«La fête à Sophie» de Serge Mandeville au Théâtre Prospero – Bible urbaine

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«La fête à Sophie» de Serge Mandeville au Théâtre Prospero

«La fête à Sophie» de Serge Mandeville au Théâtre Prospero

Vivre dans la nuit

Publié le 6 février 2019 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : Daniel Marleau

Il y a longtemps qu’on n’avait pas eu de nouvelles de Serge Mandeville. Celui qui a présenté une première version de La fête à Sophie au festival Dramaturgies en Dialogue, en 2015, travaille sur le texte depuis 2011. Sa pièce précédente, Ailleurs, qui a été présentée en 2008 et en 2010, a vogué de mouture en mouture pendant onze ans. Cet auteur qui prend son temps, adepte de Peter Brooks, aime manifestement la précision, et se charge aussi, pour ce nouvel effort, de la mise en scène.

Claire (Marie-Ève Bertrand), la mère de Sophie (Simone Latour Bellavance), ne travaille plus depuis quelques années; elle vivote dans une stupeur médicamentée constante et se lève à des heures impossibles. Elle a consacré sa jeunesse à travailler soixante heures par semaine dans un petit restaurant, s’assurant que ses enfants ne manquent de rien, mais elle est, ce faisant, complètement passée à côté de leur jeunesse…

L’anniversaire de Sophie, il y a quelques années, a coïncidé avec le suicide de sa sœur Cassandre (Véronique Marchand) et a convaincu sa mère de plutôt la célébrer à Noël pour éviter qu’une date si sombre ne soit marquée par des festivités. Pour la première fois depuis ce tragique évènement, elle tente d’organiser à sa fille un party digne de ce nom, sortant de sa léthargie à la grande surprise du reste de sa famille.

Le mensonge est toujours un puissant ressort dramatique et propulse les rouages de ce drame familial, dont les dialogues ciselés font mouche. Il y a des éléments fort tragiques dans le récit de Mandeville, et l’espoir s’y fait minime – l’humour que nous entrevoyons dans le personnage de surdouée de Sophie est vite estompé par ses découvertes qui lui révèlent de choquantes vérités sur son existence et celle de sa mère.

Le récit esquisse un lien trouble entre les surdoués et les malheureux, parle de suicide et de deuil avec aplomb, et bascule même parfois dans l’horreur psychologique, avec des éléments d’épouvante très intéressants et rarement expérimentés au théâtre.

La relation entre Sophie et sa mère manque toutefois de crédibilité, et la résolution choisie par l’auteur en est une aussi soudaine que difficile à justifier d’un point de vue comportemental.

Il y a cependant de très bons moments, et Frédérick Tremblay offre une performance nuancée dans le rôle des jumeaux Paul et Charles. On retient aussi les multiples apparitions très efficaces du fantôme de Cassandre, dont Véronique Marchand a saisi la douleur et la fragilité, la rendant fort touchante.

«La fête à Sophie» au Théâtre Prospero en images

Par Daniel Marleau

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