Les adieux du jazzman Oliver Jones à la Maison symphonique de Montréal – Bible urbaine

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Les adieux du jazzman Oliver Jones à la Maison symphonique de Montréal

Les adieux du jazzman Oliver Jones à la Maison symphonique de Montréal

L’histoire du jazz entre de bonnes mains

Publié le 8 juillet 2016 par Marie-Hélène Proulx

Crédit photo : Mathieu Pothier

Une page du monde du jazz s’est tournée, hier, alors qu’Oliver Jones, une des plus grandes icônes du jazz de Montréal et d’ailleurs faisait parcourir à ses doigts leur dernier tour de piste, devant public, sur le clavier de son grand piano noir. Mais il s’agissait quand même d’une première: celui qui fut d’abord un jeune interprète dans les cafés entourant la Petite Bourgogne, puis accompagnateur de Charles Biddles, pianiste officiel du Biddle's jazz-bar et qui participe au Festival de jazz depuis 1981, montait sur la première fois sur les planches de la prestigieuse maison symphonique, avec, en seconde partie, l’Orchestre national de Jazz de Montréal : un signe de la place toujours grandissante de ce style musical dans la culture montréalaise et du rôle fondateur qu’a pu y tenir le leader du Olivers Jones Trio.

Le présentateur de la soirée mentionnait même, en guise d’introduction, qu’il a reçu au moins autant de Félix que Céline Dion. Mais à partir de là, s’en sera presque fini du culte de la personnalité: l’artiste, entouré de ses deux compères, s’installera au piano… dos à son public, pour reprendre une dernière fois les créations et interprétation qui ont fait sa gloire. Cet homme, forgé d’un fabuleux mélange de rigueur, de chaleur humaine et de simplicité n’entend pas nécessairement surprendre, mais émerveiller une dernière fois ceux qui l’ont suivi.

Et si le grand Oliver Jones se retourne, de temps en temps, c’est avant tout pour remercier ses proches, ainsi que les artistes qui l’ont inspiré comme Oscar Peterson et George Gershwin, dont il interprétera quelques compositions. Ses doigts se promènent d’ailleurs aussi allègrement à travers les siècles que d’un bout à l’autre du clavier. Bien sûr, ses œuvres aussi seront au programme, mais on s’étonne, en ce grand moment du Jazz, de retrouver à ce point l’accompagnateur et l’interprète à la formation classique bien sentie.

Une part de sa reconnaissance s’adresse à Jim Doxas, son percussionniste, et Éric Lagacé, à la contrebasse, qui semblent avoir contribué à rendre sa dernière décennie plus harmonieuse… et à animer la scène, car ses deux accompagnateurs sont loin de constituer une «majorité silencieuse». Par ses expressions et sa manière audacieuse de relancer Oliver, Lagacé contribue grandement à la présence scénique. Doxas, plus discret, mais visiblement à son aise fait également preuve d’un talent remarquable. L’artiste a su d’ailleurs donner à chacun l’occasion de briller. Par cette joyeuse souplesse, Oliver Jones démontre qu’il sait faire place au talent, mais surtout qu’il est un gars d’équipe, au point où l’on commence même à se demander si la scène n’est pas un peu grande pour savourer pleinement cette intimité.

Mais la seconde partie tranche avec cette ambiance. Oliver Jones se retrouve plongé dans près d’une vingtaine de musiciens… mais pas tout de suite: l’orchestre présente d’abord deux de leur composition sans lui. D’accord, malgré son jeune âge (4 ans d’existence) l’orchestre a déjà su d’affirmer par la splendide mise en valeur de ses cuivres et ses rythmes bien sentis. Il semble même promis à un bel avenir, mais assurément pas pour la finesse de son approche. On y entendra bien quelques passages où le piano de l’artiste prend les devants, en alternance avec les saxophones et même quelques-unes de ses compositions, mais on y fera nettement plus appel à son aptitude à accompagner le tempo qu’à le mener. Un solo permettra que public de prendre la pause nostalgique qu’il attendît tant. Ses mots nous ont manqué aussi, d’autant plus que ceux de la chef d’orchestre Christine Jensen sont encore maladroits.

Mais cela n’a pas empêché le grand monument de la musique de conclure en souriant et tout en douceur pour recueillir son lot d’ovations. Ce n’est pas après soixante-seize ans de vie de scène que l’on doit apprendre que «the show must go on».

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Par Mathieu Pothier

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