City and Colour: célébrer la vie et la mort – Bible urbaine

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City and Colour: célébrer la vie et la mort

City and Colour: célébrer la vie et la mort

Dallas Green et son sympathique fatalisme s’amènent chez nous en mai

Publié le 17 février 2020 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : Renee Rodenkirchen

Il y a un fossé assez profond entre le style musical d’Alexisonfire, la formation post-hardcore dans laquelle officie l’Ontarien Dallas Green, et son projet City and Colour. Le très prolifique compositeur est agile dans les deux genres, mais le folk introspectif de son projet solo a quelque chose de profondément personnel, non seulement parce qu’il est le seul à y prendre les décisions qui comptent, mais aussi parce qu’il s’en sert à la fois comme exutoire et comme thérapie.

La finalité de la vie et la solitude sont des thèmes fréquents chez Green, dont l’étiquette de disques s’appelle Dine Alone. Écrire et composer de la musique est pour lui une sorte de déversoir, une soupape de sécurité pour laisser sortir ses tourments, lui qui avoue ouvertement dans diverses entrevues laisser longtemps mûrir ses réflexions avant de les utiliser comme combustible à créativité.

La création d’un monstre

Lancé au départ, en 2005, comme un projet à l’avenir incertain, et à la simplicité désarmante – il n’y avait que Dallas et sa guitare sur le premier album Sometimes, après tout – City and Colour a évolué organiquement, séduisant une armée d’amateurs au fil du temps pour devenir une entité propre, un groupe très estimé et presque plus populaire qu’Alexisonfire.

Et au fil des albums, les sonorités se rapprochent de plus en plus du concept rêvé par Green au début du projet, car il a toujours été important pour lui d’évoluer, de tenir compte des erreurs du passé, pour faire mieux dans le présent. Depuis 2015 avec If I Should Go Before You, un titre aussi romantique que morbide, il nous offre des chansons plus longues, plus texturées, voire plus planantes, qui abordent des sujets tels que la mélancolie inévitable de l’existence, la société en pleine mutation et, bien sûr, la mort – thématique obsessionnelle chère à l’auteur.

D’ailleurs, la mort de son ami, collaborateur et co-producteur Karl Bareham une semaine avant la sortie de l’opus A Pill for Loneliness, l’an dernier, l’a décidé à opérer un changement dans sa routine de tournée; il ne sera accompagné, sur la route, et pour une majorité de dates, que de son ami multi-instrumentiste Matt Kelly sur scène. Un choix qui est non seulement une forme d’hommage à son collaborateur disparu, mais aussi une façon pour ses fans d’assister à des concerts beaucoup plus intimistes.

Tous les hommes sont mortels

Le deuil n’est pas étranger à la démarche créative derrière City and Colour, et quiconque évoluant dans le milieu du rock vous le confirmera: c’est un choix de carrière où les excès et la popularité soudaine représentent un certain danger pour la stabilité émotionnelle. Certains ne résistent pas à la pression, et d’autres vieillissent prématurément, avec tous les désagréments physiques que cela représente. Dans une entrevue accordée à Vice en 2015, Green avouait qu’il envisageait toujours l’enregistrement d’un album comme s’il s’agissait de son dernier, puisqu’on ne sait jamais ce qui peut (nous) arriver.

Un fatalisme d’où émane une grande sagesse.

City and Colour sera de passage deux soirs au MTELUS les 24 et 25 mai. Le concert du 24 affiche déjà complet, mais vous pouvez encore acheter des billets – faites vite! – pour la supplémentaire ayant lieu le lendemain ici.

*Cet article a été produit en collaboration avec evenko.

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