«Almanach» de Patrice Michaud au Club Soda lors des FrancoFolies de Montréal 2017 – Bible urbaine

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«Almanach» de Patrice Michaud au Club Soda lors des FrancoFolies de Montréal 2017

«Almanach» de Patrice Michaud au Club Soda lors des FrancoFolies de Montréal 2017

La classe des grands

Publié le 18 juin 2017 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Mathieu Pothier

C’était son troisième Club Soda depuis que son Almanach, troisième album, est paru en février dernier, et on savait son spectacle déjà bien rodé. Pourtant, c’étaient aussi ses septièmes FrancoFolies en sept ans, et il fallait bien se réserver quelques surprises pour célébrer ça! Patrice Michaud a tangué, samedi soir au Club Soda, entre le répertoire habituel, maîtrisé et approuvé, et la douce folie qu’on aime voir chez lui et qui nous le rend que plus charmant encore.

Même s’il commençait fort avec «Kamikaze», un hit qui s’est rapidement hissé aux plus hauts sommets des palmarès radio après sa sortie, et que la non moins entraînante «Cherry Blossom» suivait sans attendre, on le trouvait bien droit derrière son pied de micro et bien sage, Patrice Michaud, en début de soirée. Même après avoir installé une ambiance un peu plus aérienne pour «La saison des pluies» et avoir livré un très beau numéro, il y avait encore quelque chose qui clochait…

Un mot de bonsoir, des paroles, du «blabla»! Qui connaît Patrice Michaud sait à quel point il est verbomoteur et aime raconter des histoires – qu’il conte par ailleurs avec grand talent. C’est donc seulement après trois chansons que son naturel est revenu au galop: «C’est un bonsoir qui arrive exactement au moment où vous étiez en train de vous dire ‘’Coudonc…y’est rendu bête!’’», a-t-il lancé, joueur, avouant qu’il s’agissait d’un défi de son ami et co-metteur en scène du spectacle, Yann Perreau, que de ne pas saluer la foule tout de suite et de laisser passer trois chansons. Et racontant cela, il en met et il en ajoute, il se fait drôle et on retrouve notre bon vieux Patrice. Il nous a bien eus!

Et il n’en fallait pas plus pour le partir pour de bon: parlant ici des pas de danse de son père avant «Éloïse», déclenchant des éclats de rire tant durant l’anecdote que lors des quelques mouvements effectués durant ladite chanson, et là, du premier slow dansé à la polyvalente avec la fameuse Julie Pelletier, une secondaire 4 alors que lui n’était qu’en première, il captive et il brille de mille feux. Patrice Michaud maîtrise le sens de raconter une histoire, une bonne, avec juste ce qu’il faut de pauses aux bons endroits, d’accentuations et de mimes pour bien illustrer, et on sent que c’est pour lui presque une deuxième nature, une deuxième vocation qui serait absolument possible: un Fred Pellerin gaspésien.

Profitant de ses anecdotes pour élargir ses histoires et y inclure ses collègues musiciens pour ainsi les présenter (Mark Hebert à la basse, Marc Chartrain à la batterie, Guillaume Rochon aux claviers et Simon Pedneault à la guitare), l’artiste déclenche régulièrement des éclats de rire qui fusent de toutes parts. Et lorsqu’il nous raconte avec passion son amour des années 1950-1960 avant d’entamer une reprise francisée de «Stop» de Sam Brown (la chanson du fameux premier slow, entendue en août 2016 à Tandem, à ICI Radio-Canada Première), profitant du moment pour rendre hommage à cette période révolue où une chanson américaine nous arrivait le vendredi matin et était déjà traduite en français et présentée le vendredi soir, il fait encore rire. Ça ne peut faire qu’autrement, puisque ce qu’il dit est vrai; il met le doigt sur des vérités oubliées ou occultées, et c’est ce qui rend ses histoires encore plus amusantes.

Mais les éclats de rire les plus francs, et aussi les plus grands émerveillements, sont sans doute arrivés lorsque Michaud et son groupe nous sont apparus sur scène avec des vestes à paillettes et des verres fumés, devenant ainsi Les Majestiques, un groupe digne des années 1960 qui chante l’amour à des femmes: Julie («Julie revient, Julie s’en va») et, bien sûr, Marie («Je cours après Marie»). Beaux à voir dans leurs habits, alors que le grand rideau rouge se fermait sur eux à l’entracte, on aurait dit que les esprits des Beatles ou des Sultans n’étaient pas loin.

En revenant avec Guillaume Rochon aux claviers seulement, livrant «Les terres de la couronne» en formule piano-voix – du jamais vu pour Patrice Michaud, qui jusqu’ici n’avait pas de claviers dans son band –, le chanteur a su créer une bulle intime et un beau moment de grande douceur. Sans sa guitare, il a pu s’investir davantage dans son interprétation, et on salue l’habileté avec laquelle Michaud a su varier tout au long de la soirée les moments plus rock and roll et les numéros plus posés et fins, comme lorsque le fier papa nous a laissés entendre l’enregistrement de son fils de quatre ans et demi – maintenant cinq! – pendant «Tout le monde le saura».

Beaucoup plus endiablé durant la finale de «Le grand écart du cœur», avec solo de guitare électrique, gros jeux de lumière et grosse ambiance rock and roll, Patrice Michaud a aussi livré des numéros enlevants. Mais c’est surtout sa façon de jouer avec son public, et aussi beaucoup avec ses musiciens, essayant de leur jouer des tours et racontant des histoires à leur sujet, qui ont charmé.

La complicité entre les collègues est manifeste, et les autres membres aussi se laissent aller à quelques drôleries, créant une belle énergie sur scène et aussi, une belle bulle d’amour.

Le dernier couplet de «Mécaniques générales» livré seul avec un magnifique apport du clavier aurait effectivement été une jolie finale, mais le public a été plus qu’heureux de retrouver en rappel Les Majestiques, avec de surcroît des chansons parfaites pour nous faire swinger, tout à fait appropriées pour l’atmosphère voulue. Michaud lui-même énergisé par la foule et la musique de «Le crash du Concorde» se laisse aller à quelques pas de danse avant d’entamer à notre plus grande surprise un extrait de «C’est fou mais c’est tout», des Baronets. On a souri; le voilà qui revient avec son amour des années 1950-1960!

Puis, un retentissant «La la laa, La la laa!». Pardon? Le vrai Gilles Girard des Classels est apparu aux côtés des Majestiques pour offrir la fin de spectacle la plus irréelle vue depuis longtemps! Livrant deux de ses plus grands classiques et se laissant même aller à une anecdote, pour suivre les traces du grand Michaud, Gilles Girard a pris d’assaut la scène, laissant un Patrice Michaud juste fier d’avoir cette légende des années 1960 à ses côtés. Majestueux en Majestique traversant la scène avec sa tambourine pour aller au micro de Simon Pedneault faire de simples chœurs, l’artiste gaspésien a prouvé une fois de plus sa grande générosité, qui ne l’a pas quitté de la soirée, et a démontré qu’il avait définitivement la classe des grands.

L'événement en photos

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Par Mathieu Pothier

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Kamikaze

2. Cherry Blossom

3. La saison des pluies

4. M'espères-tu?

5. Éloïse

6. Stop (traduction française de la chanson de Sam Brown)

7. Julie revient, Julie s'en va

8. Je cours après Marie

9. Les terres de la couronne

10. Tout le monde le saura

11. L'anse blanche

12. Le grand écart du coeur

13. Apocalypse Wow

14. On fait comme si

15. Le feu de chaque jour

16. Mécaniques générales

Rappel

17. Le crash du Concorde

18. C'est fou mais c'est tout (extrait, chanson des Baronets)

19. Avant de me dire Adieu (par Gilles Girard)

20. Ton amour a changé ma vie (par Gilles Girard)

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