«Les Contes à passer le temps» à la Maison Chevalier – Bible urbaine

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«Les Contes à passer le temps» à la Maison Chevalier

«Les Contes à passer le temps» à la Maison Chevalier

Un succès reconduit d’année en année

Publié le 20 décembre 2018 par Maude Rodrigue

Crédit photo : Cath Langlois Photographe

Peu de choses échappent à l’usure du temps. Parmi celles-ci, les Contes à passer le temps font figure d’exceptions. La 8e édition se révèle tout aussi réjouissante que les précédentes. Cette année encore, l’équipe rallie de nombreux talents de la scène de Québec, levant le voile sur des personnages singuliers, sur la faune glapissante et colorée des quartiers de la Capitale-Nationale.

À l’approche de Noël, le Petit Champlain s’est paré de ses plus beaux atours. La fête s’épanouit dans le cœur des spectateurs-rices avant même qu’ils-elles n’aient pénétré dans l’antre de la Maison Chevalier où se tiennent les représentations.

Nombreux-ses étaient celles et ceux qui avaient déjà quelques éditions des Contes à leur actif, selon ce qu’a révélé un sondage éclair mené auprès de l’assistance. Les autres ont été enjoints de s’initier à la formule chaleureuse: sitôt qu’ils eurent franchi le seuil du théâtre, un étalage copieux de desserts et de breuvages chauds leur fut révélé, et on les pria de jeter leur dévolu sur l’un des sièges disposés tout autour de l’espace où se produiraient les acteurs-rices.

Ramener à l’essentiel

En dépit de tout ce qui concourrait à son extinction – nommément: Netflix et consorts –, le lustre du théâtre demeure brillant malgré le passage du temps. Or, s’il rallie toujours de très nombreux-ses adeptes, cela tient sans doute au fait qu’il subvienne à des besoins primaires chez l’être humain: ceux de nous raconter des histoires, et de nous rassembler.

Les Contes à passer le temps réduisent ainsi le théâtre à ses composantes les plus simples, mais néanmoins essentielles. Les costumes, accessoires et décors sont minimalistes, révélant la puissance d’évocation des textes et du jeu des acteurs-rices. Ceux-celles-ci nous émeuvent et suscitent notre admiration en nous livrant des histoires, créant l’effet d’une véritable attisée au creux du cœur.

Notre nature grégaire est d’autant plus interpellée que l’espace restreint de la Maison Chevalier force la création d’une certaine proximité entre les membres de l’assistance. Étant donné la disposition de la salle, ceux-celles-ci ont le loisir de voir l’émotion sur le visage des autres. Les acteurs-rices interpellent d’ailleurs volontiers l’auditoire, faisant abattre le quatrième mur.

Les différents quartiers de Québec mis à l’honneur

Les six histoires sont campées dans les différents quartiers de la Ville de Québec. L’effet est curieux. Certains traits de la ville nous sont familiers, donnant une impression de réalisme. Or, les auteurs-rices sertissent les lieux où nous effectuons nos activités quotidiennes d’éléments empruntés au registre du fantastique, ils peuplent ces quartiers de personnages attachants, tout incongrus qu’ils soient.

La représentation nous transporte ainsi à différents endroits. Outre ceux des quartiers centraux, les créateurs-rices nous mènent parfois sur des terrains glissants, abordant avec nuance des thèmes comme le racisme, le rapport au passé, et les liens familiaux.

Parmi les moments forts de la représentation, Jacques Leblanc, égal à lui-même, campe avec virtuosité un personnage aux accents de l’Ebenezer Scrooge de Dickens, dépeint dans un texte de Sophie Thibault et Maxime Robin. Son charisme est renversant. Quant au texte d’Isabelle Hubert, sa structure est solide, et la chute stupéfie. Il s’inscrit dans une réalité brûlante. En outre, parmi les membres de la distribution, Sarah Villeneuve-Desjardins brille, révélant l’étendue de son talent. À divers moments, le public se réjouit de l’entendre, de même que Valérie Laroche, entonner d’une voix riche des airs familiers.

L’endroit contribue également au succès de l’évènement. Les parois rocheuses de la Maison Chevalier prémunissent l’auditoire contre la rudesse de l’hiver. Les Contes à passer le temps constituent un rendez-vous obligé auquel nous convie la compagnie de la Vierge Folle.

Il n’y a pas à dire: l’évènement clôt l’année théâtrale 2018 en beauté et en lumière.

«Les Contes à passer le temps» en 10 photos

Par Cath Langlois Photographe

  • «Les Contes à passer le temps» à la Maison Chevalier
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