«Ultramarr» de Fred Fortin – Bible urbaine

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«Ultramarr» de Fred Fortin

«Ultramarr» de Fred Fortin

Folk, scotch et gazoline

Publié le 13 avril 2016 par Valérie Lachaîne

Crédit photo : Grosse Boîte et Karine Perron

Plus de six ans après Plastrer la lune (2009), Fred Fortin lance Ultramarr, son cinquième album en carrière. Unique en son genre, l'auteur-compositeur-interprète et multi-instrumentiste a traversé les époques sans égratignures. Dès les premières notes, on reconnaît le son de celui qui manie «rockement» la basse et la guitare.

Entouré des musiciens chouchous de l’heure au Québec (François Lafontaine au clavier, Sam Joly à la batterie, Olivier Langevin à la basse et Joe Grass aux guitares), il va s’en dire que la présence des frères Andrew et Brad Barr ajoute une touche bien particulière à cet opus. Les deux musiciens apparaissent sur la moitié des morceaux de l’album, à la batterie, au piano et à la guitare.

L’ambiance rôde dans les textures feutrées, le lapsteel y jouant pour beaucoup. Spécialement sur «Tête perdue», où on croirait être dans une nouvelle version d’une toune de Patrick Watson. On assiste à un mariage de folk et de rock progressif, ce qui rend l’ensemble de l’album plus doux et uniforme. Fortin va explorer ailleurs que dans le rock crasseux, ce dernier réservé en grande partie à Gros Mené.

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Chaque pièce est un petit trésor. L’extrait radio «10 $» est si joli, typique Fortin, l’écho dans la voix, avec une touche rétro ajoutée. «Gratte», avec sa guitare pleureuse, «Molly», avec son côté country et ses boots, «Ultramarr» et son piano western des années 20. On aime quand l’artiste nous récite ses paroles, sa voix suivant toujours les envolées des guitares.

L’album s’ouvre sur «Oiseau», une pièce pleine de luminosité malgré ses paroles plutôt sombres. En réalité, il s’agit du sentiment général d’Ultramarr: un album aux sonorités lumineuses, mais aux thématiques dark. Il en a marre, Fred. Mal de l’époque, d’être à la course, d’être en retard, de se faire crosser, de payer. Et il crée des personnages musicaux pour nous en parler. On sent beaucoup d’autodérision, à la limite du cynisme, surtout vers la fin de l’album, avec «L’amour ô Canada».

Composé dans son chalet de St-Félicien, Ultramarr est définitivement un disque d’hiver. On sent que Fortin l’a composé dans le frette, un scotch à portée de main. Album de route, l’ambiance musicale est riche et la tank à gaz est pleine. On embarque dans son vieux char, on hoche la tête, pis on part.

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