«Dans la peau de...» l'écrivain Patrick Senécal – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» l’écrivain Patrick Senécal

«Dans la peau de…» l’écrivain Patrick Senécal

Son nouveau roman «Faims» en magasin le 22 octobre

Publié le 9 octobre 2015 par Éric Dumais

Crédit photo : Karine Davidson Tremblay et Jean-Michel Cholette (couverture de «Faims»)

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou groupe afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Cette semaine, nous avons interviewé l'écrivain Patrick Senécal, qui nous parle de son premier contact avec l'horreur et de Faims, son plus récent roman à paraître aux Éditions Alire le 22 octobre.

1- À quel moment dans ta vie as-tu été foudroyé par cet éclair lucide qui t’a fait réaliser que l’horreur serait un jour une part importante de ta passion pour l’écriture et la littérature en général?

«Le plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un livre dans les mains, BD ou roman. Et j’ai commencé à inventer des histoires aussitôt que j’ai su faire des dessins un tant soit peu reconnaissables. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu cette envie si tôt. Je n’avais pourtant pas besoin de réinventer un quotidien malheureux: ma mère n’était pas alcoolique et mon père ne me battait pas à coups de calorifère…»

«Pour ce qui est de l’horreur, par contre, je me rappelle exactement le moment où elle m’a frappé de plein fouet: j’avais onze ans, j’attendais mon ami sur le perron de sa maison et j’ai commencé à lire un recueil de nouvelles de Jean Ray, un livre que j’avais pris à la bibliothèque dans la section adultes parce que je trouvais la couverture très cool (avec fantômes et tout). La nouvelle Le psautier de Mayence m’a tellement terrifié que je me suis dit la journée même: «Je veux écrire ça». J’ai écrit plein de nouvelles qui n’étaient que des copies de Ray, mais je me souviens de la première que j’ai inventée au complet, vers l’âge de douze ans, Le filet, une histoire qui raconte les méfaits d’un filet de tennis possédé par le diable.»

«Comme vous voyez, il faut bien commencer quelque part…»

2- Y a-t-il un livre que tu as lu par le passé et qui t’a tellement saisi que la part de Simon Gracq en toi s’est exclamée, comme soufflée: «Dans un futur bientôt la célébrité va me sourire moi aussi la bouche pleine!»

«À part les Jean Ray dont j’ai parlé plus haut, Stephen King a été un véritable choc. Vers treize ans, j’ai lu The Shining et cela a été une révélation. Avant, je ne lisais que des nouvellistes plutôt anciens (Ray, Poe, Seignolle, Lovercracft). Avec King, j’ai découvert que la peur pouvait être moderne, que l’on pouvait créer des scènes plus crues, des dialogues plus contemporains, et surtout qu’on pouvait parler de… sexe!»

Entrevue-Patrick-Senecal-The-Shining

«J’ai donc écrit un premier roman de peur, Vengeance, qui était écrit comme un roman américain traduit en France, mais écrit par un Québécois. Vous imaginez le niveau de langage totalement bâtard? Une sorte d’argot parisien teinté d’anglicismes et de joual… J’ai écrit comme ça jusqu’à dix-huit, dix-neuf ans, avant de comprendre qu’on pouvait écrire de l’horreur et du fantastique en québécois. Le réflexe de colonisé peut être long à disparaître.»

3- Parmi tous tes romans pour adultes, lequel a été l’expérience ultime en terme d’écriture pour l’écrivain en toi et pour quelles raisons?

«Le vide a été le roman le plus difficile à écrire, mais c’est celui donc je suis le plus fier. Je me lançais beaucoup de défis avec cette histoire. Premièrement, c’est un roman choral où les vies de trois individus qui ne se connaissent pas finissent par se mêler. Ensuite, il est écrit de manière totalement antichronologique: tous les chapitres sont dans le désordre (et moi, le fou, je l’ai écrit dans ce désordre!) Mais c’est surtout le thème qui m’inquiétait: un roman qui lance à la face de tout le monde à quel point notre société est vide et insignifiante. J’avais peur de passer pour un artiste méprisant qui, du haut de sa tour d’ivoire, juge les autres.»

«Il y avait aussi le thème du suicide et je craignais que ce roman puisse donner l’impression que j’encourage un tel acte, ce qui n’est pas le cas. Et puis, c’est la première fois que j’écrivais un thriller qui se voulait aussi une sorte de vaste réflexion sociale, et ça, c’est toujours dangereux: un auteur populaire qui décide de «faire réfléchir» son lectorat, ça peut être chiant et totalement manqué. Il y avait aussi un aspect social dans Les 7 jours du Talion, mais Le vide était plus ambitieux, embrassait plus large. Mais au bout du compte, je crois que ça fonctionne, parce que je n’ai pas oublié qu’avant tout, ce livre était un suspense, un polar, et que le côté «réflexion» ne devait pas l’emporter sur l’histoire.»

4- Si Stephen King te cédait le soin d’écrire la suite de l’un de ces grands classiques de l’horreur ou du fantastique, lequel oserais-tu choisir et pourquoi ?

«Premièrement, je refuserais une telle chose, en tout cas, je crois: je me vois mal m’approprier l’imaginaire d’un autre. Mais j’imagine que certains arguments peuvent être convaincants, par exemple les chiffres que l’éditeur inscrit sur le chèque. Imaginons donc que je joue le jeu.»

Entrevue-Patrick-Senecal-Misery-Stephen-King

«Ce ne serait pas Pet Sematary, même si c’est mon préféré. Parce que justement, la fin de ce roman est tellement parfaite que ce serait une grave erreur que de vouloir y ajouter une suite. En fait, je choisirais sans doute Misery. Le personnage principal qui est écrivain (Paul Sheldon) doit être très traumatisé de son expérience et il pourrait être intéressant de voir comment ce traumatisme affecte son imaginaire de créateur.»

5- Ton nouveau roman, intitulé Faims, sortira en magasin le 22 octobre prochain aux éditions Alire. Sans trop nous dévoiler de détails croustillants, peux-tu nous en parler comme si nous étions en formule elevator pitch et qu’on avait, soyons concept!, 13 étages à descendre?

«C’est l’histoire d’une petite ville tranquille et un peu plate, où tout le monde mène des vies sans histoires et s’ennuie vaguement. Un jour, un cirque ambulant arrive et, par ses numéros provocants, pousse les gens à assouvir leurs pulsions secrètes qu’ils nourrissent depuis longtemps. Deux semaines après l’arrivée du cirque, un meurtre est commis en ville et… désolé, nous sommes au rez-de-chaussée et je dois descendre.»

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