«Eugène Onéguine» de Tchaïkovski à l’Opéra de Montréal – Bible urbaine

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«Eugène Onéguine» de Tchaïkovski à l’Opéra de Montréal

«Eugène Onéguine» de Tchaïkovski à l’Opéra de Montréal

Une oeuvre lyrique tragiquement sincère

Publié le 18 septembre 2019 par Valérie D'Auteuil

Crédit photo : Yves Renaud

Si l’on en croit le célèbre compositeur russe Tchaïkovski, Eugène Onéguine n’est pas un simple opéra: il s’agit de «scènes lyriques». Adapté du roman en vers de Pouchkine du même titre, paru chapitre après chapitre entre 1825 et 1832, le récit du jeune dandy de Saint-Pétersbourg continue d’émouvoir les spectateurs depuis sa première représentation à Moscou en 1879. Les Montréalais peuvent, quant à eux, assister à ce spectacle d’une magnifique ampleur jusqu’au 22 septembre prochain.

La nouvelle saison de l’Opéra de Montréal s’ouvre avec une œuvre riche en émotions. La musique dramatique de Tchaïkovski et les vers sublimes de Pouchkine nous transportent immédiatement dans la Russie du 18e siècle où jalousie, pouvoir et amours s’entre-déchirent, dans une mise en scène de Tomer Zvulun.

Les personnage principaux, Onéguine et Tatiana, sont campés par un couple de chanteurs très en vue, le baryton québécois Étienne Dupuis et la soprano australienne Nicole Car. C’est d’ailleurs dans une production de la même pièce que les deux époux se sont rencontrés en 2015 à Berlin.

Une intrigue à la fois simple et dense

Dans cette œuvre qui incarne la sensibilité du romantisme russe, le développement de la psychologie des personnages constitue le cœur des évènements. Le jeune Eugène Onéguine est l’objet des désirs de la belle Tatiana et, quand cette dernière se décide à lui avouer son amour, elle est rejetée par le jeune homme. Irrité par les commérages, et croyant son ami Lenski responsable, Onéguine décide de se venger en courtisant ouvertement sa fiancée, nulle autre qu’Olga, la sœur de Tatiana.

Un duel nourri par la jalousie de Lenski s’ensuit, et Onéguine en sort vainqueur. Des années plus tard, réalisant ses véritables sentiments pour Tatiana, Onéguine lui avoue son amour, pour être finalement rejeté par la jeune femme. Cette dernière aime toujours Onéguine, mais désormais mariée, elle choisit de rester fidèle à son époux. Voué à une vie de solitude, il s’effondre de désespoir.

Une harmonie émouvante

Le génie de Tchaïkovski arrive certainement à nous faire entendre ce que les personnages ne disent pas sur scène. Comme l’action se fait subtile dans l’œuvre, le spectateur doit compter sur la musique afin de vivre le récit, et celle-ci est en effet d’une rare intensité, représentant les émotions des personnages à la quasi-perfection.

L’orchestre, dirigé par Guillaume Tourniaire, a donné une prestation impeccable dans la fosse de la salle Wilfrid-Pelletier, particulièrement durant la première scène où une danse champêtre est exécutée par une troupe de paysans.  

Minimalisme classique

Les décors, minimaux et efficaces, laissent toute la place à la distribution enflammée. Les chanteurs dans leurs costumes d’époque sont également ravissants. Quel plaisir de véritablement se sentir transporté ailleurs le temps d’un spectacle! Il faut aussi remercier pour cela la chimie indéniable entre les protagonistes et le niveau de professionnalisme spectaculaire de l’ensemble de la distribution.

Soulignons aussi les effets de scène, qui mettent en valeur les aspects psychologiques du récit: l’altercation entre Lenski et Onéguine se passe, alors que le reste des personnages sur scène sont immobiles. On croit ainsi avoir un accès privilégié aux émotions des deux jeunes hommes. La scène où Tatiana rédige sa lettre d’amour à Onéguine était aussi très touchante avec ses jeux de voiles et de rideaux tout en transparence et en douceur.

Une sincérité contagieuse

Eugène Onéguine est véritablement un classique qu’il faut aller voir. Si ce n’est pour les mots de Pouchkine mis en musique par Tchaïkovski, alors pour les performances des chanteurs d’une beauté sans mots. On y va également pour la rareté du passage à Montréal d’une pièce si musicalement majestueuse.

Difficile d’en sortir sans avoir le cœur meurtri par toute cette sincérité romantique.  

L'opéra «Eugène Onéguine» en images

Par Yves Renaud

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