«Dans la peau de...» Véronique Bossé et Jeremy Segal, co-directeurs artistiques du Youtheatre – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Véronique Bossé et Jeremy Segal, co-directeurs artistiques du Youtheatre

«Dans la peau de…» Véronique Bossé et Jeremy Segal, co-directeurs artistiques du Youtheatre

Une vision jeune, dynamique, innovante... et complémentaire!

Publié le 27 septembre 2019 par Éric Dumais

Crédit photo : Elizabeth Delage

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Cette semaine, nous avons interviewé Véronique Bossé et Jeremy Segal, nouvellement co-directeurs artistiques du Youtheatre, pour jaser de leur passion pour le théâtre et des nombreux projets à venir pour l'équipe dans le futur.

Véronique et Jeremy, vous évoluez tous deux dans le milieu de la création théâtrale, avec un bagage professionnel différent, mais complémentaire à la fois. D’où est née votre passion respective pour le théâtre, et de quelle façon la vie vous a-t-elle permis de vous rencontrer?

V. «Le théâtre est une passion que j’ai depuis la petite enfance. Ma mère était responsable d’une garderie familiale lorsque j’étais petite. Déjà, à l’époque, j’organisais des petits spectacles avec les enfants et nous les présentions aux parents le vendredi soir! À 20 ans, j’ai fondé ma propre compagnie de théâtre jeune public, ce qui m’a permis d’entrer en contact avec le milieu du théâtre professionnel. C’est à ce moment-là que j’ai découvert le Youtheatre

«J’y ai travaillé d’abord comme chargée de diffusion des spectacles. Puis j’ai été assistante à la mise en scène pour Michel Lefebvre, le directeur artistique à ce moment-là. Ensuite, j’ai fait un stage de direction artistique à ses côtés. Jeremy a travaillé pour la compagnie, d’abord comme interprète sur le spectacle Tout comme un rêve, et c’est à cette époque que nous nous sommes rencontrés pour la première fois.»

J. «Mon professeur de théâtre à l’école secondaire m’a encouragé à passer une audition pour le spectacle de fin d’année et j’ai refusé parce que je ne me trouvais pas assez cool… J’ai finalement auditionné en secondaire 4 pour Guys and Dolls, et voilà! J’ai découvert tout le processus créatif du théâtre et j’ai eu la piqûre. J’ai ensuite étudié au Dawson College, et c’est après avoir vu le travail du légendaire Robert Wilson que j’ai eu envie d’essayer la mise en scène. J’ai donc fondé ma compagnie de théâtre anglophone, Title 66 Productions, dans laquelle j’ai pu jouer, diriger et me perfectionner comme concepteur.»

«J’ai ensuite été engagé par le Youtheatre pour le spectacle Tout comme un rêve. Je me rappelle que Michel avait demandé à nous rencontrer en 2012, Véronique et moi, pour discuter de nos visions artistiques. C’est la première fois que nous échangions réellement sur ce que pourrait et-ou devait être le théâtre. Ça fait déjà 7 ans!»

Pouvez-vous nous résumer dans vos propres mots l’histoire et la mission de la compagnie Youtheatre, et également expliquer à nos lecteurs en quoi consiste le poste de co-directeur artistique que vous occupez tous les deux?

V. «Le Youtheatre est une compagnie qui existe depuis maintenant 50 ans. Depuis 2008, des spectacles en français sont également créés. Notre mandat est de mettre de l’avant les voix d’artistes canadiens et de les accompagner dans la création d’un théâtre pour jeune public audacieux et ancré dans le 21e siècle.»

«La technologie est un aspect important, autant dans le visuel des spectacles que dans le questionnement initial, et ce, pour le développement de chaque nouveau projet. Comment vivons-nous avec cette omniprésence de la technologie dans nos vies? Quel est l’impact de cette nouvelle réalité sur les jeunes? Et surtout, comment l’intégration de la technologie dans notre société influence-t-elle l’art lui-même?»

J. «Être co-directeur artistique consiste à se partager le travail de direction artistique, c’est-à-dire être responsable de l’identité de la compagnie. À deux, nous choisissons les thématiques des spectacles à venir, nous rencontrons différents artistes multidisciplinaires, nous lisons des textes de jeunes auteurs de la relève…»

«Nous devons créer un nouveau spectacle pour chaque saison afin de répondre à la demande du public scolaire anglophone. Il est donc important de rester très au courant de ce qui se crée à Montréal, mais aussi à l’extérieur du Québec, et même dans le reste du Canada! Pouvoir partager ces différentes tâches et aussi avoir la possibilité de se consulter et de collaborer, c’est un avantage pour nous. De plus, Véronique est issue de la communauté francophone, et moi de la communauté anglophone de Montréal, donc c’est très complémentaire.»

La compagnie anglophone, fondée en 1968, célèbre déjà 50 belles années de création. Avec votre vision à la fois jeune, dynamique et innovante, où souhaitez-vous amener le théâtre dans un futur proche?

J. «Nous voulons ouvrir les portes de notre espace et le rendre plus accessible, afin que les artistes montréalais puissent venir collaborer, se rencontrer et créer des liens entre eux. Nous n’avons pas toutes les réponses, mais nous pensons que si nous posons les bonnes questions, nous pourrons trouver des moyens de nous réunir davantage, de nous encourager, et ainsi mieux définir ensemble une nouvelle forme de théâtre.»

«C’est pourquoi nous sommes en pleine élaboration de deux nouveaux programmes, YouShare et YouCreate. Le premier sera dédié aux artistes émergents et professionnels, afin de les inviter dans la salle de répétition à suivre différents ateliers de formation et de perfectionnement, tout en profitant de l’espace pour créer leur propre projet.»

V. «Le deuxième programme, YouCreate, s’adressera aux jeunes artistes en devenir, des adolescents qui souhaitent être en contact avec le milieu théâtral professionnel. Ils apprendront des techniques d’interprétation, mais surtout ils pourront expérimenter une nouvelle forme de dramaturgie, puisque chaque cours sera accompagné d’une immersion dans le monde technologique.»

J. «Les deux initiatives seront lancées la saison prochaine, en 2020-2021.»

V. «Du côté artistique, nous souhaitons continuer de proposer des spectacles innovants qui poussent les spectateurs à se poser des questions et à provoquer des réflexions profondes sur la société dans laquelle ils vivent. Le Youtheatre est reconnu pour ces spectacles d’avant-garde; il est important pour nous de continuer sur cette voie afin de rester des précurseurs en théâtre jeune public.»

Pour les enfants: «Molecular Futures», un spectacle en création présenté lors de la saison 2020-2021

Travaillez-vous sur une nouvelle création en ce moment?

V. «Nous développons actuellement un premier projet en tant que co-créateurs, qui s’intitule Molecular Futures (c’est un titre de travail). Inspiré d’une histoire personnelle et explorant l’espace du rêve dans un état entre la vie et la mort, le spectacle abordera l’univers de la médecine et de ces avancées technologiques. Des questions plus philosophiques liées à la vie et à la mort seront posées dans cette pièce qui s’adresse aux enfants âgés de 6 à 12 ans. Un très jeune enfant est sous anesthésie, connecté à d’étranges machines. Dort-il? Rêve-t-il? Quel est cet espace entre la vie et la mort?»

J. «L’an passé, j’ai réalisé une installation vidéo qui a été le point de départ de ce spectacle. Le visuel sera hautement poétique. À travers l’optique d’une caméra vidéo microscopique, les mystères de la biologie moléculaire seront mis en images pour permettre aux jeunes spectateurs de vivre un voyage qui mélangera science et art visuel.»

Quels sont les prochains projets artistiques du Youtheatre?

J. «Au printemps 2020, la pièce écrite par Sarah Berthiaume, P@ndora, sera présentée en tournée scolaire. Le texte a été écrit en français par elle-même en 2015 et ensuite traduit en anglais par Nadine Desrochers, pour être produit et présenté au public adolescent anglophone de Montréal.»

Pour les adolescents: le spectacle «P@ndore» de Sarah Berthiaume à voir du 16 mars au 03 avril 2020

V. «C’est d’ailleurs une façon de travailler que nous souhaitons mettre de l’avant pour le futur. Nous voulons vraiment permettre aux artistes des deux communautés linguistiques de Montréal de se rencontrer. Choisir un.e auteur.trice anglophone et approcher des concepteurs.trices francophones pour travailler ensemble sur un même projet, c’est vraiment l’objectif. Créer un pont entre les anglophones et les francophones.»

J. «Aussi, les deux pièces créées dans le cadre du 50e anniversaire de la compagnie la saison dernière sont en cours de traduction. Les deux spectacles seront disponibles en français lors de la saison prochaine. Crossing the Ocean, (Traverser l’Océan en français) est traduit par Guillaume Corbeil, et The Kissing Game (titre en français à venir) par Pénélope Bourque.»

V. «Nous avons tellement de projets en cours, tellement d’idées!»

J. «Oui, effectivement. Vivement la suite!»

Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…

*Cet article a été produit en collaboration avec Youtheatre.

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