Benjamin Francis Leftwich au Café Campus: une eau trop calme dans une mer de gratitude – Bible urbaine

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Benjamin Francis Leftwich au Café Campus: une eau trop calme dans une mer de gratitude

Benjamin Francis Leftwich au Café Campus: une eau trop calme dans une mer de gratitude

Un concert sans vagues

Publié le 19 octobre 2019 par Myriam Majeau

Crédit photo : Tous droits réservés

Le Café Campus de Montréal accueillait, jeudi soir, l'auteur-compositeur-interprète britannique Benjamin Francis Leftwich. C'était l'ultime occasion pour les amateurs de l'artiste de style indie folk de savourer en direct quelques morceaux de son plus récent album Gratitude, paru en mars dernier. Malheureusement, la portion canadienne de cette tournée nord-américaine s'est achevée par un concert un peu terne, qui m'a laissée plutôt perplexe. Voici pourquoi.

Un silence étonnant

C’est une foule éparse et étonnamment silencieuse qui a accueilli Abraham Alexander, chargé d’assurer la première partie du concert de Leftwich. L’auteur-compositeur texan, se distinguant par un chapeau couleur paille à large bord, garni d’un ruban de velours rouge, a interprété les chansons de son EP, paru en septembre dernier. Seul sur scène avec sa guitare, et doté d’une voix magnifique, empreinte à la fois par le blues, la musique soul, le R&B et le gospel, Alexander a su transporter le public vers son univers intime.

Une vingtaine de minutes plus tard, peu après 21 h, Benjamin Francis Leftwich a fait une entrée timide sur scène, muni de sa guitare, devant un public toujours aussi discret. Derrière le micro, les yeux fermés, il a débuté sa prestation avec la chanson «Sometimes», tirée de son dernier opus. Dans le confort de mon salon, l’écoute de ce titre m’avait procuré un sentiment de bien-être et de nostalgie. En direct, elle n’a malencontreusement pas eu l’effet attendu, me laissant plutôt indifférente.

Hormis cela, un autre point qui distingue particulièrement cet évènement des autres auxquels j’ai assisté, c’est le silence stupéfiant de la foule, composée de quelques dizaines de personnes. Avant, pendant et après chaque titre enchaîné par l’artiste, quelques applaudissements, et puis… silence. Au départ, j’avais l’impression que c’était l’effet qu’imposait le rythme lent des ballades, et qu’un élément de surprise viendrait enfin allumer la flamme de la passion, autant chez Leftwich que chez ses spectateurs. Malheureusement, la suite du spectacle n’aura été qu’un long fleuve tranquille.

Un manque de fluidité flagrant et ses répercussions

De plus, une absence de fluidité a marqué au fer rouge cette prestation musicale. Je fais premièrement référence aux trop nombreux changements de guitares qui mettaient constamment le concert sur pause, un membre de l’équipe technique apparaissant toujours sur scène pour procéder à l’échange.

J’ajoute à cela le fait que Leftwich en profitait à tous coups pour lui glisser quelques mots à l’oreille, ce qui a indéniablement ajouté au temps d’attente vécu par le spectateur. Étant donné que le concert a duré, au total, soixante-cinq minutes (incluant le rappel), nous sommes en droit de juger que cette prestation était beaucoup trop brève pour un artiste qui a trois albums studio à son actif…

Outre cela, Leftwich a parfois pris l’initiative de s’éloigner du micro et de descendre dans la foule pour jouer les derniers accords de certaines chansons, démontrant ainsi son désir d’être près de son public. Nous étions plusieurs à nous questionner sur la pertinence de cette démarche, car après avoir plaqué deux ou trois accords, il remontait sur scène, interrompant notre excitation qui avait soudainement envie d’éclore.

Quand une chanson capte notre attention

Le clou de ma soirée est, sans aucun doute, le moment où il a interprété «Pictures», provenant de son premier album Last Smoke Before the Snowstorm, datant de 2011. En version acoustique, sans microphone, Leftwich a pris le temps de regarder chaque spectateur, d’établir un lien avec son public, créant un moment d’une intensité particulière. Cela a été la preuve incontestable que Leftwich est capable de faire mieux que lors de cette prestation.

Une incompréhensible déception

Ce qui me laisse perplexe, c’est que tout était en place pour donner lieu à un spectacle éblouissant: la salle du Café Campus est d’un format idéal pour favoriser une connexion intime entre le chanteur et son public, et les mélodies de Leftwich sont un baume pour l’âme. De plus, sa voix douce, parfois murmurée, invite quiconque au calme intérieur. Malgré cela, le courant n’a pas passé.

Peut-être était-ce dû au manque d’énergie de l’artiste britannique, qui nous a avoué être passé par toute une gamme d’émotions pendant cette tournée. Peut-être était-ce aussi, selon ses dires, la fatigue causée par les longs trajets des derniers jours à travers le Canada. Nous pourrions aussi accuser, en dernier lieu, la pluie diluvienne qui s’est abattue sur la métropole tout au long de cette journée automnale, ou encore la foule trop silencieuse.

Mais le constat reste le même: je suis sortie de la salle avec la triste impression d’avoir assisté à un spectacle bâclé.

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