Performance à bout de souffle pour Sylvie Cotton dans «Le Jour se lève(r)e» à l'Agora de la danse – Bible urbaine

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Performance à bout de souffle pour Sylvie Cotton dans «Le Jour se lève(r)e» à l’Agora de la danse

Performance à bout de souffle pour Sylvie Cotton dans «Le Jour se lève(r)e» à l’Agora de la danse

Avec sincérité et maîtrise

Publié le 4 octobre 2017 par Élise Boileau

Crédit photo : Frédéric Lavoie

Deux ventilateurs soufflent sur des rubans rouges envolés. Un paysage de forêt est projeté sur le fond de scène. Les oiseaux pépient au loin, les spectateurs chuchotent en s’asseyant sur les coussins disposés au sol de l’espace Florence Junca-Adenot. L’Agora de la danse accueille, en ce début de saison, l’artiste Sylvie Cotton pour son plus récent projet Le Jour se lèv(r)e, présenté jusqu'au 5 octobre 2017.

Artiste plasticienne, Sylvie Cotton met en scène un ramassis de petites formes enchaînées. Projection visuelle de la danseuse Anne Plamondon, costumes confectionnés maison, accessoires, trame sonore, jeux d’éclairages, l’artiste aura travaillé avec minutie sur tous les plans. Rien n’est laissé au hasard. D’ailleurs, tout est très lent, très contrôlé, presque chirurgical.

La métaphore du lever du jour permet à la créatrice et interprète de juxtaposer différentes images. Outil de composition ou réel sujet de recherche?

Au cœur de la pièce, Sylvie Cotton semble explorer sa connexion particulière avec la nature. Esthétiquement, la projection vidéo – un soleil en mouvement ainsi qu’une prise de vue en forêt – permet à l’artiste d’ancrer son corps et son propos dans un contexte assez clair.

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Davantage en sous-texte, Sylvie Cotton aborde la féminité, sa dualité, sa sexualité, sa pudeur et sa maternité. Mais tout ça… ce sont des réflexions d’après-shows. Pour trouver du sens, sans doute. On voudrait vivre une expérience sensorielle – car la matière physique tend vers cela (mouvement inné, profond et lent, yeux fermés) – mais la boîte noire semble avoir contraint l’artiste à rester assez loin de nous. Pourtant, Sylvie Cotton a pris un long temps pour regarder un à un chacun des spectateurs éclairés en début de pièce.

Il faut toutefois noter la beauté de la performance d’Anne Plamondon, qui donne finalement de quoi se mettre sous la dent physiquement. La recherche est pointue, de dos en position d’insecte, le corps est ancré dans le bois. On apprécie le rythme des omoplates, la sculpture musculaire du dos, la transformation animale des bras, puis le regard puissant et sauvage sur la fin.

Malheureusement, le dialogue proposé avec Sylvie Cotton est déséquilibré tant la projection est forte par rapport au reste. La plateforme de l’interprète reste dans l’ombre.

Le Jour se lèv(r)e offre une performance incarnée par l’interprète avec sincérité et maîtrise, mais à bout de souffle en matière d’abandon et de profondeur dans la composition.

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