Tina-Ève à la Salle Claude-Léveillée de la Place des Arts – Bible urbaine

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Tina-Ève à la Salle Claude-Léveillée de la Place des Arts

Tina-Ève à la Salle Claude-Léveillée de la Place des Arts

L'espoir, comme une bouée

Publié le 12 mars 2016 par Éric Dumais

Crédit photo : Danielle Plourde

La petite fille de cinq ans qui avait foulé, à une certaine époque, les planches de la Cinquième Salle était fébrile et nostalgique, vendredi soir, puisqu'elle présentait, vingt ans plus tard, les chansons de son album Dompter la bête devant une Salle Claude-Léveillée voisine et remplie d'un public attentif et enthousiaste en guise d'amorce de sa mini tournée à travers le Québec.

Force est d’admettre que les gens étaient au rendez-vous pour cette première date à l’agenda de l’auteure-compositrice-interprète francophone Tina-Ève, révélée au grand public à l’occasion des week-ends de la chanson Québecor, série découvertes (SACEF). Et c’est dans cette optique que l’on s’est nous-mêmes rendu à la Place des Arts ce soir-là: dans le but de découvrir et d’accueillir en chair et en os toute l’intensité et l’émotivité que l’on peut ressentir à l’écoute des pièces de son premier album, sorti en avril dernier.

À la vue du spectateur s’offrait un décor ultra minimaliste qui reconstituait l’univers d’une petite fille au coeur gros, visiblement blessée et un brin amère par l’amour et ses multiples travers. Près d’elle, et à l’avant-scène, trônait sur un tabouret de bois une poupée qui symbolise, en quelque sorte, l’état d’esprit de Tina-Ève«À l’intérieur de moi, il y a une petite bête, une poupée cabossée», a-t-elle confiée à un moment du spectacle, cet objet chéri (qu’elle a même comparé à Chucky!) caractérisant ses démons intérieurs que l’artiste tente de dompter depuis des années.

Avec cette écriture personnelle et incisive qui caractérise Dompter la bête, Tina-Ève a transporté son public au creux de son coeur, là où l’on devine une fissure forgée par la mélancolie, la colère, l’amertume. À l’écoute de «Fais moi croire», la pièce inaugurale, de «Pitou Piteux» et de «Dans l’Saint-Laurent de tes faiblesses», lesquelles ont marqué la suite de la traversée, le public s’est laissé bercer par le timbre de sa voix, marqué d’une série de frustrations (cet album est sans contredit un exutoire) qui, aujourd’hui, ont laissé place à un sentiment nouveau: l’espoir.

Et c’est sur cette note plus joyeuse qu’elle a choisi de clôturer sa prestation en offrant un hommage à Benjamin Biolay avec «L’espoir fait vivre», une pièce rock qui changeait des ballades pop-rock plus lourdes émotivement.

Tina-Ève a la chance d’être entourée, pour cette mini tournée prévue jusqu’à la fin avril, de «musiciens de qualité et d’expérience», dont Yves Desrosiers aux guitares, Gilles Brisebois à la basse, et Ange Curcio à la batterie ainsi qu’au tam-tam. Ainsi entourée, la traversée en chansons fut plus convaincante, et c’est en partie grâce à eux qu’elle a réussi à livrer, avec plus d’intensité et d’enrobage, ses compositions.

Si sa reprise de «Si tu n’existais pas» de Joe Dassin ne fut pas pleinement assumée et réussie, son timbre de voix n’étant pas toujours juste (et on sentait même aussi un déséquilibre entre le chant et la musique), d’autres moments furent plus agréables, notamment durant «Aussi ben», «Il pleut» ou encore «Conne comme une princesse».

Ses interactions avec le public nous ont par ailleurs permis de découvrir une Tina-Ève qui, malgré ses textes souvent lourds et hautement chargés en émotions, aime raconter, se confier et faire rire. À deux reprises, au cours de la soirée, elle nous a même fait la lecture, incorporant à son programme musical une séance littéraire sous fond jazzé où elle parlait des difficultés d’être aimée et d’être désirée par l’être cher. Certains passages étaient plus intenses que d’autres, on aurait d’ailleurs pris un peu moins de citations de la femme qui vit un trop-plein de déceptions, car à force de la sentir blessée par l’autre, davantage de lumières que de zones d’ombres nous auraient permis de souffler, nous aussi.

On ne sait pas où sera Tina-Ève demain ni si nous la reverrons sous un jour plus lumineux dans le futur, mais une chose est sûre: elle a réussi à ouvrir un pan de son intimité à son public, chantant pour la plupart du temps avec justesse, avec cette aisance qui témoigne d’un long travail de maîtrise sur soi.

L'événement en photos

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Par Danielle Plourde

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Fais moi croire

2. Pitou Piteux

3. Dans l'St-Laurent de tes faiblesses

4. Vent mauvais

5. Aussi ben (chanson inédite)

6. Et si tu n'existais pas (reprise de Joe Dassin)

7. Besoin de personne (reprise de Véronique Sanson)

8. Il pleut

9. Meeting

10. Texte («Le taureau»)

11. San Francisco

12. Comment gros tu m'aimes

13. Conne comme une princesse

14. Dompter la bête

Rappel

15. Ma vie d'avant

16. L'espoir fait vivre (reprise de Benjamin Biolay)

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