Un récital tout Chopin par Charles Richard-Hamelin au Théâtre Outremont

Bien que le pianiste ait remporté le prix de l’album de musique classique de l’année au dernier gala de l’ADISQ, soulignant la qualité de son travail, une magie différente s’opère lorsque le musicien livre ses performances en direct sur scène et que l’on voit tout son corps s’investir dans l’interprétation des œuvres.

Le pianiste lanaudois Charles Richard-Hamelin a interprété les œuvres de bon nombre de compositeurs, de Haendel à Brahms, et de Beethoven à Debussy. Toutefois, Frédéric Chopin reste son compositeur de prédilection et celui qui l’a fait connaître à un plus large public. En 2015, lors du Concours international de piano Frédéric-Chopin à Varsovie, Richard-Hamelin remporte la médaille d’argent et le prix Krystian Zimerman pour la meilleure interprétation de la Sonate no. 3 en si mineur, op. 58. Depuis, les contrats se multiplient pour lui, l’amenant à jouer du piano dans les plus belles salles de concert du monde.

Il n’y a pas à dire, Charles Richard-Hamelin est un musicien comme on en rencontre peu. Intègre, passionné et incontestablement virtuose. Loin de simplement faire entendre les compositions déjà magnifiques de Frédéric Chopin, le jeune pianiste de 27 ans s’approprie la musique du compositeur polonais pour en offrir une interprétation très personnelle. Il s’agit d’un rare talent que de réussir à personnaliser son interprétation des œuvres canoniques du répertoire sans en perdre l’essence.

La sonate no. 3, qui clôt la soirée, suffit à elle seule à démontrer l’immense talent du pianiste. Alors que les deux premiers mouvements démontrent que la technique du pianiste est irréprochable, le troisième mouvement, plus lyrique, lui permet de mettre en relief la finesse de sa sensibilité. La variété de nuances entre la fougue de ses fortissimos et la délicatesse de ses pianissimos donne l’impression qu’aucun répertoire n’est à son épreuve.

Si la musique de Chopin semble simple et mélodieuse, Richard-Hamelin montre à quel point les contrepoints qu’elle présente sont sophistiqués. La précision avec laquelle ses doigts enchaînent les accords et les arpèges est impressionnante et fait entrer le public dans une transe dont il est difficile de s’extirper. Seul avec son piano et avare de commentaires sur la composition du programme de son récital, Charles Richard-Hamelin hypnotise les spectateurs pendant les deux heures que dure le spectacle.