«The Mountain Will Fall» de DJ Shadow – Bible urbaine

MusiqueCritiques d'albums

«The Mountain Will Fall» de DJ Shadow

«The Mountain Will Fall» de DJ Shadow

Une escalade aventureuse

Publié le 11 juillet 2016 par Édouard Guay

Crédit photo : Mass Appeal et DJ Shadow

Paru il y a déjà 20 ans, l’exceptionnel Endtroducing, le premier album de Joshua Davis, alias DJ Shadow, a laissé un héritage colossal et a créé une montagne si immense qu’elle paraît aujourd’hui infranchissable, même pour les producteurs les plus aguerris.

Davis lui-même n’est jamais parvenu à se défaire complètement de l’ombre laissée par cette œuvre majeure, véritable bijou de hip-hop instrumental, qui a semblé le dépasser plus d’une fois. Bien peu de musiciens pourraient parvenir à gravir un sommet aussi imposant que celui du mont Endtroducing sans s’égarer en chemin. Conçu à l’aide d’une collection de milliers de vinyles, le niveau d’érudition requis pour faire un collage aussi réussi rend pratiquement impossible de refaire une telle œuvre deux fois et ça, Davis l’a vite compris.

Heureusement, son immense talent lui a permis de se construire une carrière durable, malgré des albums décevants, dont The Outsider et The Less I Know, The Better, qui souffraient d’une trop forte disparité dans les influences, rendant le résultat indigeste. Maintenant séparé de son label Mo’Wax, l’artiste entame un nouveau sommet avec The Mountain Will Fall, son cinquième album.

Si la montagne Endtroducing ne s’écroulera jamais et ne sera probablement jamais égalée en hauteur, ce nouvel album de l’as échantillonneur est plutôt convaincant dans l’ensemble, même qu’il s’agit de loin de son matériel le plus convaincant depuis The Private Press, paru en 2002. DJ Shadow troque un peu les tables tournantes et les multiples échantillonnages pour s’éclater dans de nouveaux registres comme le trap sur «Glass House» (déjà parue auparavant sur le EP Liquid Amber) le jazz sur «Ashes to Oceans» ou les rythmes très groove de «Bergschrund» (crevasse en allemand), le morceau le plus convaincant de l’album.

Le producteur émérite reste cependant proche de ses racines: la pièce-titre est une instrumentale hip-hop fort agréable, qui est suivi d’un mariage parfait avec l’excellent duo de rappeurs Run The Jewels sur «Nobody Speak». Le maître-scratcheur en DJ Shadow refait aussi surface sur «The Sideshow», un autre superbe moment de hip-hop, se rapprochant de la grâce instrumentale d’Endtroducing…

Quelques moments plus faibles comme l’ennuyeuse «Mambo» en milieu de parcours, ou la finale sans éclats de «Suicide Pact», viennent quelque peu freiner les ardeurs de l’auditeur, mais au final, on s’amuse beaucoup, il y en a pour tous les goûts avec The Mountain Will Fall: un peu de chaque ère musicale de DJ Shadow avec, en prime, des petites touches d’expérimentations savoureuses, comme «Three Ralphs» ou «California», avec leur côté freestyle spatial.

On sent que le Joshua Davis surdoué, collectionneur compulsif de vinyles, toujours à la recherche du son parfait, n’est pas très loin, et il s’amuse encore comme un enfant, escaladant encore et toujours (et sans harnais) de nouveaux sommets.

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Critiques d'albums

«The Getaway» des Red Hot Chili Peppers

Vos commentaires

Revenir au début