«Entrez, nous sommes ouverts»: le Bureau de l'APA se branche à l'Espace Libre – Bible urbaine

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«Entrez, nous sommes ouverts»: le Bureau de l’APA se branche à l’Espace Libre

«Entrez, nous sommes ouverts»: le Bureau de l’APA se branche à l’Espace Libre

Punk is not dead

Publié le 14 janvier 2018 par Léa Coffineau

Crédit photo : Isabel Rancier

Après une programmation remarquée lors du dernier Festival TranAmériques, le Bureau de l'APA revient poser ses valises pleines de câbles, de bébelles, de patentes et d'autres pitons sur la scène de l'Espace Libre. Au menu: une histoire de connexions, de liens et de courant entre les choses et les hommes. Rien que ça.

Pénétrer dans la salle de l’Espace Libre, c’est entrer dans une maison de fous. Une maison aux portes grandes ouvertes qui attire les curieux et les intrépides. Ils sont six sur le plateau, affairés à d’étranges rituels dans un monstrueux bric-à-brac de fils électriques et d’objets non identifiés.

Alors que les spectateurs prennent place, les regards sont immédiatement captivés par un homme (Ludovic Fouquet) qui sautille sans interruption sur une estrade en fond de scène, affublé d’une combinaison moulante délicieusement ridicule. Il y a aussi cette femme-orchestre encagoulée (Julie Cloutier Delorme), chargée de donner le ton à cette soirée, et qui est placée derrière une table recouverte de matériel informatique et de platines.

Les basses de la musique électronique imposent dans les gradins une atmosphère détendue de rave party qui prépare le public à l’expérience qui va suivre. Les portes de la salle se referment, on est coincés là avec ces énergumènes gigotants: autant plonger dans le grand bain avec eux!

Le Bureau de l’APA est de ces collectifs qui n’aiment pas les frontières. Leurs créations sont inclassables: ce n’est ni du théâtre ni du cirque ni un concert. Il ne faut pas y chercher ni un début ni une fin; ni un message universaliste ni une signification cachée uniquement accessible aux plus érudits d’entre nous. Ils sont performeurs, plasticiens, musiciens, inventeurs, et ne se laissent guider que par leurs sensations, leurs idées et leur curiosité. Un peu comme des enfants.

Pour Entrez, nous sommes ouverts, ils ont éventré le monstre électricité et jouent avec ses viscères déballés en vrac sur le plateau. Si j’appuie là, qu’est-ce que ça fait? Et si je branche ça là, qu’est-ce que ça fait? Le théâtre n’est bientôt plus qu’un vaste réseau de circuits complexes qui lient les sensibilités entre elles. Des corps conducteurs, un citron qui chante, des flammes qui dansent en rythme… La poésie de cette nouvelle création n’a rien à envier aux précédentes.

On aimerait pouvoir accorder la même attention à tout ce qui se passe sur scène, mais elle déborde d’idées. Les déplacements constants et le chaos de câbles et d’accessoires en tout genre donne parfois une impression brouillonne d’inachevé, sans compter les tentatives de connexion manquées, noyées dans le grand tout de ce «happening d’expériences aux succès fragiles et aléatoires».

Mais les instants de grâce, l’humour décalé et l’investissement physique des artistes nous ramènent au moment présent. On se dit que des enfants apprécieraient le spectacle. Et puis on regarde autour de nous et il n’y a que des adultes aux yeux qui brillent, charmés par ce cabaret clownesque aux allures de concert punk.

L'événement en photos

Par Isabel Rancier

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