Daniel Caesar au MTELUS lors du Festival International de Jazz de Montréal 2018 – Bible urbaine

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Daniel Caesar au MTELUS lors du Festival International de Jazz de Montréal 2018

Daniel Caesar au MTELUS lors du Festival International de Jazz de Montréal 2018

La facilité d'un public conquis d’avance

Publié le 3 juillet 2018 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Mathieu Pothier

Le MTELUS faisait salle comble, lundi soir, pour ce premier spectacle de deux offerts par la jeune sensation torontoise du R&B, Daniel Caesar, à l’occasion du Festival International de Jazz de Montréal. À voir la charge d’amour et les cris survoltés lancés tout au long de la soirée, on comprend vite la décision de l’organisation d'avoir décidé d'offrir une seconde soirée. Le jeune chanteur canadien, bien qu’avec un seul album complet en poche, a déjà sa base d’admirateurs inconditionnels, et c’est donc devant ce public conquis d’avance et aisément impressionnable que Daniel Caesar a performé, avec facilité.

Daniel Caesar a pris sa guitare électrique après avoir fait brûler ce qui semblait être de la sauge sur scène et après avoir «purifié» ses musiciens, et la foule a crié. Daniel Caesar a entamé la conversation avec un «Montréal!» tout simple et facile, et la foule a crié. Daniel Caesar a ajouté «What a pleasure to be here», et la foule a crié.

Il n’en fallait pas plus pour que le chanteur saisisse l’ampleur de sa popularité auprès de son public qui était déjà en délire dès son entrée sur scène et qui chantait déjà, dès les premières notes de «Japanese Denim». Sans doute prit-il alors rapidement le pouls de la situation: ça allait être une soirée magique, mais facile.

Facile comme dans ne pas avoir à jouer le jeu de la séduction, et peut-être même comme dans ne pas avoir à tout donner pour impressionner. Facile comme dans quoiqu’on fasse, ce sera apprécié. C’était facilement détectable dès «Hold Me Down», que le public a reconnue tout de suite et s’est mis à chanter, connaissant visiblement toutes les paroles.

Le chanteur en a donc profité: tout au long de son concert, il n’a pas hésité à souvent tourner son micro vers ses spectateurs et à les faire chanter de petits ou de grands bouts, jusqu’à certains couplets entiers, en leur rappelant parfois ligne par ligne ce qu’il fallait chanter.

La musique soutenant Daniel Caesar est plutôt percussive, la présence de la batterie et de la basse étant bien marquée, et le chanteur souligne parfois la rythmique avec certains mouvements de bras saccadés, mais autrement, c’est une performance dans l’ensemble assez statique qu’il nous a livrée.

Ce sont ses trois choristes, les premiers, qui se sont dégourdis et qui en mis plein la vue durant l’ouverture de «Neu Roses (Transgressor’s Song)», prenant les devant de la scène et chantant en dansant, ce qui a déclenché des cris de joie dans la foule. Lorsque Caesar est réapparu et que le band s’est lancé de plus belle avec un rythme dynamique, tout le monde, tant sur scène que dans la salle, s’est déchaîné, faisant de ce moment l’un des plus enlevants de la soirée.

En offrant «West», la pièce du Canadien River Tiber à laquelle il a participé, c’est sa polyvalence dans les hautes envolées en voix de tête qu’il a démontrée, en chantant tout en douceur sur fond de synthétiseurs.  Cette groove jusqu’ici inégalée fît spontanément claquer les spectateurs des doigts.

Son solo de guitare en finale de «Transform» était aussi assez bien maîtrisé, mais autrement, avec des paroles comme «You’re the coffee that I need in the morning / You’re my sunshine in the rain when it’s pouring» et «If life is a movie / Oh you’re the best part» («Best Part»), la musique de Daniel Caesar peut se révéler assez cheesy, en plus d’être, la plupart du temps, très douce, au tempo lent, et donc assez tranquille. C’est beau et agréable, mais ça manque parfois un peu d’entrain pour animer une aussi grande foule.

Il y a eu, malgré tout, de beaux moments, comme lorsque le public chantait tout doucement, en boucle, «We find love, we get up / And we fall down, we give up», soutenant Caesar qui continuait à chanter son appréciée «We Find Love», ou encore quand le chanteur s’est assis sur un banc pour interpréter presque seul, sur fond de piano simple, la douce «Blessed», rendue de façon très jazzée.

Il était beau, aussi, de voir que l’interprète n’avait presque plus besoin de chanter durant «Get You», en rappel, tant la foule s’y donnait à cœur joie et connaissait les paroles de l’artiste par cœur, au mot à mot, sans avoir besoin de rappel.

Bien sûr, Daniel Caesar témoigne de la sympathie à son public et assure qu’il est étonné de cet amour incroyable qu’il reçoit de la foule, mais on le sent malgré tout un peu comme sur le pilote automatique, comme s’il était conscient d’une formule qui fonctionnait bien et qu’il l’appliquait sans se poser de questions (la facilité!)

On ne sent pas toujours beaucoup de ressenti dans ses interprétations ni de communion particulière avec le public, malgré qu’il le fasse participer. S’il n’est pas pour autant froid, il n’apparaît pas non plus très incarné. Ça ne semble pas déranger outre mesure la foule, qui s’est exclamée du début à la fin, mais il faut dire qu’on ne ressent pas d’avantage particulier à le voir sur scène plutôt qu’à l’écouter sur disque, sinon l’incroyable sensation de chanter en chœur avec plus de deux mille personnes.

L'événement en photos

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Par Mathieu Pothier

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Japanese Denim

2. Violet

3. Hold Me Down

4. Take Me Away

5. Neu Roses (Transgressor's Song)

6. West (de River Tiber feat. Daniel Caesar)

7. Best Part

8. Transform

9. We Find Love

10. Blessed

Rappel

11. Get You

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