«Kurios - Cabinet des curiosités» du Cirque du Soleil – Bible urbaine

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«Kurios – Cabinet des curiosités» du Cirque du Soleil

«Kurios – Cabinet des curiosités» du Cirque du Soleil

La belle parure

Publié le 2 mai 2014 par Jim Chartrand

Crédit photo : Martin Girard

Avec Kurios - Cabinet des curiosités, la 35e production du Cirque du Soleil depuis 1984, tout est une question d'apparence et pour ce qui est de plaire au regard, les artistes et concepteurs y parviennent avec brio grâce à des tableaux d'une beauté inventive et renversante. Dommage toutefois qu'au-delà des merveilles, il manque ici et là d'étincelles pour renforcer le spectacle qui manque, au final, un peu de profondeur.

C’était soir de grande première jeudi au Vieux-Port de Montréal et un rassemblement important de célébrités québécoises et de médias étaient réunis pour en avoir plein les yeux, les oreilles et… la bouche! Si plusieurs créatures défilaient ça et là (et même directement sur le chapiteau à l’extérieur!), plusieurs bouchées et apéritifs étaient servis pour rassasier les nombreux invités, de quoi apaiser la hâte face à ce qui pouvait attendre le public à l’intérieur du grand chapiteau. Après tout, avec le Cirque du Soleil, on ne sait jamais dans quelle aventure on s’embarque!

Comme la première impression est souvent la plus importante, il était difficile de cacher sa surprise face à la très jolie scène conçue et aménagée pour l’occasion. Aussi, grâce à des détails subtils, des motifs intrigants et des formes saugrenues créés en collaboration étroite entre l’imagination du metteur en scène Michel Laprise et de ses concepteurs Philippe Guillotel et Stéphane Roy, on joue avec notre regard et notre perception pour mieux nous attirer, tout en tentant de nous offrir du déjà-vu de façon inattendue.

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En effet, à quelques exceptions près, il n’y avait rien de révolutionnaire dans les numéros qui ont été présentés devant public, tout l’art réside dans la façon qu’ils sont exécutés. Ainsi, un simple numéro avec un vélo évolue selon les exigences d’un trapéziste, alors que la discipline s’élève dans le haut des airs, tandis qu’un numéro d’équilibriste sur chaises prend un tournant inattendu dans un ingénieux jeu d’effet miroir où il faut décidément le voir pour le croire!

Parmi les autres points forts du spectacle, on peut noter les quatre contorsionnistes russes qui exécutaient des positions inimaginables avec une vitesse inouïe sur une main géante magnifiquement conçue, un engageant numéro de filet rebond qui est certain de satisfaire un large public et, bien sûr, l’immanquable numéro de Rola Bola, qui fait stopper les coeurs à tout coup, au moment où James Gonzalez défie les lois de l’équilibre et de la gravité avec une aisance phénoménale.

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Pour le reste, on regrette que le rythme de croisière soit souvent brisé. Bien qu’on apprécie l’aura des très beaux personnages principaux tels qu’Ekaterina Pirogovskaya en Klara, qui fait penser à une Catherine Frot excentrique, ou la miniature Antanina Satsura, qu’il est impossible de quitter des yeux, mis à part un numéro de doigts d’une poésie remarquable, ceux-ci étant trop souvent sous-utilisés. À l’exception bien sûr du clown de service qui, malgré son immense dévotion à se donner de tout son corps, prend malheureusement trop de temps sur scène pour la pertinence de ses interventions. Dans un numéro conçu par Michel Courtemanche, David-Alexandre Després – un clown bien de chez nous – multiplie les mimiques puis les expressions physiques et faciales pour imiter de nombreux animaux, notamment un chat avec un réalisme des plus convaincants, avant que le tout s’étire inutilement.

Bien qu’on salue l’électro-swing très rassembleur de Raphaël Beau et Bob & Bill, on se perd un peu dans les méandres de ce grand cabinet qui manque cruellement d’une ligne directrice et narrative pour mieux nous diriger. Figées à 11:11 (la prémisse du spectacle), les choses vont et viennent sans grande cohérence, ce qui déçoit dans un environnement a priori fortement théâtral. À ce titre, l’achat du magnifique programme souvenir est en soi pratiquement essentiel, puisqu’il permet de mieux comprendre à la fois la démarche créatrice, mais également scénaristique du beau projet de Michel Laprise.

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Ainsi, à l’image de son surprenant numéro final de Banquine, lequel n’est pas nécessairement le plus impressionnant, mais certainement le plus audacieusement chorégraphié!, alternant entre le numéro semi-dansant et semi-acrobatique, Kurios – Cabinet des curiosités demeure un spectacle festif et rassembleur, d’une beauté magistrale et indéniable, certes, mais qui manque un peu de coeur et de profondeur, comme on s’attend habituellement à retrouver dans les spectacles du Cirque du Soleil.

«Kurios – Cabinet des curiosités» continue ses représentations dans le Vieux-Port de Montréal jusqu’au 13 juillet prochain avant de prendre l’affiche à Québec et un peu partout à travers le monde.

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