«Les Manchots» au Quat’Sous dans une mise en scène d’Olivier Kemeid – Bible urbaine

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«Les Manchots» au Quat’Sous dans une mise en scène d’Olivier Kemeid

«Les Manchots» au Quat’Sous dans une mise en scène d’Olivier Kemeid

Clameurs et fusillades

Publié le 21 mars 2017 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : David Ospina

Un hôtel. Une révolution. Quatre personnages. Du drame à revendre. Voilà un haletant huis clos écrit et mis en scène par Olivier Kemeid, le directeur artistique du Quat’Sous, qui situe l’action de la pièce dans trois chambres et quelques couloirs, dans un établissement hôtelier dont les fenêtres donnent sur une place où gronde la révolte citoyenne.

Il y a un journaliste radiophonique peureux (Kevin McKoy) qui couvre le conflit sans sortir de sa chambre, et qui Skype constamment avec sa mère; un thug patibulaire (Paul Ahmarani) qui abat des manifestants de sa fenêtre; un père en détresse (Sasha Samar) qui cherche son fils sans vraiment mettre les pieds dehors; et une infirmière (Larissa Corriveau) qui soigne les blessés de tous les clans par pur altruisme.

Paul Ahmarani, dans un intéressant contre-emploi, pâtit ici de sa renommée – il nous est un peu difficile de le trouver crédible en brute. Il nous parle à quelques reprises de «sa cause», sans expliquer réellement de quoi il s’agit. On a aussi rarement vu un sniper utiliser un AK-47, mais c’est un détail.

Kevin McKoy, pour sa part, en fait beaucoup dans la peau du journaliste, mais c’est à travers son personnage que la critique la plus virulente de la pièce arrive: les médias sont-ils toujours objectifs? Sans entrer dans les détails, pour ne rien divulguer aux futurs spectateurs, on a droit à un revirement assez amusant (et aberrant).

Où sont les flics? On fait référence, à quelques reprises dans les dialogues, à des membres de l’escouade antiémeute, mais aucun agent des forces de l’ordre n’est alarmé par les tirs de snipers en provenance de l’hôtel. L’ambiance de crise est pourtant très réussie, avec des coups de feu qui retentissent sans prévenir, et qui nous laissent dans un constant état d’alerte.

On comprend donc aisément que la réalité prenne une autre tournure, et que la violence soit ici beaucoup plus facile à avaler qu’en temps normal.

La mise en scène d’Olivier Kemeid est sobre et efficace, réduisant les déplacements au minimum, nous en révélant beaucoup sur les personnages au fil du récit, avec une économie d’artifices. On ne peut cependant s’empêcher, au final, de trouver qu’avec un synopsis aussi prometteur, il est un peu malheureux de laisser, en fin de compte, plusieurs excellentes pistes malheureusement inexplorées.

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Par David Ospina

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