Devendra Banhart au Métropolis dans le cadre de Montréal en Lumière 2017 – Bible urbaine

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Devendra Banhart au Métropolis dans le cadre de Montréal en Lumière 2017

Devendra Banhart au Métropolis dans le cadre de Montréal en Lumière 2017

Spectacle ludique et public inattentif

Publié le 11 mars 2017 par Michelle Paquet

Crédit photo : Juan Aguado / Getty Images

Avec son dernier album Ape in Pink Marble, l’artiste américain d'origine vénézuélienne Devendra Banhart parcourt les routes depuis quelques mois. Sa tournée s’arrêtait chez nous, hier, à l’occasion du festival Montréal en Lumière. Retour sur une performance empreinte de folie et de beauté, mais que l’on aurait aimé pouvoir mieux apprécier.

Les deux premières parties qui étaient sur place pour réchauffer la foule étaient formées de musiciens de tournée de Devendra Banhart. Le premier, Josiah Steinbrick, claviériste et producteur, a livré une performance d’improvisation expérimentale assez intéressante. Ensuite, c’était au tour du groupe Rogov de tenter de captiver l’audience avec son folk atmosphérique. C’est un Métropolis plein à craquer, bruyant et survolté qui a accueilli Devendra lors de son arrivée sur scène.

Humble, il a fait rapidement signe à la foule de se calmer avant de commencer «Saturday Night», premier single d’Ape in Pink Marble. Les mains jointes devant lui, ou les bras croisés, il semblait garder une certaine distance entre sa personne et le public lors des premières pièces. Avant «Mara», tirée du même album, il a déambulé sur scène, tourné en rond, enfilé sa guitare comme un bouclier et manqué certes d’un peu d’assurance au niveau de la voix, par ailleurs.

Cette impression s’est dissipée rapidement avec «Theme for a Taiwanese Woman in Lime Green», l’une des pièces marquantes de son dernier album. Il a livré le refrain de concert avec la foule qui, jusque-là, l’avait souvent enterré avec ses bavardages incessants. On a enchaîné avec «Good Time Charlie», un morceau joyeux aux paroles irrévérencieuses: «Me and my policeman, pulling over everyone we can. Sometimes I breathalyze, and he gives the DUIs». Devendra en a profité pour se mettre en scène et incarner divers personnages pendant tout le reste du spectacle, ne revenant à lui qu’à l’occasion de petites interactions avec le public ou avec ses musiciens.

«La prochaine est une chanson d’amour, mais elle n’est pas obligée d’être pour quelqu’un d’autre, elle peut être pour vous. Pour les milliards d’organismes qui vous forment», a-t-il lancé avant «Jon Lends a Hand». Si, sur l’album elle reste assez calme, en spectacle elle prend de l’ampleur et se gorge de l’énergie des musiciens pour devenir une pièce plus vive et dansante.

En plus de ceux figurant sur Ape in Pink Marble, Devendra a joué quelques morceaux tirés de ses albums précédents, notamment Mala (2013) et What Will We Be (2009). Il nous a offert aussi deux pièces magnifiques chantées en espagnol, le tout livré avec une sensibilité déconcertante. C’est dans ces moments doux et précieux que Devendra Banhart montre toute l’étendue de son talent.

Ceux qui étaient hier soir n’auront malheureusement pas eu la chance de l’apprécier à sa juste valeur, puisqu’on perdait constamment sa voix sous les discussions de la foule lors des pièces plus tranquilles. La dernière partie du spectacle était d’ailleurs ponctuée par un tempo plus rapide et une présence sur scène ludique. Setlist régulière, ou une réaction au public présent?

«Shabop Shalom», une ode aux amours d’adolescents, a marqué cette transition. Une longue intro narrée par le batteur du groupe a laissé place à des accords digne d’un bal de finissant des années 1950 qui, bizarrement, se mariaient bien à la voix de Devendra. Il a enchaîné ensuite avec «Seahorse» et «Long Haired Child», des morceaux plus rock, avant d’aller à fond dans la théâtralité avec un «Fancy Man» maniéré et loufoque. La soirée s’est terminée avec «Foolin’», tirée de son album de 2009, What Will We Be.

On est ressorti du Métropolis avec une forte envie de revoir Devendra Banhart, mais possiblement dans une autre salle, avec un public plus attentif.

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