«La Mondolia» de Julie Vincent présentée au 1955 rue Fullum – Bible urbaine

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«La Mondolia» de Julie Vincent présentée au 1955 rue Fullum

«La Mondolia» de Julie Vincent présentée au 1955 rue Fullum

Repartir à zéro

Publié le 24 mai 2018 par Véronique Bossé

Crédit photo : Alain Saint-Onge

C'est au rez de chaussée d'un triplex, celui adjacent à l'Espace Libre, qu'il faut se présenter pour assister au spectacle La Mondolia. Étrange sensation que celle de frapper à une porte en sachant que, de l'autre côté, on sera plongé dans un univers théâtral tout à fait différent.

Quand j’ai entendu la rumeur de cette pièce de théâtre présentée dans une maison, j’ai tout de suite été curieuse. C’est un choix artistique audacieux qui peut rapidement tourner au cauchemar. Pour la créatrice Julie Vincent, on sent que c’est plutôt un rêve et une liberté qui s’inscrivent dans une démarche déployée à travers sa compagnie Singulier Pluriel.

C’est étrange de faire partie du petit nombre de spectateurs, vingt en tout, qui s’entassent dans le hall d’entrée d’un grand appartement au moment où une fête se prépare. Nous sommes conviés à la fête d’Antonio, chambreur de la maîtresse de maison, le personnage de Camille, interprétée avec plein de nuances par Liane Boucher.

L’intimité prime et c’est avec surprise qu’on sourit à nos voisins dans le salon et qu’on trinque dans la cuisine avec un petit verre de rhum cubain à la main. L’ambiance est agréable; Camille nous fait sentir comme à la maison, malgré sa fille qui reste cachée dans sa chambre. Jusqu’à ce qu’Anna Magnani, (Ximena Ferrer) sonne à la porte avec, entre les mains, un panier rempli d’objets ayant appartenu à l’ex-mari décédé de Camille. C’est là que ça se complique.

Autant au niveau des liens entre les personnages qu’au niveau des multiples mystères qui s’accumulent, la trame narrative s’amincit et, plus le spectacle avance, moins on s’y retrouve. La fête n’est plus qu’un prétexte pour enterrer les cendres du défunt ex-mari, mort seul en compagnie d’Anna Magnani dans un hôpital situé dans un autre coin du monde, alors que Camille recommençait sa vie à Montréal avec sa fille. Celle-ci finit par se manifester pour nous inviter dans sa chambre où des images d’ours polaires sont projetées sur le mur, lesquelles sont appuyées par des phrases plutôt clichées sur le réchauffement climatique. On se perd dans les détails, mais heureusement, on croise le regard de Liane Boucher et son authenticité redonne du sens au concept.

Inviter les spectateurs dans une maison, voilà une idée fort risquée, mais dans ce cas-ci, c’est surtout sympathique. C’est un peu comme revenir à la base. Des comédiens, un lieu et des spectateurs. Une forme de remise à zéro et certainement un bris des conventions. La mise en scène nous permet de vivre de beaux moments malgré la confusion dramaturgique. Celui dans la chambre à coucher de Camille, où on s’assoit sur le lit, est plein de douceur. Sandra Wong, bruiteuse et chanteuse, n’est jamais bien loin pour soutenir l’émotion et illuminer les moments plus creux.

Chanter «Repartir à zéro» de Joe Bocan, autour d’une table dans une maison inconnue, est un plaisir coupable. On sent l’envie de partager le théâtre d’une façon plus intimiste et surtout plus près du cœur. Comme quoi, à travers toute proposition artistique, c’est toujours l’amour qu’on y met qui trouve le chemin pour se rendre jusqu’aux spectateurs.

«Aller au bout du rêve ne serait-ce qu’un instant
Mais faire durer la trêve et voir se lever le vent.

Repartir a zéro oh, oh…»

«La Mondolia» en photos

Par Alain Saint-Onge

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