombres et mélancoliques, mais franchement, on s’en balance; parce que la force que Valland est allée puiser à l’intérieur d’elle-même à la suite de cette épreuve lui a permis de créer une œuvre sublime, qui va certainement se hisser haut dans les palmarès de l’automne, et finalement, c’est ça l’important. Rosie Valland a clairement réussi sa rupture.

Et nous, on veut tout de suite l’adopter et la réconforter, quitte à l’écouter chanter ses tourments encore et encore, jusqu’à un prochain album s’il le faut, qu’on espère plus lumineux, mais aussi incarné et puissant. C’est que Partir avant a beau être bâti autour d’histoires d’un amour déchiré, déchirant, il n’en est pas moins un véritable cri du cœur, authentique et poignant.

Dès «Oublier», pièce d’ouverture de l’opus, l’émotion dans la voix nous saisit, et même si la chanson semble presque manquer de paroles, de contenu, et se répéter, elle n’en demeure pas moins percutante. Et jusqu’à la toute fin, en passant par des pièces comme «Noyer» et son envolée plus rythmée, on est totalement envoûté.

À la fois tout à fait assumée, mais aussi dans une espèce de délicatesse légère, la voix de Rosie Valland possède un grain singulier, qui pourrait parfois sembler emprunter les tonalités et les techniques vocales de Laurence Hélie – quoique dans un style complètement différent – mais qui, la plupart du temps, va jouer dans l’éraillé et l’écorché de Salomé Leclerc. Même les enrobages musicaux des morceaux ne sont pas sans rappeler le 27 fois l’aurore, surtout dans des pièces comme «Rebound», qui possède même une présence marquée du trombone, élément présent également chez la collègue Salomé.

Critique-album-Partir-avant-Rosie-Valland-Duprince-Bible-urbaine

Les sonorités un peu électroniques présentes sur des chansons comme «Partir avant», avec la voix un peu comme en suspens dans les airs, mais claire et limpide, et les guitares électriques pesantes comme sur «Olympe» et «Nucléaire» contribuent aussi à laisser croire que les fans de Salomé Leclerc sauront certainement apprécier la folk intimiste de Valland.

«Olympe» se démarque des autres morceaux, avec ses influences un peu plus pop, et sa voix plus douce, presque apaisante, tout en étant très chargée en sonorités électroniques et guitares électriques. On pourrait même croire au potentiel radiophonique de cette pièce, alors que d’autres, comme la poignante «Quebec City», avec la voix tellement éraillée qu’elle nous interpelle immédiatement et la montée en intensité vers le milieu, y passeraient difficilement.

Qu’à cela ne tienne, Partir avant saura trouver son public même s’il ne contient pas de hits radiophoniques; parce que Rosie Valland chante avec tout son cœur, elle crie sans tout à fait crier, et cette authenticité se sent dès la première écoute. Même si sa voix n’est pas toujours impeccable, elle est tout à fait parfaite dans son imperfection, et la vérité de ce premier album est bouleversante. Et même si on ne souhaiterait pas que l’artiste ait souffert davantage, il faut dire qu’au terme de seulement neuf morceaux, on en aurait pris encore.

L’album Partir avant de Rosie Valland est le tout premier album paru sous la nouvelle étiquette Duprince, le 18 septembre 2015.

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début