Arcade Fire au parc Jean-Drapeau de Montréal avec Dan Deacon et Spoon – Bible urbaine

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Arcade Fire au parc Jean-Drapeau de Montréal avec Dan Deacon et Spoon

Arcade Fire au parc Jean-Drapeau de Montréal avec Dan Deacon et Spoon

Exceptionnel et haut en couleurs

Publié le 31 août 2014 par Emmy Côté

Crédit photo : http://arcadefire.com/live

Arcade Fire posait le point final à sa tournée Reflektor devant une foule monstre de plusieurs milliers de personnes au parc Jean-Drapeau hier soir. Parce que la formation chérie ne fait jamais les choses à moitié, tenue de soirée ou costume était exigé pour l’évènement musical des plus attendus de l’année. C’est ainsi que, sur le parterre devant la scène, se mélangeaient beaux jeunes hommes en chemiser et cravate, élégantes demoiselles masquées, accoutrées comme si elles revivaient leur bal de finissants, et personnages drôlement surprenants qui avaient de quoi faire sourire. Que la fiesta commence!

Montréal a dû s’armer de patience depuis la sortie de Reflektor à la fin octobre l’an dernier avant d’avoir sa bande de musiciens fétiche pour elle seule. À neuf heures et quelques poussières, interpellée par des faisceaux lumineux blancs, la foule fébrile allait concentrer son regard ahuri sur ce mystérieux personnage, ressemblant à une boule disco humaine, qui s’élevait parmi elle, pour officialiser l’ouverture du dernier concert d’Arcade Fire à l’occasion de sa plus récente tournée.

Le concert naissait ensuite sous les rythmes dansants, aux sonorités disco, de «Reflektor». L’atmosphère était toute spéciale, chargée d’une belle émotion. Le goût de prendre part sans tarder à cette célébration nocturne et carnavalesque enveloppait déjà l’auditoire au grand complet. Fidèle à ce qu’on lui connaît, Arcade Fire a misé sur des effets visuels lumineux et multicolores pour donner plus de force encore à sa musique revigorante.

Au cours de la chanson-titre, l’écran géant, en fond de scène, présentait une série de cercles concentriques scintillants, emboîtés dans un quadrillé, un design évoquant assez facilement la célèbre peinture de Vassily Kandinsky, alors que deux dispositifs latéraux, situés de part et d’autre de la scène, transmettaient des images agrandies et en direct de la horde de musiciens qui se livraient corps et âme.

Une poignée d’invités, des percussionnistes et des saxophonistes, prenaient place aux côtés des membres réguliers d’Arcade Fire. Leur présence ne manquerait pas d’alimenter la palette sonore de la prestation grandiose qui voyait à peine le jour (ou la nuit, car elle était tombée).

Puis de longs rubans effilés, comme les couleurs libérées d’un arc-en-ciel, volaient et s’échappaient au-dessus de la foule. Vêtue d’une ravissante robe blanche luisante, qui lui allait comme un gant, Régine chantait les dernières paroles du morceau, brandissant deux miroirs octagonaux en direction de son public ensorcelé. Une entrée en la matière spectaculaire soit.

Lorsque Arcade Fire a renoué ensuite avec Funeral en interprétant, dans l’ordre, «Neighborhood #3 (Power Out)» et «Rebellion (Lies)», l’énergie du public a explosé encore. Difficile de ne pas s’époumoner sur les paroles de ces succès passés, vieux de dix ans déjà, qui nous faisaient reculer aux premières heures du groupe montréalais.

Bien parti, comme la flèche d’un archer, Arcade Fire a continué de sectionner l’air en entamant l’épique «Joan of Arc» alors que Win se dévouait à fond et que Régine s’investissait dans le rôle de la sainte guerrière. Après avoir revisité quelques titres des albums précédents, parmi les plus accrocheurs de The Suburbs (2010) et de Neon Bible (2007), «Haiti» et «Afterlife», l’une après l’autre, se rejoignaient à la perfection dans leurs percussions issues des Caraïbes.

«It’s Never Over (Oh Orpheus)» s’est avérée touchante. La scène s’étant d’abord perdue dans une lumière bleue et une brume épaisse, Régine s’y voyait frôlée par la Mort avant de livrer son dernier souffle, à la finale.

C’est «Sprawl II» qui viendrait clore le fabuleux concert d’Arcade Fire. La chanteuse d’origine haïtienne y reviendrait bel et bien à la vie, dansante et sautillante comme jamais, le sourire fendue jusqu’aux oreilles, pendant qu’elle s’évertuerait à faire tournoyer des rubans multicolores. 

Moment étrange que ce début de rappel. Un cube télévisé présentant une jeune Céline Dion camouflait la tête de la femme à la robe réfléchissante qui entrait sur scène. Le faux pape jean-Paul II à la tête de papier mâché acquiesçait au message de paix de la chanson «Une colombe». Win Butler s’est bientôt chargé de les interrompre! Plusieurs personnages avec des têtes de papier mâché avaient atteint la scène pour danser avec la troupe jusqu’à la fin.

Arcade Fire, reconnu pour aimer jouer des reprises, a choisi d’offrir l’une des meilleures chansons du défunt groupe montréalais Wolf Parade. «I’ll Believe in Anything» a été livré avec autant de conviction (ou presque) que l’original. La bande de Win a enchaîné avec «Here Comes the Night Time» qui donnait envie de fêter toute la nuit sous la pluie de confettis et de rubans.

La belle gang était visiblement heureuse de rentrer au bercail, comme l’ont répété à maintes reprises Butler et Chassagne. Comme Régine l’a mentionné aussi: «Montréal, c’est une ville créative où tout est possible. C’est précieux». Suivant ces belles paroles, le classique «Wake Up» a terminé la soirée sur une note exceptionnelle, tandis que des feux d’artifices s’élevaient vers les cieux qui s’illuminaient soudainement. On en aurait voulu encore et encore.    

Dan Deacon

La musique indie électronique surchargée et hyperactive de Dan Deacon ne pouvait laisser personne de marbre, bien que fut assez brève sa performance. Pour réveiller la foule avant Arcade Fire, le choix était convaincant, mais il n’était sûrement pas facile pour tous. L’artiste de Baltimore aux talents d’animateur incontestable a joué quatre chansons, dont «Konono Ripoff #1», qui s’est avérée le clou de sa prestation avec ses sonorités «nintendoesque» bizarroïdes. Deacon possède l’art de nous faire sentir invincible, comme si on portait une armure robuste sur laquelle rebondissent les coups sonores de sa musique sur le speed. Bien réussi. 

Spoon 

Spoon a offert une performance respectable bien que la foule écoutait d’une oreille trop distraite à notre goût. La couverture du nouvel album They Want My Soul, mais inversée, la paume de la main présentée vers le bas, constituait la toile de fond légère et suspendue au-dessus de la scène. La formation de Britt Daniel a ouvert avec «Don’t You Evah» et «You Got Your Cherry Bomb», figurant toutes deux sur l’album acclamé Ga Ga Ga Ga Ga (2007). De la plus récente offrante, on se réjouissait de découvrir live ces trois morceaux intéressants que sont «Do You», «Knock Knock Knock» et «Inside Out». À voir en tête d’affiche lors de son prochain passage.

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Reflektor

2. Neighborhood #3 (Power Out)

3. Rebellion (Lies)

4. Joan of Arc

5. Empty Room

6. The Suburbs

7. Ready To Start

8. Neighborhood #1 (Tunnels)

9. We Exist

10. My Body Is a Cage (intro) et Keep the Car Running

11. No Cars Go

12. Haiti

13. Afterlife

14. It’s Never Over (Oh Orpheus)

15. Sprawl II

Rappel

16. Extrait Une Colombe (Céline Dion)

17. Normal Person

18. I’ll Believe in Anything (reprise de Wolf Parade)

19. Here Comes the Night Time

20. Wake Up

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