Un artiste unique: Beck à la Place Bell de Laval – Bible urbaine

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Un artiste unique: Beck à la Place Bell de Laval

Un artiste unique: Beck à la Place Bell de Laval

Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel

Publié le 11 juillet 2018 par Édouard Guay

Crédit photo : www.facebook.com/Beck

Le vétéran et ô combien adoré musicien américain Beck était de passage à Laval (et non pas Montréal comme la plupart des artistes à la Place Bell l'appellent) pour nous offrir un spectacle diversifié dont lui seul a le secret. Très cabotin, l'artiste nous a offert une prestation sans filets, tantôt rock, tantôt dansante, tantôt dépouillée à la guitare acoustique. De son propre aveu, l'artiste n'avait pas véritablement de plan de match au cours de la soirée, ce qui a laissé place à des moments improvisés cocasses, mais pas toujours réussis. Il a pris le temps de bien rigoler avec les spectateurs, quitte à parfois en perdre le contrôle. Mais avec Beck, qui fête ses 25 ans de carrière cette année, on doit s'attendre à être déstabilisés un peu!

Parti en quatrième vitesse en interprétant coup sur coup «Devil’s Haircut», «The New Pollution» et une version très funk de «Mixed Bizness» (avec des backvocals très réussis), Beck Hansen a mis d’entrée de jeu les quelque 4000 spectateurs dans sa petite poche, malgré un calibrage sonore parfois douteux et certains moments où les musiciens n’étaient pas toujours bien synchronisés avec lui.

Le visuel très coloré (pour aller de pair avec le récent album de Beck, Colors) était réussi et accompagnait bien le décor, très sobre, où les musiciens et choristes étaient surélevés pour être mis en valeur. Les pièces, volontairement remaniées pour qu’on ne reconnaisse pas d’emblée les premières notes, étaient pour la plupart connues du grand public, qui était d’ailleurs très diversifié. Entre deux classiques, des chansons de Colors venaient se greffer à la proposition. Ainsi, «Up All Night» a mis la table vers l’excellente (et cruellement méconnue) «Nicotine & Gravy», tandis que «Wow» a précédé la très groovy «Qué Onda Guero». 

Très tôt dans le concert, Beck a pris des risques. Ses musiciens l’ayant quitté après la septième pièce, l’artiste, armé de sa guitare acoustique a sollicité les demandes spéciales du public: «I don’t have any plans tonight. Any requests?» Inutile de dire que cette intervention a laissé place à de nombreuses demandes inaudibles, criées toutes en même temps… Un peu chaotique. Tout ça pour finalement être laissé de côté par Beck, qui a pris le temps de converser avec nous et de faire des gags. À n’en point douter, l’artiste, qui n’était pas venu en sol québécois depuis 2014, était heureux de nous retrouver. 

Beck a ressorti plusieurs pièces des boules à mites, notamment «Debra», interprétée sans musiciens, et les premières lignes de «Satan Gave Me A Taco», pour répondre à une pancarte brandie bien haut par un spectateur (mais Beck ne semblait pas vraiment se souvenir du morceau et a rapidement coupé court à la demande).

Ces moments improvisés n’étaient pas toujours réussis, mais on le lui pardonnera, puisqu’il a su rester authentique et nous montrer son côté d’«éternel adolescent». Malgré les imperfections, on remarque vite à quel point Beck Hansen est un artiste unique: il fait ce qu’il veut avec ses morceaux et avec son public! Il a par moments des airs de gourou d’une secte tant sa présence sur scène est magnétique.

Ce long moment inégal s’est conclu par l’interprétation de «Raspberry Beret», en hommage à Prince, où Beck a sollicité la participation du public qui connaissait peu les paroles. Les musiciens ont fini par revenir et le spectacle a repris sa vigueur initiale avec «Go It Alone», très bien rendue sur scène, avec en prime un solo de guitare bien vitaminé!

Moment fort du spectacle: toute la bande de Beck l’a rejoint autour de son micro pour interpréter, en formule intimiste, la pièce «Lost Cause», ce qui a fait le bonheur des amateurs de l’excellent album Sea Change. Ce moment de grâce a été prolongé par l’interprétation de «Blue Moon». 

On est reparti en vitesse de croisière avec «Dreams», le morceau récent le plus connu de Beck, qui a su attirer l’attention de certains enfants dans l’audience (qui, jusqu’alors, n’avaient pas l’air bien vigoureux). Quoi de mieux pour mettre le party dans la place? Cette ambiance de fête s’est poursuivie avec «Girl» et, bien entendu, l’intemporelle «Loser» qui, plus de vingt ans plus tard, rallie encore autant les générations. Le tout s’est conclu avec une véritable décharge électrique, gracieuseté du morceau «E-Pro», qu’on avait remanié en version très noise rock. Le haut niveau de bruit des distorsions sonores du morceau a laissé place à un tonnerre d’applaudissements et d’acclamations pour le rappel… 

Et ce rappel, il fut bien particulier! Après nous avoir balancé «Where It’s At», un autre classique indémodable, Beck nous a présenté ses collaborateurs, un à un, qui ont tous interprété des extraits de classiques rock: «Good Times» de Chic, «Miss You» des Stones, ou «Cars» de Gary Numan. Par la suite, Beck a entamé la pièce «One Foot In The Grave», qu’il a conclue en reprenant pour une deuxième fois «Where It’s At». On aurait peut-être apprécié un autre morceau plutôt que cette pièce reprise deux fois. Le rappel a ainsi été plutôt longuet.

Mais les fans de la première et de la dernière heure n’ont pas semblé incommodés: tous savaient très bien à quel point un spectacle de Beck Hansen est imprévisible, tant pour le meilleur que pour le pire. C’est ce qui le rend si irrésistible: quel autre artiste peut offrir autant de couleurs variées à un concert de 1 h 30?

Et Beck nous remettra ça dès demain au Festival d’été de Québec. Parions que le concert sera quelque peu différent, lui qui offre toujours des prestations au gré de son humeur du moment. Voyons voir à quoi cela ressemblera…

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Devil's Haircut

2. The New Pollution

3. Mixed Bizness

4. Up All Night

5. Nicotine & Gravy

6. Wow

7. Qué Onda Güero

8. Debra

9. Raspberry Beret (Chanson de Prince)

10. Black Tambourine

11. Strange Apparition

12. Colors

13. Earthquake Weather

14. Go It Alone

15. Lost Cause

16. Blue Moon

17. Dreams

18. Girl

19. Loser

20. E-Pro

Rappel

21. Where It's At

22. Medley : Good Times / Miss You / Cars / Once in a Lifetime / In the Air Tonight

23. One Foot In The Grave

24. Where It's At (Reprise)

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