Les Verts se démarquent malgré le Funk des Oranges à la LNI – Bible urbaine

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Les Verts se démarquent malgré le Funk des Oranges à la LNI

Les Verts se démarquent malgré le Funk des Oranges à la LNI

Des équipes remaniées qu'il faudra redécouvrir

Publié le 10 février 2015 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Andréanne LeBel

C’est dans un esprit de total renouveau que la Ligue Nationale d’Improvisation (LNI) a ouvert sa saison 2015, lundi soir, au Club Soda de Montréal. Apparition de la technologie vidéo pour que Christian Vanasse effectue des entrevues en coulisses entre les périodes, des équipes complètement remaniées pour rééquilibrer les forces, une saison plus longue avec davantage de matchs, et même une campagne de promotion sous le thème «Redécouvrir la LNI»: il y en a, du nouveau! Si le tout promet pour une année 2015 excitante, il faudra néanmoins que les équipes réapprennent à se connaître et à miser sur les forces des uns et des autres, pour élever d’un cran le niveau de jeu par rapport à ce qui a été vu sur la patinoire lors du premier match, le 9 février, opposant les Verts aux Oranges.

Ce sont les Verts de Christian Brisson-Dargis qui ont ouvert la marque, en remportant la première improvisation, de type comparée, ayant pour thème «Tout allait ben». Tout aura effectivement si bien été pour l’équipe réunissant Salomé Corbo, Diane Lefrançois, Mathieu Lepage et Laurent Paquin, qu’ils ont remporté cette première confrontation de l’année, mais non sans efforts et quelques sueurs froides. C’est que malgré l’avance bien établie par les Verts, l’écart entre les points a fini par s’amincir considérablement en fin de match, concédant la victoire à l’équipe des visiteurs par un point seulement, avec la marque de 8 à 7.

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Ce sont d’ailleurs des joueurs de l’équipe des Oranges qui ont su se démarquer davantage tout au long de la soirée, notamment avec la doyenne de la ligue, Sophie Caron (qui disputait lundi son 125e match en carrière), et la jeune recrue qui, au contraire, en était à son premier match en saison régulière, Pier-Luc Funk. Tous les deux ont respectivement été sélectionnés par le comédien Louis-Georges Girard comme étant la première et la deuxième étoile de la partie, ce qui était amplement mérité, bien que Funk aurait très bien pu obtenir les grands honneurs.

C’est effectivement le jeune comédien, qu’on peut voir comme comédien maison à SNL Québec, mais qui s’est fait connaître dans des émissions jeunesse telle Tactik, qui a fait preuve du plus grand investissement physique tout au long de la soirée. Créant des personnages toujours complets, ayant tantôt un accent particulier, tantôt une déformation physique telle une bosse dans le dos créée à l’aide d’un chandail en boule sous son autre chandail, Funk a fait preuve de beaucoup d’audace, mais aussi d’ingéniosité. Même en mimant certaines improvisations, le jeune homme a su se démarquer et être très précis dans ses gestes, démontrant une vision très claire de son propre jeu. C’est sans doute lors de l’improvisation intitulée «Dutanzt wirklichnsehr gut» qu’il a le plus ravi, créant un personnage de servant tout à fait soumis, recroquevillé et au ton presque effrayé, rappelant quasiment l’elfe Dobby de la saga Harry Potter. Face à la redoutable Salomé Corbo dans cette improvisation, il a apporté plusieurs éléments à l’histoire et s’est montré à la hauteur, contribuant à accorder le point de ce numéro à son équipe.

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Mais si c’est la doyenne Sophie Caron qui s’est mérité la première étoile, c’est sans doute pour sa capacité à récupérer les gaffes de ses comparses en les insérant dans l’intrigue développée et ainsi en faire des éléments devenus cohérents et non plus fautifs. Contre Mathieu Lepage dans une improvisation comique sous le thème «Downtown Laval», Caron a sans doute évité une autre pénalité grâce à sa grande écoute et à sa capacité de rebondir.

Car des pénalités, il y en a eu durant ce premier match de l’année! L’officiel Simon Rousseau a sans doute voulu donner le ton et élever d’un cran le niveau de jeu des improvisateurs, puisque au cours de la soirée plusieurs pénalités de cabotinage, de confusion et de décrochage ont été remises aux deux équipes, dont une de confusion spécifiquement à la joueuse Caron, qui n’est pas infaillible. L’arbitre avait cependant raison: les joueurs ont mis du temps, en première période, à véritablement créer des trames narratives, se contentant de surfer sur les termes du thème sans aller au 2e degré ou sortir du convenu. Il était clair, surtout lors d’improvisations comme la chantée où Diane Lefrançois et Marie-Soleil Dion se sont affrontées, que les joueurs ne savaient plus toujours où s’en aller, semblant espérer que les minutes filent et que le sifflet ne retentisse, marquant la fin du numéro.

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Si les Oranges de René Rousseau ont prouvé leur capacité à créer davantage de personnages marquants et complets, notamment grâce à des joueurs comme Funk et Jean-François Aubé, les Verts de Brisson-Dargis ont davantage travaillé les histoires. La comparée «Lapsus», où le joueur Lepage s’est trompé de nom au lit avec Corbo, l’appelant Peter, avant que Laurent Paquin n’arrive en voisin déclarant «J’ai entendu crier mon nom?» a déclenché de nombreux rires et a été davantage remarqué que l’histoire médiévale des Oranges, ne reprenant le thème qu’en mentionnant un «Empereur Lapsus»…une proposition bien peu convaincante.

C’est aussi lors d’une autre comparée, «La canicule», que les Verts se sont le plus démarqué, Paquin et Lefrançois faisant preuve d’une très grande originalité et aussi d’une belle complicité. «Je t’ai promis le Sud, on va se le faire, le Sud», a déclaré Paquin en montant le chauffage de l’appartement (imaginaire), avant que Lefrançois ne propose de mettre son bac à massage de pieds à high pour faire du surf. Une belle folie tout à fait hilarante, beaucoup plus intéressante que la proposition classique de sécheresse et de vague de chaleur des Oranges, qui n’ont rien réinventé ici.

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Car c’est bien de ça qu’il s’agit à la LNI: se réinventer. Réinventer la complicité entre les joueurs nouvellement unis, réinventer les personnages, les histoires et l’ingéniosité, et réinventer ou plutôt repousser les limites du jeu de l’improvisation. Car ce qui a été démontré, lundi le 9 février, c’est qu’il faudra encore du travail pour arriver à tout réinventer, l’arbitre Rousseau déclarant avec justesse que lors des deux premières rondes, chaque improvisation qui a dépassé cinq minutes s’est mérité une punition. Les joueurs ont-ils eu de la difficulté à resserrer leurs idées et à s’organiser, lors de leur premier match en 2015?

Il faudra sans doute être indulgent et leur laisser le temps de s’apprivoiser pour améliorer tous ces points, mais après tout, il ne faut pas oublier que la LNI demeure un jeu. Et s’il faut jouer en s’amusant, c’est exactement ce que les Verts et les Oranges ont offert lors de ce premier match, qui est finalement de bon augure pour la suite de la saison 2015 et pour redécouvrir les joueurs.

La saison 2015 de la LNI se tiendra jusqu’au 8 juin, date de la finale de la Coupe Charade. Parmi les matchs spéciaux, la rencontre entre la LNI et des comédiens de Vrak la vie, le 1er mars, et le Match des étoiles, le 30 mars. Pour le calendrier complet, visitez le site web de la LNI.

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