«Dans la peau de...» Melyssa Elmer et Elyze Venne-Deshaies de LUNES – Bible urbaine

SortiesDans la peau de

«Dans la peau de…» Melyssa Elmer et Elyze Venne-Deshaies de LUNES

«Dans la peau de…» Melyssa Elmer et Elyze Venne-Deshaies de LUNES

Créer la collaboration

Publié le 5 octobre 2018 par Michelle Paquet

Crédit photo : Photo: François Mackin & Andy Jon

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d'en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur de se glisser dans sa peau, l'espace d'un instant. Cette semaine, nous avons interviewé Melyssa Elmer et Elyze Venne-Deshaies, les organisatrices des soirées multidisciplinaires LUNES.

1. Pouvez-vous nous expliquer brièvement quel est le concept des soirées LUNES, présentées au Quai des Brumes?

Melyssa: «Une fois par mois au Quai des brumes (sauf l’été parce qu’on aime trop ça les parcs), nous invitons une douzaine d’artistes femmes ou non-binaires– musiciennes, auteures, danseuses, DJ, etc. – à créer une performance unique, le temps de quelques pièces, dans une ambiance de style «laboratoire». Règle générale, nous jumelons, semi au hasard, et plutôt instinctivement, deux ou trois artistes qui se connaissent peu ou pas et nous les invitons à se rencontrer quelquefois avant l’évènement afin de monter quelque chose ensemble, sans contrainte réelle.»

«Nous avons aussi reçu des projets existants, mais embryonnaires, ou encore des versions inhabituelles de projets existants. Le concept est large, ben open; nous cherchons principalement à encourager les participantes à sortir de leur zone de confort.»

«Chaque mois, le Freak Haus (DJ Promethea et DJ Fraülein) s’occupe du volet fin de soirée en mettant de la musique et en invitant des DJ invitées pour les accompagner. Nous approchons une artiste visuelle différente pour notre affiche chaque mois. C’est beaucoup de beau monde pour une seule soirée!»

2. Melyssa, Elyze, vous avez toutes les deux des boîtes de production (Side Projects et La Loba, respectivement). Comment cette idée de créer des soirées multidisciplinaires mettant en vedette des femmes et des personnes non binaires vous est venue?

Melyssa: «Elyze et moi, nous nous croisions, depuis quelques années, dans des spectacles, dans des festivals, et, principalement, dans le coin du «triangle» (les bars au coin de Mont-Royal et Saint-Denis).»

«Un soir, très tard, devant le Quai des Brumes, nous avons fait connaissance en faisant fuir des prédateurs qui tournaient autour d’une jeune fille pas mal saoule, avant de la renvoyer dans un taxi.»

«On a discuté de nos sentiments de jeunes femmes en fleur et on a élaboré en quelques minutes le concept de LUNES. On avait envie de travailler ensemble. On était d’accord sur tout, et LUNES est devenue rapidement plus qu’une bonne-idée-su’a-brosse

Elyze: «C’est fou comment la vie fait bien les choses! L’année qui a précédé le lancement des productions de La Loba, j’avais arrêté de faire du booking et je m’étais même retirée de beaucoup de projets musicaux en tant que musicienne. Je me posais ben des questions sur tout ce qui se passait sur la scène musicale. Je trouvais qu’il y avait beaucoup d’inégalités et que les clics étaient du poison.»

«J’ai lancé La Loba en septembre 2017, et la première soirée LUNES s’est déroulée en octobre 2017. C’est très intimement lié pour moi. C’est aussi une question de valeurs. Mel et moi nous nous sommes retrouvées dans nos observations et dans nos constatations. Nous nous sommes dit: «Arrêtons de chialer pis faisons de quoi de positif». LUNES est notre réponse à tout ça. C’est notre manière d’être proactive et de ne pas être la personne gossante dans les travaux d’équipe qui dit que tout est d’la marde, mais qui ne propose rien!»

 
 
 
 
 
View this post on Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

A post shared by LUNES (@lunesmtl) on

3. Ça fait maintenant 1 an que les soirées ont lieu. Quel genre de feedback avez-vous reçu des gens qui y sont passés, soit en tant qu’artiste ou en tant que spectateur?

Melyssa: «Mon Doux Saigneur en a dit: «J’aimerais ça participer, mais je peux pas. Pis c’est ça l’idée» (!)»

«On est tellement touchées d’entendre parler des amitiés qui se sont créées, des collaborations qui se sont poursuivies suite à l’évènement. De jeunes musiciennes qui y montent sur scène pour la première fois et qui prennent confiance. La pression que subissent les femmes prisent dans des boys clubs de musiciens me fait mal. J’espère qu’on arrive à les faire se sentir un peu plus libres de créer, d’explorer et même de se péter la yeule s’il le faut.»

Elyze: «J’ai beaucoup de bon feedback aussi. Entre autres, Francis Baumans m’a confié que c’est grâce à une soirée LUNES qu’il a rencontré Marie Claudel. Il est tombé sous le charme de cette auteure-compositrice-interprète et, maintenant, il est son gérant. C’est beau.»

«Dans les commentaires qu’on reçoit, les gens remarquent par contre qu’il y a toujours plus de femmes dans l’audience que d’hommes. Mel et moi espérons aider à faire tomber les barrières entre les gens. J’aimerais ajouter aussi entre les styles de musique et les domaines artistiques. C’est facile d’être «consanguin» sur la scène musicale montréalaise, haha!»

«Pour faire suite aux propos de Mel sur les boys clubs, nous sommes en 2018, ça n’a plus lieu d’être. C’est assez néfaste comme ça et ça a assez duré. La diversité c’est la clé. Avec LUNES, on souhaite aussi faire découvrir aux gars des artistes qu’ils n’auraient peut-être pas connues autrement.»

«C’est facile de rester dans notre zone de confort pis de rester «entre nous». LUNES n’est pas une soirée féministe. Ce n’est pas ça le branding ni l’intention de ces soirées. Quand il y a un show de musique et qu’on ne voit que des hommes blancs sur la scène, ce n’est pas écrit dans la description de l’évènement «Men’s Night». Je ne vois pas pourquoi quand on fait des shows avec juste des femmes, il faudrait que ce soit systématiquement écrit en néons qui flashent «Girl’s Night» ou «Only Women Tonigh». Alors, les gars, venez donc faire un tour!»

4. Comment abordez-vous cette deuxième année d’événements?

Melyssa: «Avec un peu de crainte, parce qu’on ne sait jamais vraiment plus d’une édition d’avance ce qui arrivera à la prochaine, mais j’ai surtout hâte de rencontrer nos prochaines collaboratrices et de continuer à développer les différents volets possibles du projet. On a trouvé notre formule idéale rendue aux dernières éditions de la première saison. J’ai hâte de la voir continuer à évoluer!»

Elyze: «Avec plus de confiance pour ma part. Nous sommes mieux organisées. Nous avons l’expérience de l’édition de l’an passé. Notre équipe s’est agrandie avec Ève Landry (Les fausses vérités) et Andrea Mercier (Freak Haus, DJ Promethea). Je crois que nous avons une meilleure ligne directrice aussi. C’est évident qu’il y a toujours une part d’inconnu, mais ça fait partie de la beauté de la production d’évènements.»

5. Qu’est-ce que vous souhaiteriez pour le futur de LUNES?

Melyssa: « Je rêve souvent de faire de la tournée! Un peu dans le genre du concept de «Toutes les filles» à l’époque (créé par La Tribu). Ou encore, que les programmateurs de festival mettent la main sur notre liste de participantes et s’en servent pour comprendre que la diversité des genres est plus que possible! Participer davantage à la promotion des projets de nos artistes aussi.»

Elyze: «Avec notre Instagram (@lunesmtl), nous travaillons tranquillement pour le rendre plus interactif. Nous aimerions vraiment le construire comme une banque de références pour aider les participantes dans la promotion de leur art. Peut-être qu’un site web serait une bonne idée.»

«Sans arrêter de faire les soirées au Quai des Brumes, ça pourrait être intéressant de prendre le concept puis de le créer dans différents endroits en formule plus portative. Un peu comme nous l’avons fait dans le cadre du festival SOIR en juin dernier à la Librairie l’Échange sur l’Avenue Mont-Royal. La librairie avait vraiment adoré le concept. Je suis certaine que nous serions capables de faire ça ailleurs, et peut-être même en dehors de Montréal.»

Pour consulter nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début