Le bourlingueur Wax Tailor au Métropolis de Montréal lors du FIJM 2017

La pilule avait été difficile à avaler pour certains lors de l’annonce de l’annulation du concert prévu le 21 janvier dernier. Un peu plus de six mois plus tard, et un rajout dans la programmation du Festival international de Jazz de Montréal, Wax Tailor posait enfin ses platines sur la scène du Métropolis.

Bourlingueur dans l’âme, le boss du trip-hop français n’a dès lors pas caché sa joie de s’offrir un aller-retour express sur le sol québécois accompagné de l’incontournable Charlotte Savary. Interprète des premiers jours de l’épopée Wax Tailor, la diva à la voix suave et voluptueuse participait ainsi à cet immense collage de sonorités éclectiques tantôt rétro, tantôt originales et contemporaines.

Dans un set intense, Wax Tailor s’est, comme l’on pouvait s’y attendre, amusé à nous faire voyager dans cette Amérique fascinée aux frontières du blues-rock et du soul où Jack Kerouac et le jazz ne sont jamais bien loin, mais aussi dans une discographie qui comporte déjà son lot de réjouissances (Seize The Day, Positively Inclined, The Chase, This Train, To Dry Up, etc…)

Et c’est bien dans ce blues-rock à la CCR persécuté par la beatbox («I Had a Woman») où dans le hip-hop énergique à la manière du Wu-Tang Clan («Worldwide», «Beed Away») que Wax Tailor était attendu au tournant. S’il n’a pas fauté dans l’entrain, la performance ou l’enchainement des très nombreux morceaux, le normand d’origine a su également nous faire profiter de la splendeur de sa cinéphile.

Les projections comme la musique s’entremêlent dans des travellings et plans américains dans une maîtrise tout en Technicolor. Et comme l’homme aux multiples casquettes (producteur, auteur, compositeur, arrangeur, etc.) nous y a habitués tout au long de sa carrière, le final cut est diablement dominé et contrôlé. Le point noir dans tout ça revenait à l’éclairage parfois désastreux d’un Métropolis qui nous a souvent habitué à mieux.

Ainsi soit-il, ce passage éclair a permis à l’artiste de nous montrer l’étendue de sa virée musicale au coeur des grands espaces américains sans négliger ses nombreuses touches urbaines et l’authenticité très «bristolienne» de sa musique.

À 40 ans passés, une carrière florissante et son fidèle chapeau, Wax Tailor n’a pas déçu dans l’antre de la rue Ste-Catherine qui grouillait d’excitation avant, pendant et après le concert.