Le Festival du Film Coréen au Canada: lumière sur les réalisatrices coréennes – Bible urbaine

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Le Festival du Film Coréen au Canada: lumière sur les réalisatrices coréennes

Le Festival du Film Coréen au Canada: lumière sur les réalisatrices coréennes

Une rétrospective sur la place des femmes dans l’industrie du cinéma en Corée du Sud

Publié le 25 novembre 2020 par André-Anne Côté

Crédit photo : Festival du Film Coréen au Canada (affiche du documentaire «I'll Be Seeing Her» 황홀경 de So-young Kim)

Les deux films d’ouverture du Festival du Film Coréen au Canada, Lucky Chan-sil 찬실이는 복도 많지et I'll Be Seeing Her 황홀경 proposent une rétrospective sur la place des femmes dans l’industrie du cinéma en Corée du Sud depuis les années 1950.

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Après le franc succès du film Parasite de Bong Joon-Ho, le Festival du Film Coréen au Canada (FFCC) permet aux cinéphiles de découvrir une autre facette du cinéma coréen: celle des femmes. La 7e édition du festival propose au total vingt-deux films et œuvres d’art médiatiques réalisés par des cinéastes venues de Corée, du Canada et du Royaume-Uni.

Disponible jusqu’au 30 novembre pour la modique somme de 9,50 $, le festival en format virtuel présente des récits fascinants au-delà des frontières prescrites par le cinéma traditionnel en Corée. Cette année, l’organisation du festival a même ajouté une nouvelle section intitulée «ART-Talks», dans laquelle douze professionnels du cinéma et des médias parlent de leur démarche artistique de façon intime.

Anthologie du cinéma des femmes coréennes

D’une durée de soixante minutes, le premier film d’ouverture I’ll Be Seeing Her: Women in Korean Cinema (2003) de So-young Kim est un documentaire concis et informatif qui se regarde aisément. Composé d’archives riches et bien documentées, il met en lumière la contribution des réalisatrices, dont certaines Canadiennes d’origine coréenne, au cinéma coréen entre 1950 et le début des années 2000.

En alternance, on donne également la voix à des femmes de tout âge en interrogeant autant des actrices que des vendeuses de street-food. Oscillant entre la figure du monstre et celle de la déesse, la femme coréenne a suscité des réactions controversées à chacune des époques. Souvent assignée à des rôles passifs secondaires, cette dernière a graduellement pris du pouvoir sur les écrans en incarnant des mères monoparentales indépendantes ou des ouvrières en grève.

Au final, j’ai pris conscience que le cinéma coréen est fondamentalement politique, puisqu’il est le produit des évènements marquants de l’histoire de la nation. Que ce soit l’occupation japonaise ou la guerre de Corée, le cinéma coréen moderne a seulement pu se définir après ces périodes de bouleversement dans les années 60. De fait, la difficulté des femmes à percer au grand écran provient, en partie, de ces changements historiques de la nation.

Féminisme et modernité

Basé sur sa propre expérience, Cho-hee Kim (2019) raconte les péripéties de Chan-sil, une réalisatrice indépendante qui se retrouve au chômage suite à un évènement tragique qu’elle a vécu. Contre son gré, elle accepte un travail de domestique chez une amie actrice. Durant cette période de remise en question, elle fait la rencontre de femmes de différentes générations qui l’amènent à assumer son identité et sa réelle passion.

J’ai beaucoup aimé côtoyer différentes générations de femmes à l’écran. Peu importe leur âge, je me rends compte qu’elles vivent des pressions de la société conservatrice, que ce soit la nécessité de se marier, d’enfanter ou de rester jeune. Ce qui les unit c’est leur solidarité et la volonté d’affirmer leur indépendance.

Dans la période contemporaine, la difficulté des femmes au cinéma semble provenir des normes traditionnelles, mais surtout de la précarité du milieu artistique.

Au final, le Festival du Film Coréen au Canada m’a permis d’apprécier ce cinéma étranger, non seulement pour sa dimension politique, mais aussi pour son esthétisme. À l’avenir, j’espère qu’un nombre croissant de films coréens seront exportés à l’international, sans toutefois qu’ils perdent au passage leur identité singulière.

En plus de ces deux longs métrages, je compte également visionner le court documentaire Breathing Underwater (2016) de Hee-young Koh, qui retrace, pendant sept ans, les expériences personnelles de quatre haenyeo («femmes plongeuses») à Udo et sur l’île de Jeju. Un réel plongeon dans la tradition coréenne!

Pour obtenir plus d’information sur le Festival du Film Coréen au Canada, vous pouvez visiter leur site officiel et leur page Facebook.  Tous les bénéfices de la vente des billets seront reversés à des organisations artistiques et cinématographiques de femmes au Québec et en Corée afin de soutenir les artistes durant la pandémie.

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