«Le Cri du monde + Soft virtuosity, still humid, on the edge» de la Compagnie Marie Chouinard à la Place des Arts – Bible urbaine

SortiesDanse

«Le Cri du monde + Soft virtuosity, still humid, on the edge» de la Compagnie Marie Chouinard à la Place des Arts

«Le Cri du monde + Soft virtuosity, still humid, on the edge» de la Compagnie Marie Chouinard à la Place des Arts

Le réel insolite

Publié le 27 septembre 2017 par Cristina Birri

Crédit photo : Nicolas Ruel et Marie Chouinard

Marie Chouinard conviait le public à l’ouverture de la 20e saison de Danse Danse avec un programme double comprenant Le Cri du monde et Soft virtuosity, still humid, on the edge au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts le 26 septembre dernier. Alors que la première pièce faisait partie du répertoire de Chouinard depuis l’an 2000, la seconde avait récemment été créée en 2015. Lors de la soirée, la chorégraphe décortiquait d’abord le corps pour ensuite s’intéresser au temps et à l’espace, le tout à l’aide d’une troupe d’interprètes fort investis.

L’articulation des corps

Avec Le Cri du monde, la chorégraphe a travaillé le corps sous toutes ses coutures, angles et ondulations. Le paysage scénique est plastiquement beau et bien calculé; le mariage du costume épuré, soit un collant foncé et transparent et un ruban adhésif noir collé sur le tronc, allié à la trame sonore de Louis Dufort et aux éclairages, donne un tout à la fois organique et intriguant. Facilement, on se laisse bercer par l’enchaînement de différentes images au son de vibrations graves mêlées à une douce voix de femme.

Bien que l’espace soit brillamment utilisé et que le vocabulaire gestuel soit singulier, rappelant à ses heures l’Après-midi d’un faune de Vaslav Nijinski, la succession d’images devient parfois lassante. Allant de soli à unissons de groupes, de traversées de scène à isochronies déchaînées, on se perd dans les diverses façons de décortiquer le corps sans que l’idée n’évolue, sans être transporté d’un point A à un point B. Les capacités des interprètes surprennent et le mouvement de leur corps fascine, mais on additionne les maladresses lorsque ceux-ci se regroupent pour danser à l’unisson, manquant malheureusement l’opportunité de nous ébahir davantage. Le Cri du monde part d’un concept connu, soit le corps, pour le rendre presque qu’irréel grâce à la façon dont Chouinard l’exploite; toutefois, on s’en tient à cette idée sans la transcender.

Étirer le temps

Dans la seconde pièce, Chouinard plonge dans une étude temporelle et spatiale. Une caméra placée au ras du sol filme les danseurs et projette leur image en gros plan sur la toile de fond. Ce dédoublement offre un point de vue plus intime sur l’action alors que le spectateur peut voir de plus près les expressions faciales des interprètes. À cela s’ajoutent des démarches désarticulées résultant d’un fort travail d’états de corps, une gestuelle fluide et encore une fois une belle exploitation de l’espace scénique, le tout enrobé d’une autre captivante composition Louis Dufort.

Soft virtuosity, still humid, on the edge est un assemblage d’idées insolites où le spectateur peut voir le fruit d’explorations entourant un même sujet sans forcément se laisser emporter dans l’univers proposé par la chorégraphe. En effet, l’œuvre montre une suite de tableaux dont on perd parfois le rythme; bien que le temps soit un des thèmes centraux de l’œuvre, on ne saurait trop dire s’il se fait long car la dramaturgie en veut ainsi ou s’il a été oublié lors de la création.

Bilan de soirée

Le côté plastique des deux œuvres est impeccable. Dans le visuel, les mouvements et les sons, on retrouve une signature solide et cohérente. Celui qui cherche un bonbon pour les yeux sera satisfait par l’expérience offerte lors de la soirée. D’un autre côté, le spectateur qui désire voyager vers de nouveaux horizons restera sur son siège. Les deux œuvres étant esthétiquement peaufinées telles des peintures deviennent des tableaux vivants, mais laissent une impression de toile, avec des limites impénétrables.

Ce programme double sera présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts le 27 septembre à 20h. Pour avoir l’occasion de voir une autre œuvre de la même compagnie, Jérôme Bosch: le jardin des délices sera présenté les 28, 29 et 30 septembre à 20h au même endroit.

L'événement en photos

Par Nicolas Ruel et Marie Chouinard

  • «Le Cri du monde + Soft virtuosity, still humid, on the edge» de la Compagnie Marie Chouinard à la Place des Arts
  • «Le Cri du monde + Soft virtuosity, still humid, on the edge» de la Compagnie Marie Chouinard à la Place des Arts
  • «Le Cri du monde + Soft virtuosity, still humid, on the edge» de la Compagnie Marie Chouinard à la Place des Arts
  • «Le Cri du monde + Soft virtuosity, still humid, on the edge» de la Compagnie Marie Chouinard à la Place des Arts
  • «Le Cri du monde + Soft virtuosity, still humid, on the edge» de la Compagnie Marie Chouinard à la Place des Arts

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début